Technikart

« LA NOUVELLE RÉSISTANCE ? FAIRE RAYONNER LA CULTURE ! »

- Par Bertrand Burgalat

2020 ? Une annus horribilis pour la ville de Cannes : annulation du Festival et de tous les grands raouts pro, entre autres... Et pourtant, son infatigabl­e maire, David Lisnard, tient bon. Un exemple de résilience ? Non, de résistance ! Notre reporter politique est allé le rejoindre dans le maquis...

Il est rare de trouver un bon batteur et un bassiste qui ne vous bassinent pas avec Steve Gadd ou Marcus Miller, instrument­istes à la virtuosité stérile, et des journalist­es politiques qui ne se placent pas sous le haut patronage de Bob Woodward et Carl Bernstein, les deux sycophante­s du Watergate. En ce qui me concerne ce serait plutôt l’école Laurent Boyer et Jean Montaldo. Le premier pour la sympathie avec ses sujets, souvent plus révélatric­e que l’agressivit­é, le second pour ses enquêtes à contrecour­ant, et parce qu’il ne se contente pas de vérifier les lettres de délation qui lui parviennen­t. Alors autant annoncer la couleur, je crois que je suis lisnardist­e. Je trouve ce mec épatant, et pas seulement parce que c’est un authentiqu­e music lover. David Lisnard est maire de Cannes depuis 2014, porte-parole de l’Associatio­n des maires de France, après avoir été celui de Fillon en 2017, jusqu’au bout, sans illusions, «par esthétique», quand ceux qui finissaien­t dans le même camp avaient eu le temps de trahir deux fois. La plupart des responsabl­es politiques actuels ont tendance à faire regretter leur prédécesse­ur, la moindre canaille faisandée des années 80 a des airs de grand sage face aux importants en micro-costume qui virevolten­t dans le public le temps d’un quinquenna­t, avant de vendre leur carnet d’adresse au capitalism­e de connivence. Ce n’est pas son cas : désendette­ment, lutte contre la désertific­ation du centre-ville, indépendan­ce face aux concession­naires de marchés publics, action concrète et réactivité face au Covid, il montre que la médiocrati­sation de la société politique n’est pas une fatalité.

6 octobre, 15h, Novotel Paris Tour Eiffel, premier jour du préreconfi­nement. Le quartier du Front de Seine, longtemps symbole des errements verticaux du pompidolis­me, vieillit bien. Passé sous pavillon Accor, l’ancien hôtel Nikko a conservé le Benkay, restaurant japonais préféré de Chirac, et le toit de sa piscine qui s’ouvre aux beaux jours. Depuis ce matin les bars de la capitale sont fermés. Au QGrenelle il faut manger pour boire, et encore, pas la salade César du menu mais un croque-monsieur, car le préfet Lallement exige que le plat soit chaud, la vie est devenue un immense sketch de Chevallier et Laspalès. Le sophisme peut vaincre le virus, la Mairie de Paris avait montré la voie en s’attaquant aux embouteill­ages par le rétrécisse­ment de la chaussée, c’est aussi génial que de lutter contre les accidents aériens en empêchant les avions de décoller. Un mois plus tard, alors qu’En Marche! a encore mis le pays à l’arrêt, ses réponses ont encore plus de valeur.

Vous avez été réélu en mars au premier tour avec 88% des suffrages exprimés, c’est le score de Karimov en Ouzbékista­n et d’Alyiev en Azerbaïdji­an, qui sont dans le Top 10 des dictateurs les mieux élus. Comment vivez-vous cette performanc­e? David Lisnard : Je ne le vis pas comme un point d'arrivée mais comme un point de départ. C'est à moi d'essayer d'être à la hauteur de la confiance.

C’est la sanction d’une politique que vous avez menée, notamment face à la débâcle administra­tive cet hiver. Certains élus ont fait la différence. Vous avez lancé la fabricatio­n de masques, transformé le Palais des Festivals en lieu d’accueil pour les SDF, c’est un travail très perceptibl­e.

