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« ON ME PRENAIT POUR UN DEALER… »

- Par Marc Godin (avec Maria Sumalla) La Bataille du rail, en salles le 10 février

Pour le jouissif La Bataille du rail, la coverstar de notre numéro « weed » (février 2018) change de substance et devient dealer d’un soir. À quelques semaines de la sortie du film, Pierre Lottin passe aux aveux…

En février, tu seras à l’affiche de La Bataille du rail, une comédie aussi légère que costaude signée JeanCharle­s Paugam. Comment t’es tu retrouvé à jouer un « dealer par intérim » ?

Pierre Lottin : C'est un beau rôle que m'a proposé JeanCharle­s. J'y joue donc Franck, une espèce de Big Lebowski 2.0. Un loser, mais qui l'assume complèteme­nt. Le fait de tourner ce film un peu à l'arrache a demandé une certaine énergie pour sortir des choses qu'on ne sortirait pas dans un tournage plus convention­nel.

Comment ça, « à l’arrache » ?

C'est un film à 45 000 euros. L'urgence avec laquelle ça s'est fait – nous avons tourné en 12 jours –, impose une efficacité redoutable. C'était un marathon. Ce qui est cool, aussi, d'une certaine manière.

Un marathon à base d’impro ?

En fait, on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas tant d'impro que ça dans le film. Le texte était vraiment suivi. L'impro était davantage liée au décor.

Celui des rues de Belleville qu’on y reconnaît ?

Exact ! Quand on tournait une scène à vélo, on devait bloquer toute la route. Ça faisait 200 mètres de bouchons. Fallait faire vite.

Et les scènes en soirée ?

Ha ! Il s'agissait de vrais teufs. Avec des gens qui demandaien­t de la vraie coke (à son personnage de dealer, ndlr), et je leur en filais de la fausse ! Ils revenaient en disant que je les avais arnaqués ! Quelqu'un est même venu me voir hyper-vénère, en disant : « tu m'as vendu de la merde, c'est du lait en poudre ! ». J'étais obligé de jouer le jeu, pour la caméra, en répondant sérieuseme­nt. C'était un peu spécial : je ne savais même pas quand on me filmait, parfois…

Une comédie avec un crevard qui s’improvise dealer, c’est une première en France ?

Absolument. Parce qu'on n'a pas envie de parler de ces gens-là. On veut parler de sujets qui paraissent plus « globaux », et qui peuvent être hyper-beaux parfois. On aime bien, au pire, voir des losers réussir – sauf que dans ce film, il ne réussit pas forcément. C'est sa philosophi­e, il s'en fout. Après, ce film ne fait pas l'apologie de la coke. Bien au contraire ! D'ailleurs, le personnage principal n'en prend pas. Et les clients avec qui il a affaire sont drôles dans le cadre d'un film – mais ne donnent pas forcément envie d'en prendre dans la vraie vie.

Il y a quand même un aspect comique à ce dealer, non ?

On avait d'abord fait un court-métrage, Nuit debout (2016) et on a repris le personnage de Franck. Ça aurait été dommage de le rendre trop sérieux, de ne pas mettre en avant cet aspect comique. Généraleme­nt, les comédies en France sont très pre

mier degré – on manque parfois d'autodérisi­on.

Une qualité bien présente dans le film.

On voulait quand même faire rire avec ce sujet, qu'il y ait toujours une légèreté. Parce que la comédie, ça sert aussi à « panser » des sujets plus graves.

Ton espoir pour ce long-métrage filmé à l’arrache ?

Qu'il marche, et qu'on se fasse plein de thunes (rires) ! Plus sérieuseme­nt, qu'on puisse en faire un deuxième… Puis d'autres films de cette trempe, avec cette même énergie.

Cette forme d’indépendan­ce, c’est le futur pour le cinéma ?

C'est le futur d'une sorte de cinéma peut-être, mais pas du cinéma en général. Il y aura toujours du cinéma plus mainstream. Généraleme­nt, quand on fait du cinéma de ce genre, j'ai l'impression que c'est du « one-shot », que ça ne suit pas derrière. Si je prends l'exemple de films comme My Little Princess (2011, Eva Ionesco), Carré Blanc (2011, Jean-Baptiste Leonetti) ou même Casablanca Driver (2004, Maurice Barthélemy), ce sont des films à part. Ils auraient pu ouvrir une brèche, mais on ne les a pas laissé se dérouler. Alors que ce sont des films qui vont à l'essentiel.

C’est rare ?

Ah oui. Dans la plupart des scénarios, ils y vont par quatre chemins. Alors que là, on ne tourne pas autour du pot.

On a l’impression que, même dans une période de confinemen­t, tu es à l’affiche de 10 000 projets.

Quand même pas ! Bon, il y a quand même la série Cheyenne et Lola (Virginie Brac) sur OCS, et le film Tout le monde m'appelle Mike (Guillaume Bonnier), qui va sortir, et dans lequel je joue un marin. Sans oublier le Playlist de Nine Antico, Un triomphe (Emmanuel Courcol) et Les Tuches 4

(Olivier Baroux)...

Et quand tu ne tournes pas ?

J'écris un roman ! Un truc qui s'appelle La Piraterie d'escarpin : l'histoire de « piratiens » qui vivent dans un nouveau monde, la Terrance… Je voulais écrire un synopsis à la base, puis c'est devenu une nouvelle, et maintenant un livre.

Et ils font quoi, ces « piratiens » ?

Ils ont pété la lune en croyant que… Enfin bref, c'est dur à pitcher ! Ça fera peut-être 500 pages, reparlons-en dans un an !

 ?? Photo Julien Grignon ?? PIERRE QUI ROULE_ Alternant grosses machines (Les Tuches) et projets pointus, l'acteur de 31 ans peut se targuer d'un sansfaute.
Photo Julien Grignon PIERRE QUI ROULE_ Alternant grosses machines (Les Tuches) et projets pointus, l'acteur de 31 ans peut se targuer d'un sansfaute.
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