LES BUKOLIQUES
CÉDRIC MELETTA
DROIT AU BUK. Imagine-t-on Eric Reinhardt écrire sur Charles Bukowski ? Quand on s’attelle au vieux dégueulasse, mieux vaut mettre de côté les minauderies et les préciosités. Dans Les Bukoliques - qui est à la fois une biographie et un essai -, Cédric Meletta fuit le jargon universitaire et l’esprit de sérieux. Empathie, humour, style, anecdotes : son modèle y est aussi bien saisi que ces steaks que Bukowski savait paraît-il cuire comme personne.
Élevé à coups de ceinturon, le futur poète n’eut pas une adolescence plus plaisante que son enfance : de 13 à 15 ans, il est défiguré à vie par l’acné. Où fuir ailleurs que dans la bibine ? Dans la lecture (Dostoïevski, Céline, Pound) et la musique (Sibelius, Mahler, Liszt). On voit Buk’ comme une brute, alors que ce grand sensible n’a cherché toute sa vie que le réconfort – en se prélassant dans des bains brûlants, notamment. Si son cadavre a refroidi, son oeuvre est restée plus que chaude. Il n’est pas désagréable de s’y replonger après avoir lu ce manifeste.
(Le Rocher, 236 p., 18,90 €)