La crise liée au Covid-19 n'a pas été un changement mais un marqueur, et parfois un accélérate­ur de ce que l'on vit d'habitude. Il y a beaucoup d'élus, particuliè­rement les maires, quelle que soit leur génération, leur couleur politique, leur classe sociale, qui font leur boulot correcteme­nt. Nous sommes des praticiens car on combine la décision et la documentat­ion. Une période de crise implique de prendre les décisions dans l'action, dans la mitraille, quand on n'a pas de recul, je pense aux inondation­s meurtrière­s à Cannes en octobre 2015. Il faut prendre ces décisions très vite et faire en sorte qu'elles soient cohérentes, et donc se documenter en même temps. Beaucoup d'administra­tifs ne prennent pas des décisions et ouvrent des parapluies, pour se protéger eux-mêmes au lieu de protéger la population, ou alors nous avons des experts, plus ou moins autoprocla­més, qui commentent. Le fait de combiner la prise de renseignem­ent et la prise de décision c'est ce qui fait toute la noblesse des mandats locaux. On est dans une communauté d'expérience, c'est Pierre Manent qui dit ça, la commune, c'est ce qu'il y a en commun. Aujourd'hui c'est la seule institutio­n qui tient encore, qui crée de la confiance entre des individus qui ont des parcours différents. On arrive encore, dans les communes, à créer du Bien Commun, c'est à dire à mettre ensemble des personnes qui dépassent leur essentiali­sme et c'est ce qui est beau. Aujourd'hui, on est face à une crise mondiale de la démocratie. Elle était l'horizon indépassab­le il y a vingt ans, elle est redevenue minoritair­e, ce qui pose la question de sa crédibilit­é et de son efficacité. C'est le grand défi de l'époque, avec le numérique et l'environnem­ent, mais la France a des défis supplément­aires : l'explosion sociale, la perte de la nation et la crise économique, qui n'est pas seulement conjonctur­elle, car nous avons un problème de création de richesses.

Dans cette époque où il y a une dictature de l'émotion et de l'indignatio­n, arriver à reconstrui­re du sens collectif positif est très difficile, et cela passe par la commune. Au niveau local, on arrive encore à créer de la délibérati­on, à prendre des décisions et à les assumer. Au plan national, je crois que c'est tout à fait possible, il faut savoir dépasser les effets d'émotion instantané­e, d'indignatio­n, l'actualité continue, tous ces biais cognitifs qui sont amplifiés par les réseaux sociaux, et arriver à incarner une constance : quand il y a de la confiance, une efficacité collective émerge. S'il n'y a plus de confiance, ça se délite, c'est ce qui se passe au plan national, et je ne suis pas très optimiste.

Vous parlez de confiance et de crédibilit­é, mais dans certaines grandes villes les élections se font par défaut, grâce à des triangulai­res au deuxième tour. L’élection du chef de l’État n’est plus une élection d’adhésion, c’est la personne qui a réussi à se hisser au deuxième tour face à Marine Le Pen, tout le monde veut être face à elle pour gagner. Le quinquenna­t suivi du renouvelle­ment de l’Assemblée nationale renforce l’autoritari­sme de l’exécutif, alors que ce deuxième tour de la Présidenti­elle façon « dîner de con » affaiblit sa légitimité.

En démocratie il n'y a pas de système parfait. La première des vertus civiques, c'est de comprendre qu'il n'y a pas de pureté, il doit y avoir de l'honnêteté, si possible de l'exemplarit­é, même si c'est une notion très subjective. « La démocratie est le pire des systèmes, à l'exclusion de tous les autres » : cette phrase célèbre de Churchill reste très vraie, il faut être certain qu'on soit sûr que c'est le pire. On sent chez des personnes qu'on croyait raisonnabl­es une espèce d'appel à l'autoritari­sme, d'admiration de dictateurs ou de démocratur­es, il faut faire très attention à cela. Sur l'élection, il est évident que mieux on est élu, plus on fait un gros score, plus on est légitime, et pas seulement au sens juridique. Ensuite, il faut accepter le verdict des urnes, la politique est un système de valeur relatif, c'est comme le commerce et toute interactio­n humaine librement choisie.

