L'HOMME MODERNE
La data, et les algorithmes qui la manipulent sont le pétrole du monde de demain. et quel monde ! Soigner ses maux de têtes avec son Iphone ? Un grille-pain qui fait des ordonnances ? Une montre qui vous notifie quand frappe l’AVC ou quand vous avez oublié votre pilule ? Rencontre avec un visionnaire.
Nous avons rencontré un des grands acteurs de cette révolution digitale et médicale, à la tête d’IQVIA (leader dans le traitement de la donnée de santé). Jean-Marc Aubert explique, dénoue et imagine le rôle crucial que joueront les datas dans le monde de la santé de demain.
À quoi servent les données de santé ?
Jean-Marc Aubert : La récolte et l'étude de ces données nous permettent d'améliorer considérablement la qualité des produits et des services de santé et d'accélérer l'avancement de la recherche, en ce qu'elles servent de démonstration par l'expérience des théories avancées par les chercheurs. Les progrès faramineux de l'intelligence artificielle assurent un recul et une perspective inégalés et permettent une lecture précise de ces données et la validation de l'intuition médicale.
De quelle manière ces données sont-elles récoltées ?
Traditionnellement, elles sont partagées par les professionnels de santé, ou de plus en plus directement par les patients sous la forme d'auto-questionnaires ou d'applications dédiées. Dans le cas du Covid-19, par exemple, plusieurs milliers de patients ont partagé leurs données de santé afin de participer à l'effort de recherche.
Peut-on assurer l’imperméabilité et la sécurité de nos données de santé ?
Les données récupérées sont anonymes et utilisées exclusivement dans la validation de masse d'une théorie avancée, elles sont par ailleurs protégées par les lois françaises et européennes qui interdisent leur utilisation à des fins commerciales ou personnelles. Les entreprises qui récoltent et étudient ces données sont soumises à des autorités de contrôle nationales très strictes (en France, la CNIL).
On assiste à l’explosion du nombre de dispositifs médicaux connectés, verrons-nous un jour notre frigidaire nous prévenir d’une carence ou d’une crise cardiaque ?
Il existe déjà des dispositifs médicaux qui préviennent les carences, comme les implants pour diabétiques qui contrôlent en continu le taux d'insuline dans le corps et permettent au patient de mieux suivre ses besoins. On pourrait facilement imaginer dans les années à venir qu'une intelligence artificielle à la maison puisse conseiller les gens sur leur état de santé et les moyens de se soigner, d'autant plus que la tendance générale est de préférer être soigné à domicile, ou encore des dispositifs implantés qui puissent prévenir un AVC ou d'autres accidents.
À quand l’immortalité ?
Si beaucoup y croient aujourd'hui, nous ne sommes pas encore en capacité de dépasser le cap des 110-120 ans. Nous serons peut-être bientôt en capacité d'imprimer des organes ou de modifier un code génétique, mais l'immortalité reste pour l'instant, je crois, un vieux rêve.
À quoi ressemble l’avenir de la santé avec les datas ?
Un bon exemple est celui de cette start-up de Bordeaux qui tente de créer un algorithme qui puisse soigner les douleurs chroniques avec une stimulation auditive et visuelle via une application sur smartphone qui calmerait le système nerveux sans générer des problèmes d'accoutumance aux anti-douleurs et avec un suivi plus continu. L'étude par une intelligence artificielle permet déjà d'évaluer avec précision le niveau de douleur en étudiant le visage et la voix du patient. L'avenir de la santé est fortement lié à celui de la data.
« LES PROGRÈS FARAMINEUX DE L’IA ASSURENT UN RECUL ET UNE PERSPECTIVE INÉGALÉS. »