« NOUS SOMMES TOUS ATTEINT DU SYNDRÔME DE PALO ALTO »
Notre rapport à la technologie est ambigu : cet espèce de consentement tacite « entre plaisir coupable et souffrances » selon
Loïc Hecht, journaliste indépendant, qui nous parle de l’ombre de la Silicon Valley dans son premier roman Le Syndrôme de
Palo Alto, en lice pour le Prix du Livre
Zadig & Voltaire Technikart.
La reconnaissance faciale a été développée dans la Silicon Valley, haut lieu de l’utopie hippie et des idées libertaires. Paradoxal. D’autant plus que ces mêmes idées sont reprises par le grand capitalisme. L’idée du syndrome de Palo Alto, qui dérive de son cousin stokholmois, explique notre rapport d’otage consentant aux GAFAM. Nous haïssons l’idée que ces entreprises de la Silicon Valley se repaissent de nos données, nous abhorrons la relation de toxicomanedealer que nous entretenons avec Facebook, Instagram, Twitter, Tinder, Google, etc., nous nous maudissons d’avoir laissé les iPhone coloniser nos chambres conjugales ou les tables de nos dîners entre amis. Et, en même temps, passées ces considérations qui nous trottent dans la tête à la fin de la journée, nous y retournons avec plaisir, les deux pouces en avant, dès le lendemain matin, parce que c’est un sacré remède contre l’ennui et puis, qu’on le veuille ou non, un certain nombre de ces applications nous facilitent la vie. Le syndrome de Palo Alto, c’est donc cet amalgame de mécanismes complexes qui nourrissent notre rapport tiraillé à la technologie : nous aimerions quitter la technologie mais sommes incapables de nous en passer. La reconnaissance faciale n’échappe pas à ce syndrome.
Le Syndrome de Palo Alto (Éditions Léo Scheer, 400 pages, 21 €)