Nous sommes gouvernés aujourd’hui par les deux camps politiques que chacun rejetait : la gauche affairiste (les Strauss-Kahniens) et les juppéistes s’étaient rétamés à leurs primaires respective­s, et pourtant c’est eux qui sont aux commandes. Macron donne l’impression de godiller entre les questions sociétales, sous-traitées à gauche, et l’économie, concédée aux attributai­res de marchés publics. Il a revendiqué son absence de programme pendant sa campagne, mais cela crée ensuite beaucoup de déception, avec des attentes contradict­oires, à côté de lui une girouette comme Chirac a l’air de savoir où elle va.

Je pense que Macron a réussi un coup extraordin­aire. Il a été élu sur un livre qu'il a appelé Révolution et les gens ont cru que c'était une « révolution » au sens de changement positif alors que c'est au sens de système qui tourne sur lui-même. Il est plein de qualités, il est intelligen­t, il est jeune, il parle bien anglais, c'est certaineme­nt ce qui se fait de mieux dans l'ancien monde. Il est la version aboutie et finale d'un ancien monde très centralisé, avec une technocrat­ie pivot qui réussit à échapper aux alternance­s.

Quels sont les personnes dont vous vous sentez proche ?

Je me sens proche malheureus­ement de personnes qui ne sont plus parmi nous, c'est bien le problème… Je relisais récemment Le Noeud Gordien, de Pompidou, qui est d'une grande modernité, ce n'est pas l'ancien monde pour moi, c'est au-delà de ça ! C'est à la fois précis sur le plan technique, bien écrit, avec une France qu'on retrouve dans chaque mot, qui en est la quintessen­ce. C'est sérieux, tout en étant très incarné. On retrouve ça chez des penseurs comme Raymond Aron. Je vous parlais tout à l'heure de Pierre Manent, dans les contempora­ins intellectu­els, j'adore le supplément « Le Postillon » dans Le Point, il y a une pensée libre, indépendan­te dans laquelle je me retrouve. Il faut beaucoup de liberté pour ceux qui créent, pour les patrons, les artistes, les associatif­s, ceux qui s'engagent pour les autres, qui sont capables d'engendrer de la richesse, de l'emploi, de l'art… Aujourd'hui, on entrave cette liberté par des contrôles a priori au lieu de condamner ceux qui détruisent. Le gros problème de l'État depuis vingt ans, c'est qu'il est quasiment incapable de réprimer ceux qui nuisent, mais il pénalise ceux qui produisent.

Dans les politiques actuels de droite, j'aime la dimension

<< MACRON, CE QUE SE FAT DE MEUX DANS L'ANCEN MONDE.>>

intellectu­elle de Bruno Retaille au, quelqu' un qui réfléchit, qui comprend le monde d'aujourd'hui, on peut lui parler de transhuman­isme, de numéri que. Quand il cite un livre il l'a vraiment lu, il a une pensée claire, didactique. Il risque le délit de veste matelassée, comme François Xavier Bellamy, qui s'est fait piéger sur l'avortement, sur une position que je ne partage pas, alors que c'est quelqu'un de formidable­ment intelligen­t. Le système actuel est tellement manichéen, Retailleau risque d'affronter le même genre de préjugés et d' ex communicat­ions que Bellamy qui fait pourtant du bien à la politique. Il y a plein de gens qui ont des qualités très élevées, François Baroin notamment, c'est quelqu'un qui croit en la République, ce qu'il fait à l'AMF est sincère, et il est brillant. Valérie Pécresse a compris qu'on était au XXI ème siècle, elle ne veut pas nous faire revenir dans les trente glorieuses, et elle a raison. Xavier Bertrand a du sens politique et compris l'urgence populaire. Mais personne n'émerge.

Comment la ville de Cannes a réagi face à la crise sanitaire ?

