« DU LOVE, DU LOVE ET DU LOVE, Y’A QUE ÇA DE VRAI ! »
June Plä lance le compte @jouissance.club en 2018 avec une idée de génie : rééduquer les gens à la sexualité en employant la même arme que l'ennemi, l'image ! Interview lovesexy.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’ouvrir @jouissance.club ? June Plä : À 20 ans, j'ai connu un amant qui voyait la pénétration comme une option, pas un but. Après lui, je suis rentrée dans la spirale préli-coït-éjac' sans arriver à communiquer avec mes partenaires et j'étais frustrée. En 2018, un amant me demande de lui indiquer où se situe le Point P (point prostate – à ne pas confondre avec le magasin de bricolage, ndlr). J'ai fait une illustration pour le lui montrer et, ça m'a frappé… J'ai tout de suite eu envie de monter la page pour faire de la pédagogie militante du cul et en finir avec la pénétration obligatoire !
Tu dessines des mains asexuées qui rendent tes dessins très inclusifs.
La problématique sexuelle rassemble ! J'ai reçu beaucoup de témoignages, de demandes de personnes aux orientations très variées. J'ai proposé des techniques anales, péniennes, clitoridiennes et corporelles sans jamais faire d'associations sexuelles pour oui, être la plus inclusive possible.
Quand tu postes des dessins de pénis au repos ou de techniques d’anulingus, ton idée, c’est l’éducation par la banalisation de l’image ?
On a été éduqué avec les mauvaises images d'orgasmes simultanés, de pénétration systématique et de porno mainstream affligeant. Il faut proposer de nouvelles références aux jeunes, qui les influencent en sens inverse. L'image simplifie les choses, elle les rend plus naturelles. Mes schémas ne sont pas vulgaires. Par leur technicité et leur côté scientifique, ils passent partout, ils permettent de désacraliser et de donner envie de tester de nouvelles choses.
Hors l’éducation sexuelle et la volonté d’ouvrir les horizons, quel est le message de ta page ?
Qu'il n'y a pas de règles. La seule règle, c'est celle du corps et des envies. Qu'il n'y a pas de normes, pas d'injonctions. Il faut s'écouter et s'entre-créer ensemble. On veut que tout le monde se rassemble et se réconcilie. Sortir du silence, n'avoir pas honte d'échanger. Que des good-vibes quoi ! (Rires.)
Tu prônes le Mandela’s style alors ?
Complètement ! On ne s'en sortira pas sans amour. Les actions violentes peuvent rebuter ceux que l'on veut convertir le plus, c'est contre-productif ! J'ai une envie d'avancer et de pardonner, qui, je crois, est commune à beaucoup de gens. Il faut penser inclusif, rassemblement, inclure les hommes dans la réflexion sans les invectiver !
La pédagogie par la compréhension ?
On ne peut pas tout accepter sous prétexte de la compréhension. Mais j'ai été en colère. Seulement quand tu montres de l'énervement ou de la colère, tu perds l'intérêt de l'autre rapidement. Tu passes pour une hystérique et c'est trop tard…(Rires). Plus la peine de crier « Mais non reviens, je suis gentille ! ». Du love, du love et du love, y'a que ça de vrai !
Jouissance club : une cartographie du plaisir, June Plä, Édition Marabout, 224 p., 16,90 €.