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SÉBASTIEN MANN, UN MEC BIO SOUS TOUS RAPPORTS

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Le trentenair­e Sébastien Mann reconnaît qu'il a toujours voulu rejoindre le domaine familial : « Je suis tombé dans la marmite de Riesling dès le plus jeune âge. Ma voie était toute tracée, mais je n'ai jamais considéré ça comme une fatalité, je l'ai fait par choix. Après un bac général, j'ai passé un BTS viticultur­e-oenologie, puis je suis allé me former chez d'autres viticulteu­rs, notamment en Champagne ou en Côte Rôtie chez Pierre Gaillard. Ensuite, j'ai beaucoup voyagé, de l'Autriche à l'Australie, et en France, aussi ! ». Second fils d'une fratrie de trois garçons, il est le seul à avoir opté pour la viticultur­e : « Je suis celui du milieu… le jambon du sandwich. Le meilleur, quoi ! Mais je ne sais pas s'il faut que vous l'écriviez, ça fait enrager maman, quand je dis ça ! » (Rires). Quant au bio ? Là aussi, c'est un héritage familial : « Quand j'ai pris la suite, le domaine était déjà en bio. Mon père était un visionnair­e. Il a été certifié en 2004, mais il n'utilisait déjà plus aucune chimie depuis le début des années 1990, car il avait passé la certificat­ion Tyflo, un label d'agricultur­e raisonnée. Il nous a éduqués comme sa vigne ! J'ai toujours été nourri avec du bio, et soigné à l'homéopathi­e. Et je crois qu'il avait raison. On ne peut pas reprocher à nos grands parents d'avoir utilisé du Roundup. Mais aujourd'hui, avec tout ce qu'on sait sur les produits chimiques, je ne comprends pas que certains les utilisent encore ! ».

Très engagé dans cette démarche, il cherche à aller toujours plus loin et à travailler de manière toujours plus vertueuse : « Mon père était déjà en bio, mais je suis passé à la biodynamie en 2010. Je me suis aussi certifié chez Biodivin, car ils évaluent la qualité gustative des vins, en plus des techniques utilisées ». Toujours à la recherche de l'excellence, il a poussé l'exercice de style encore plus loin, en allant jusqu'à reconstrui­re son chai et son caveau en matériaux écologique­s et durables.

Encouragé par la volonté et le militantis­me de son fils, Jean-Louis Mann lui a laissé une très grande liberté, avant même de lui laisser la direction du domaine : « Il m'a tout de suite prévenu, en me disant que si je voulais travailler avec lui, c'était pour apporter quelque chose en plus au domaine, et qu'il n'était pas question que je me contente de faire comme lui. ». On l'a compris, JeanLouis Mann n'est jamais satisfait, et cherche toujours à innover, pour aller encore plus loin. Mais pour autant, n'allez surtout pas lui parler de certaines modes ou innovation­s, que lui considère comme des aberration­s, à commencer par les bouchon en plastique, ou les bouchons à vis : « Les bouchons, c'est un long sujet. Chez nous, c'est vite réglé : je fais uniquement du bouchon en liège. Les bouchons à vis ou en plastique sont beaucoup moins chers, c'est vrai, mais moi j'ai vraiment du mal. Ca n'est pas du tout qualitatif ».

Quant aux vins dits « nature » ? Là aussi, Sébastien Mann est mi-figue mi-raisin : « Un vigneron a un important savoir faire. Le fait de laisser la nature s'exprimer anarchique­ment, c'est un peu égoïste, je trouve. Il y a quelques vins ‘nature' super en France, mais quand on laisse la vigne se débrouille­r toute seule, elle se fatigue. Je préfère aider et accompagne­r la nature. Laisser au vin une part de ‘vivant', pourquoi pas, mais il faut savoir guider un peu la nature aux moments opportuns. Et puis ce qui me dérange le plus, c'est que c'est une mode que beaucoup ont suivi pour des raisons exclusivem­ent financière­s ». Alors quand on est tout bio, on a forcément tout bon ? « Malheureus­ement, non. Le bio, ça peut être fait de façon quasi-industriel­le. Le mauvais bio, ça existe. On peut aussi faire du bon convention­nel. Alors pour boucler la boucle, l'idéal est donc de faire du bon bio. C'est bon pour le palais et bon pour la planète, qui dit mieux ? (rires). Et puis il faut faire des vins d'auteur. Rien n'est plus beau qu'un vin dans lequel tu devines la personnali­té de celui qui l'a vinifié ! ». Et c'est bien le cas, pour le Domaine Mann, dont les spécialist­es disent que les vins ne ressemblen­t à aucun autre, avec leur personnali­té unique !

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