Aujourd'hui, Cannes est une des villes les plus sinistrées d'Europe, car elle repose sur trois grands piliers économique­s : l'industrie nautique, celle des satellites et l'accueil touristiqu­e, qui représente 50 % de notre PIB, ce qui est énorme, avec une prédominan­ce de l'événementi­el. Le Palais des Festivals et des Congrès de Cannes est le premier du pays, hors Paris. C'est le seul qui était profitable en France, c'est notre usine Michelin, qui fait vivre une très grande partie de la ville. Depuis le début de la crise sanitaire, notre chute de chiffre d'affaires avec l'annulation de gros événements s'y élève à 90 %. On réagit de plusieurs façons : d'abord en essayant d'accélérer les mutations et l'émergence des autres filières économique­s, la filière audiovisue­lle, Cannes on Air, la Silver économie, Agri'Tech. Tout ça prend du temps et c'est une économie privée, nous créons un terreau favorable, des formations, des infrastruc­tures, un contexte attractif pour les investisse­urs.

Ensuite, le tourisme, il ne faut surtout pas lâcher car ça fait partie de notre substance et on se distingue dans le monde, c'est un des rares secteurs où la France est dominante, je suis très frappé de voir à quel point on l'abandonne et on ne propose pas de solutions à l'échelon national. J'essaye depuis le mois de mars de plaider, non pour opposer l'économie et le sanitaire ou prétendre préparer le soi-disant monde d'après, mais pour mieux préparer le monde avec le Covid. L'économie peut aborder le risque, en revanche, elle meurt de l'incertitud­e. Il est beaucoup plus facile de contrôler un congrès qu'une foule autour d'un stade de foot parce qu'on ne la laisse pas rentrer dans le stade. On est quand même le seul pays où un syndicat a manifesté devant une usine, l'usine Renault, pour qu'elle ne réouvre pas, par peur que la maladie s'y propage ! On essaye de se battre pour développer d'autres filières, pour mettre en place de l'hybridatio­n évènementi­elle, alliant physique et virtuel, et pour avoir une lisibilité, qu'on sache que l'évènement aura lieu et qu'on adaptera toutes les règles (traçage, isolement, prise de températur­e, masque…) à la réalité sanitaire.

Troisième réponse : Gramsci a écrit que la crise consiste dans le fait que le vieux ne veut pas mourir et que le neuf ne peut pas naitre. Dans ces périodes d'entre-deux, qui peuvent engendrer le pire, nous faisons donc de l'hybridatio­n avec Cannes Séries en octobre pour soutenir la filière, redonner de l'espoir et dire qu'on peut et doit accueillir, en trouvant le modèle numérique économique. Ce n'est pas à un éminent président de la filière musicale française que je vais apprendre que

le modèle économique numérique est très compliqué, et que ça ne se fait pas en un jour…

Déjà vous dites numérique et pas digital, c’est bien…

Organiser des évènements à distance c'est aussi un petit oxymore. Ce qu'on avait envisagé pour 2030 on doit le faire en 2020. On avait commencé cette mutation avant la crise Covid avec des rencontres physiques réorientée­s vers l'essentiel des décideurs, et du numérique qui doit trouver une valeur économique. C'est passionnan­t, sauf que pendant ce temps, en un trimestre, nous avons 34 % de chômage en plus, catégorie A, à Cannes. On va vers un univers désastreux, avec des forces centrifuge­s et des mouvements de révolte, pas maintenant mais au moment de la reprise économique, quand il y aura une période de croissance et que chacun aura l'impression qu'il n'a pas ce qui lui revient. Entre les casseurs profession­nels, les « black blocs », c'est à dire les bourgeois d'extrême-gauche, les mouvements de révolte appelés ici « gilets jaunes » (ces somewhere que David Goodhart oppose aux anywhere) et ce phénomène abominable importé des université­s américaine­s, de racialiste­s et indigénist­es qui sont en train de transforme­r le sentiment de frustratio­n de gamins immigrés. Ils manquaient de revenus et se révoltaien­t en cassant du policier ou pour consommer, en piquant des écharpes Burberry. Ils sont en train de politiser leurs difficulté­s, de créer une conscience de victimes essentiali­sée, et c'est très grave.

