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À LA NEWYORKAIS­E !

AUSSI INTENSES QUE GRACIEUX, LES COURS EN LIGNE DE JULIE GRANGER, ANCIENNE BALLERINE DEVENUE ÉLÉGANTE YOGINI, ONT ÉTÉ PARMI LES PLUS SUIVIS DU CONFINEMEN­T. NOUS RETROUVONS CETTE AMIE DE LA MAISON ERES À THE STUDIO PARIS*, SON LIEU D’INSPIRATIO­N NEW-YORKAI

- Par Laurence Rémila LA LEÇON PEUT COMMENCER... Photos Anaël Boulay

Vous êtes Franco-Américaine et enseignez le Brooklyn Flow, le Brooklyn Barre et le Ballerina Body : des méthodes élaborées lorsque vous viviez à New York (à partir de 2014) ?

Julie Granger : Ce sont des méthodes que j'ai créées à New York et qui marchaient très bien là-bas. Le Brooklyn Flow, c'est un yoga vinyasa, très « workout », basé sur la danse classique et où la musique est extrêmemen­t importante. Pour moi, c'est une chorégraph­ie où, à la place des pas de danse, on retrouve des postures de yoga. Le Brooklyn Barre, c'est un mix entre des mouvements de Pilates et de danse classique. On utilise surtout la barre pour se renforcer et se tonifier, tout en élégance. Le Ballerina Body est un cours de Hiit (High Intensity Interval Training), méthode très dansée, inspirée des mouvem ents de danse classique.

Et comment différenci­er ces formes de yoga, « à la new-yorkaise », de celles qui nous viennent de Los Angeles ?

À L.A., ils ont davantage une approche « healthy » : prendre soin de soi et prendre son temps. À New York, on préfère l'efficacité et l'aspect « workout ». C'est plus difficile physiqueme­nt que spirituell­ement. Un challenge !

Que vous dit-on à la fin d’un de ces cours plus physiques ?

Souvent, à Paris, j'entends : « J'ai l'impression d'avoir voyagé ». Pour moi, c'est le plus beau compliment ; c'était un peu le but en créant cet espace, avec le look du studio, la musique, les playlists que je crées. Et comme tous les cours sont en anglais, on peut vraiment avoir l'impression d'être ailleurs le temps d'une heure !

Vous avez une formation de ballerine. Comment avez-vous découvert le yoga ?

Je me formais au Joffrey Ballet à Chicago, et je ne m'y sentais plus très inspirée. Une amie m'a traînée à un cours de yoga. Au début, je ne voulais pas y aller : j'avais un préjugé très français… Finalement, je l'ai fait et je suis tombée amoureuse de ce yoga vinyasa très physique. Très « cardio », très difficile. À ce moment-là, j'ai eu une révélation. Je savais que c'était ce que je voulais faire. Je me suis découverte une nouvelle passion en plus de la danse, ce que je ne pensais pas possible !

Et comment êtes-vous devenue prof’ de yoga ?

De Chicago, je suis partie à New York où j'ai

ouvert une école de danse en plus de mes études à Baruch College. J'ai décidé de devenir professeur­e de yoga après plusieurs années de pratique, en plus de mon expérience de prof ' de danse. J'ai donc suivi une très bonne formation de six mois à Pure Yoga New York. De là, j'ai tout de suite commencé à travailler. Le lendemain de l'obtention de mon diplôme, je donnais déjà mon premier cours.

Pouvez-vous nous raconter cette « dancer’s pose » que vous venez de nous montrer ?

La posture du danseur ! Je l'adore parce qu'elle me rappelle un peu l'arabesque en danse classique : elle demande beaucoup de flexibilit­é au niveau du dos. Ayant été blessée gravement au dos dans ma carrière, quand j'arrive à faire cette posture, c'est assez spécial pour moi parce qu'il y a eu un moment où ça me paraissait impossible.

Et cette autre posture, « l’arabesque penchée » ?

Oui, c'était mon mouvement préféré quand j'étais danseuse. Ça nécessite, encore une fois, beaucoup de souplesse dans le dos mais aussi beaucoup de stabilité puisqu'on reste sur une seule jambe un petit moment.

Depuis le premier confinemen­t, vous donnez vos cours en ligne. Pas trop frustrant ?

Je fais deux cours par jour en ligne et j'ai d'ailleurs beaucoup de clients new-yorkais qui se connectent, parfois même deux fois par jour. Moi-même, je suis des cours en ligne : quand on est prof, on doit être, aussi, un bon élève. Je me rends compte que c'est bien mais... ce n'est pas la même expérience !

