Technikart

« LA VACHE QUI FAIT MEUH ! »

Passé par les rédactions d’Interactif et Cyberflash, Olivier y détonnait parmi les bénis oui-oui des nouvelles technologi­es. Témoignage de son collègue (et voisin de Moret-sur Loing) Thomas.

- THOMAS CAZALS

Parmi ces nombreuses visions et intuitions, Olivier avait eu celle-ci. Entre 1995 et 1997, alors journalist­e pour l’émission de télévision Cyberflash sur Canal Plus, il était amené à faire des sujets réguliers sur Internet et les nouvelles technologi­es alors émergentes. Un sujet qui ne le passionnai­t pas vraiment mais, le coeur à l’ouvrage, il le faisait bien.

Alors que toute la rédaction était conquise à l’idée de la naissance du village globale, séduite par les success stories des très jeunes startupers, ébahis par les prouesses des hackers et décryptant chaque jour les nouveaux comporteme­nts des participan­ts aux premières communauté­s virtuelles new-age... Olivier regardait toute cette agitation d’un oeil éclairé et amusé.

L’ESPRIT DE RÉVOLUTION

Un jour qu’il était face à son ordinateur en train de massacrer son troisième clavier pour la rédaction d’une voix-off qui devait être enregistré­e un

peu plus tard, il relève la tête et me dit : « Internet, en fait tu sais, c’est comme la vache qui se retourne… » – « La vache qui se retourne... ? » J’avais beau chercher je ne voyais pas trop ce qu’il voulait dire par là. « Mais si tu sais, la boîte que tu prends dans ta main et que tu retournes et qui fait ‘Meuuuuhhh’. » – « Ah oui. Je vois maintenant. La boîte à ‘Meuhhh’... ». Et il se marre. Cette expression m’est longtemps resté à l’esprit. Pendant des années je me suis demandé ce qu’il voulait dire par là. Aujourd’hui en 2020, les utopies joyeuses du début d’Internet, l’esprit de révolution qui soufflait sur la toile ont disparu pour laisser place à une créature monstrueus­e et cynique, boursouflé­e de haines, de fake news et d’égos démesurés. Internet s’est bien retourné et il a fait « Meuuuuuhhh ».

C’est promis : à la prochaine révolution, qui ne saurait tarder, nous penserons très fort à toi Olivier. Et merci pour les sandwichs que tu faisais divinement bien.

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