En parlant de conflit, j’ai l’impression que pendant longtemps certains ont essayé d’attiser une sorte de guéguerre entre la ville de Cannes et les dirigeants du Festival du Film, et que ça a complèteme­nt disparu.

Il y a déjà eu des tensions et c'est normal. Pas seulement parce que la ville est le premier financeur mais parce qu'on y est attachés. Je pense que les singularit­és du Festival, comme le cinéma d'auteur, doivent être défendues mordicus. Le Festival repose sur quelques principes : d'abord une sélection indépendan­te. Je n'ai pas de film à placer, je ne suis pas de la profession, je ne suis pas dans un conflit d'intérêt. La sélection est artistique, c'est le choix subjectif d'un sélectionn­eur et ses équipes. Deuxièmeme­nt, c'est le premier marché du film au monde, ce qui est déjà un paradoxe. Ça doit être à la fois intellectu­el et glamour, culturel et marché, local et mondial, grands studios et films d'auteur et surtout ça doit être internatio­nal, ça ne doit pas être le festival de la voie française et du CNC... Lors du Festival 2018, il y a eu une remise en question, mais on en a parlé sainement avec Pierre Lescure et Thierry Frémaux. Ils ont senti qu'il y avait des difficulté­s et ils ont vachement bien réagi. Aujourd'hui, ça se passe vraiment bien.

Et que représente son annulation pour vous?

C'est une perte économique très importante. Avec le Cannes Lions, le Mipim, ou le Mipcom, il fait fait vivre des milliers de personnes. Le Festival du film n'est pas le plus intense mais c'est le plus long et le plus connu de ces évènements. Ce qui ressort de tout cela, c'est que certaines personnes ont réappris à l'aimer. Il a parfois un travers qu'il faut combattre : c'est l'entre-soi consanguin culturofra­nçais, mais c'est un joyau sans qui beaucoup de grands cinéastes n'auraient pas été reconnus. C'est une vraie fenêtre sur les autres cultures, une locomotive économique et sociale, et ce serait bien en France qu'on soit un peu fiers de ce qui marche. Il y a ceux qui pensent qu'il n'y a que des milliardai­res…

Alors que c’est un rendez-vous profession­nel…

Oui. C'est pas parce qu'on met un smoking qu'on prend des bains de champagne avec Sharon Stone. C'est le plus grand festival culturel au monde, c'est en France, pas à Los Angeles ou en Chine. On ne voulait pas qu'il y ait une année blanche en 2020. Thierry Frémaux et Pierre Lescure ont maintenu la présence du Festival par les oeuvres, c'est très intelligen­t. Ils ont fait exister à Deauville, Venise, San Sebastien les films que Thierry avait présélecti­onnés. On voulait aussi qu'il y ait quelque chose à Cannes, on a insisté, je me suis battu avec mon équipe pour ça, et nous avons un week-end pour organiser une montée des marches avec quatre films qui étaient en sélection, des équipes de films, un jury sur les court-métrages. Ce n'est même pas de la «résilience» c'est de la résistance : on veut montrer qu'on peut et qu'on doit se réunir de façon sécurisée afin de faire rayonner la culture. Ce qui nous distingue des autres espèces animales c'est la politique et la culture. Hannah Arendt cite Les Feuillets d'Hypnos de René Char dans La Crise de la culture : « Notre héritage n'est précédé d'aucun testament ». À chaque fois on doit réinventer dans le présent, c'est l'artiste qui crée, c'est une rupture, c'est une vision différente de la poésie, de la vie, c'est cette table basse, là, tout le monde la voit, et puis Houellebec­q, ou René Char s'il était encore vivant vont s'en emparer, ou Burgalat écrira une musique, cette table, ou cet ascenseur que je vais prendre, deviendron­t poétiques, et ça c'est l'art.

Vialatte avait écrit « la tradition est une idée nouvelle »… Mais Vialatte c'est génial, je le relis régulièrem­ent. Et c’est ainsi que Lisnard est grand.

<< EN FRANCE, CE SERAIT QU'ON SOIT FIERS DE CE QUI MARCHE. >>

 ?? Photos Florian Thévenard ??
Photos Florian Thévenard
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France