Grâce à Zoom, vous pouvez suivre ce que font vos élèves en direct.

Absolument. D'autres profs optent pour ne pas voir leurs élèves pendant le cours en ligne, et ne peuvent donc pas les corriger. Alors que c'est tellement facile d'être distrait pendant un cours ! Mais je trouve ça magique de pouvoir se connecter à des gens de partout dans le monde grâce à ces cours en ligne.

En même temps, vous avez hâte de pouvoir donner des cours à des groupes ici au studio.

C'est ce qui me manque le plus en ce moment : de donner des cours à un groupe ; de pouvoir parler avant et après le cours ; de voir des gens ; d'entendre les rires quand je fais une blague… Ça, on ne peut pas le voir en ligne !

Quelle est votre propre pratique quotidienn­e ?

Je prends toujours un cours par jour. Et grâce à mon studio, je peux parfois y prendre des cours de danse classique. Sinon, je prends des cours en ligne avec mes professeur­s de New York parce que j'ai toujours un peu de mal à trouver des cours en France qui me plaisent, c'est très différent. J'aime vraiment l'aspect new-yorkais du yoga.

Que dites-vous aux personnes qui arrivent au studio pour la première fois ?

Souriez ! C'est vraiment le plus important. Les cours sont faits pour tout le monde, chacun va y trouver son compte. Quand on est débutant, ça peut être un peu surprenant mais il y a énormément de bienveilla­nce chez les profs. C'est la base. Les élèves plus avancés vont pouvoir faire les postures d'une manière différente, mais personne ne se sentira mal à l'aise. Il y a tellement de bienfaits à faire du sport, du yoga, à simplement bouger… Je le sais d'autant plus qu'à un moment, je ne pouvais plus bouger. Donc je veux que ce soit accessible à tout le monde. Je n'ai pas vraiment de conseil que je répète aux débutants, à part : « laissez-vous aller », et de n'avoir ni peurs ni appréhensi­ons.

Cette année de télé-yoga, les élèves étaient-ils particuliè­rement « lookés » ?

Je trouve que mes clientes sont toujours très lookées. J'ai beaucoup de chance ! Après, quand on est sur Zoom, on est à la maison, donc il y a peut-être parfois plus de laisser-aller. Mais il y a quand même un vrai changement avec le fait qu'il y ait de plus en plus de studios de fitness et de yoga, et que les gens passent de plus en plus de temps à faire du sport, que ça soit chez eux ou en présentiel. Je pense que ça vient avec. Au bout d'un moment, on a besoin d'investir dans de beaux vêtements de sport.

C’est important ?

Très ! Il faut que le vêtement soit adapté et qu'il bouge avec nous. On fait beaucoup de mouvements de souplesse. Après, c'est vrai qu'à New York le « outfit » de sport est devenu une pièce fashion. C'est ça que j'aime bien, ici au Studio : on cultive l'idée d'avoir de beaux vêtements de sport, et pas seulement le vieux jogging d'avant. Je pense qu'en France on a encore un peu de retard sur l' « active wear », alors que c'est très important malgré tout : faire du sport, c'est se sentir bien dans son corps, à tous les niveaux. D'autant plus qu'on a des miroirs et qu'il est agréable de se voir dans de beaux vêtements, ça fait la différence, on a tendance à mieux se tenir… C'est un véritable cercle vertueux.

On peut parler d’un yoga franco-new-yorkais ?

Oui, même s'il existait depuis déjà un petit moment. En tout cas, j'ai créé une méthode qui m'est propre, nourrie de beaucoup d'inspiratio­ns différente­s : principale­ment la danse classique et New York. C'est un yoga très planifié, en musique, avec des séquences très particuliè­res. Là-bas, c'est très populaire. J'espère que ça va arriver ici : comme ça, je n'aurais peut-être plus à prendre des cours en ligne mais les prendre en vrai, moi aussi !

« PORTER DE BEAUX VÊTEMENTS DE SPORT FAIT UNE DIFFÉRENCE. ON SE TIENT MIEUX, C’EST UN CERCLE VERTUEUX...»

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MUHA : ANTOINE LEBRELEC MERCI ERES
FILM : GREG KOZO MUHA : ANTOINE LEBRELEC MERCI ERES
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DANCING QUEEN_ Notre prof porte la combinaiso­n DISCIPLINE ERES.
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 ??  ?? SHADOWPLAY_ Julie porte la brassière SPORTY et le legging GURU ERES.
SHADOWPLAY_ Julie porte la brassière SPORTY et le legging GURU ERES.

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