Technikart

« JE NE REÇOIS PAS TANT DE DICK-PICS QUE ÇA ! »

Oubliez Jean, Matthieu, Luc et les autres… Le nouvel évangile est signé Marie S’Infiltre. Pour son premier livre, l’as de la caméra cachée prêche ardemment les bienfaits de l’Infiltrati­on. Afin de nous y convertir ?

- Par Adèle Chaumette Photo Arnaud Juherian

On t’a connu avec tes vidéos d’infiltrati­on sur Youtube (le défilé Chanel au Grand Palais, le Festival de Cannes, la Gay Pride…). Fallait-il vraiment en faire un livre ?

Marie S’Infiltre : Sympa ! On arrive vers la fin du personnage des vidéos sur internet et j'avais envie de laisser une trace écrite de ce qu'est Marie S'Infiltre et de sa philosophi­e. C'est un peu un livre testament, finalement ! Derrière toutes les conneries que j'ai pu faire, il y a aussi de la réflexion. D'ailleurs, je crois dur comme fer que l'infiltrati­on peut sauver les gens qui vont mal.

Tu te prends pour Mère Theresa ?

Ah ah ! C'est un manuel qu'il faut prendre plutôt au sérieux, le but principal étant de pouvoir sortir de son carcan social et être totalement libre. À partir de ça, je dresse les complexes qu'on a et, pour chaque personne, je donne une solution d'infiltrati­on. Par exemple, quand on se sent plouc, on va pouvoir aller chez les ultra-riches. Quand on se sent moche, on va pouvoir aller à la fashion week, et se rendre compte qu'il y a de la laideur partout. À chaque complexe, l'infiltrati­on qui permet de s'en libérer !

Il y a donc vraiment une volonté d’aider les gens ?

Il faut comprendre que nos complexes existent, ils sont très bien et il ne faut pas essayer de lutter contre ça. En s'infiltrant par la pratique, on va pouvoir en jouir et s'extraire du regard des autres.

Dans quelle mesure ce premier livre est-il autobiogra­phique ?

Ce livre, c'est moi. Il raconte comment j'étais une cassos et mal dans ma peau étant plus jeune. Je me sentais étouffée, ma petite vie de merde m'ennuyait, j'étais toujours dans la performanc­e… Donc j'ai décidé de vivre mille autres vies, sans jugements de moral, juste en kiffant et en acceptant d'être un caméléon ! C'est avec l'infiltrati­on que je me suis libérée, que je me suis éclatée et ça m'a vraiment sauvée.

À quel moment as-tu eu ce déclic ?

C'est en commençant le théâtre. Après, les vidéos, c'est le cas pratique de tout ça. En se tournant au ridicule, les autres aussi et en acceptant les clichés, ceux des autres et les miens.

Et tout a changé pour toi ?

À partir de ce moment-là, j'ai compris que le travail servait juste à kiffer. Maintenant, partir en vacances me donne des boutons et il n'y a pas un jour de la semaine ou je ne bosse pas. Mais c'est pour pouvoir éprouver une joie de tous les moments, que ce soit sur scène, dans les vidéos… C'est trop bien.

Ce premier livre est-il ton coming-out de fille de bonne famille du 16e ?

Ce coming-out, est déjà bien fait avec mon spectacle qui parlait beaucoup de ça. Aujourd'hui, je n'ai plus rien à prouver ni à mon milieu social, ni même à mon public. On sait que Marie S'Infiltre est capable de faire plein de choses. Je pense surtout à la suite, je n'ai surtout pas envie de m'enfermer dans un personnage qui tourne en rond.

Qu’est ce qui te choque ?

En règle générale, le premier degré et l'outrance. En ce moment, ce qui me choque c'est d'accepter tout ce qui se passe par rapport au Covid et tolérer le fait que trois ans de notre vie vont être volés.

Tu as sorti ton premier clip « Culot » le mois dernier…

Quand j'étais sur scène, j'adorais le show et mon spectacle était très intense physiqueme­nt mais aussi esthétique­ment. Parfois, l'humour me mettait dans un truc un peu racoleur avec le public où j'attendais qu'on rit. J'ai l'impression que la musique est un moyen de communicat­ion plus proche de moi, j'ai envie d'en faire, de faire des concerts et surtout ça me permet d'écrire des textes qui me ressemblen­t. Ma deuxième chanson « Couvre-feu » est déjà une évolution par rapport à « Culot » parce qu'il y a plus de paroles, plus de poésie et d'ailleurs on tourne le clip en ce moment ! Je trouve qu'il faut aussi accepter de faire les choses par envie et par bonheur.

Dans ce clip tu te balades nue sur la place de l’Opéra, as-tu reçu des dick-pics suite à ça ?

Je ne reçois pas tant de dick-pics que ça, comme quoi le vrai nu fait peur ! Si ça avait été des trucs un peu sexy, ou je fais des moues, là ça ne fait pas peur parce que ça aurait été pour charmer. Je pense que la vraie femme nue effraie parce que tu ne te dis pas « c'est une fille facile », c'est presque sacré. Après il y a les gens qui disent « elle fait ça pour faire parler d'elle », mais bon on me dit ça sur toutes mes vidéos, donc je suis habituée !

À quand le long-métrage Marie S’Infiltre?

On s'est lancé avec mon associé Maxime dans l'écriture à la fois d'un long métrage et d'une série. La seule chose qui peut m'effrayer avec le film et la série c'est que moi, j'aime travailler très vite, faire du court terme et j'ai peur avec ces projets de rentrer dans un truc long et laborieux… mais c'est un autre travail qu'il va falloir que j'arrive à faire !

 ??  ?? TRENCH TOUCH_
Marie est venue nous voir dans son plus beau Burberry et une tenue qu'on qualifiera­it de minimalist­e.
TRENCH TOUCH_ Marie est venue nous voir dans son plus beau Burberry et une tenue qu'on qualifiera­it de minimalist­e.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France