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L'IMPACT DES LOUPS

- Par Marc Godin Photos © Copyright : Eskwad

Plus de 80 lieux différents, un tournage chaotique en pleine montagne, avec des animaux, des enfants, des costumes d’époque, des effets spéciaux en images de synthèse… Pour Le Pacte des loups, son second longmétrag­e, Christophe Gans déchaîne l’enfer et frôle l’accident industriel alors qu’il tente de ressuscite­r la bête du Gévaudan.

Vêtu d'un porte-jarretelle en peau de bête, un Indien tatoué de la tête au pied fait du kung fu dans le Gévaudan du XVIIIe siècle et balance de méchants coups de pompe dans les dents de malandrins avec tricornes. Nous ne sommes pas dans un porno gay, ni un film de chevalerie made in Hong Kong ou une oeuvre de Mario Bava, mais dans Le Pacte des loups, objet fantasmati­que et sous influence de Christophe Gans, film-étendard de Canal+ alors au summum de sa puissance économique et de sa gloire.

Tout commence en 1998 avec un script du débutant Stéphane Cabel sur la bête du Gévaudan, envoyé à Canal+ Écriture, une structure née de la volonté de Pierre Lescure et d'Alain De Greef, respective­ment big boss et grand manitou de Canal, afin de produire des oeuvres différente­s, des films de genre et des cinéastes prometteur­s. Après un long process de réécriture, Le Pacte des loups est proposé à Laurent Boutonnat, le clippeur de Mylène Farmer, qui refuse le bébé. Puis à Christophe Gans qui le lit en une nuit et accepte. Ancien rédacteur en chef de la revue culte Starfix, il a un seul long-métrage à son actif, Crying Freeman, adaptation nerveuse d'un célèbre manga, avec yakuzas et combats au sabre, tourné aux forceps au Canada, avec l'artiste martial Mark Dacascos. Alors que son adaptation de 20 000 lieues sous les mers prend l'eau, ce passionné de la bête du Gévaudan décide de se consacrer au Pacte des loups.« Le film est un pur fantasme, presque une plaisanter­ie, deux super-héros qui déboulent dans le Gévaudan pour affronter une secte secrète et un gros monstre. Un truc de fou ! »

« Crying Freeman, c'était pas si mal !, continue Lescure. Et puis il y avait Christophe, et tout ce qu'il nous avait donné à penser avec Starfix. Il y avait un risque à cause du coût du film. À ma demande, Richard Grandpierr­e (producteur à la tête d'Eskwad, une filiale de StudioCana­l qu'il a monté, ndlr) a organisé un dîner dans la salle à manger de Canal, dans l'immeuble Quai André Citroën. Il y avait Christophe, Richard, ma pomme et Mathieu Kassovitz, je crois, et nous avons passé la soirée à discuter de Rhonda Fleming, dont nous connaissio­ns par coeur la filmograph­ie, mais aussi d'Ann Margret et de Senta Berger. Il y avait chez Christophe une volonté de création plus forte que chez les autres, avec tellement de références et de culture, que je me suis dit que le seul risque, c'était – au-delà du scénario et du casting – qu'il y ait une overdose de références. »

Dans l'aventure, Gans embarque avec lui son partenaire Samuel Hadida, qui va gérer la distributi­on du film. « Samuel a eu une très grosse importance sur le film. Quant à moi, j'ai retouché le scénario, notamment avec le personnage de l'Indien Mani, que je voulais booster, et deux personnage­s féminins, dont celui de Monica Bellucci. »

UN CASTING DÉMENT

Dès lors, tout s'emballe et entre le moment où Gans découvre le script et le début du tournage, il s'écoule seulement… six mois. Gans : « Ils voulaient que le film soit tourné en 70 jours. J'ai regardé le plan de travail et je suis arrivé à 95 jours de tournage. J'en parle à Samuel Hadida et je lui dis que je vais couper

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Batman et Robin, revus et corrigés par Christophe Gans, deux héros des Lumières qui vont affronter les forces des ténèbres.
LES SUPER-HEROS DU XVIIIe SIÈCLE_ Batman et Robin, revus et corrigés par Christophe Gans, deux héros des Lumières qui vont affronter les forces des ténèbres.
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