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On peine à croire qu’Aya Nakamura passe son temps libre à potasser Proust. Tous les artistes pop ne sont pas des intellectuels. David Bowie, lui, avait un cerveau. Il n’était pas qu’obsédé par l’idée d’anticiper les modes ou de les vampiriser : ouvrir un livre était son autre marotte. Détestant l’avion, il se déplaçait souvent en train avec une bibliothèque portative de plusieurs malles équipées d’étagères contenant… 1 500 titres ! En 2013, lors de l’exposition londonienne David Bowie Is, il avait resserré la sélection en dévoilant les 100 livres qui avaient le plus compté dans sa vie. Ce sont ceux-là qui nous intéressent ici.
Connaissant sur le bout des doigts la discographie de Bowie, John O’Connell a planché sur cette liste magique pour y chercher (et y trouver) des ponts avec les chansons de son idole. On laissera au lecteur la surprise de les découvrir. Disons juste qu’on y glane des choses attendues (Fitzgerald, Capote) et d’autres plus surprenantes (Homère, Dante). Seuls deux auteurs reviennent deux fois (Orwell et Burgess). Trois François apparaissent : Camus, Flaubert et Lautréamont. Si Bowie prouve qu’il est fin, il commet parfois des fautes de goût – ce gros lourd de Greil Marcus, hélas, est cité. Tout cela prouve en tout cas une chose : à défaut de vie sur Mars il y a de la littérature dans son oeuvre.