SHANE MACGOWAN

Film : Crock of Gold (2020) sur le chanteur des Pogues, sorti en juin dernier. « J’ai rencontré Shane pour la première fois lors des concerts des Pistols dont il était un énorme fan. Quand je l’ai revu pour ce doc', j’ai été choqué de le retrouver dans cet état, si fragile. C’est une des raisons qui m’a fait hésiter, je n’avais pas envie d’être cruel envers lui. Puis j’ai réalisé qu’il était plus que vivant dans son esprit, il n’a jamais été aussi tranchant et marrant. Il dégage une énergie qui émane de l’enfance, même s’il ressemble à une rockstar en ruine. Je n’étais pas certain de vouloir réaliser ce film. Bien sûr, j’étais attiré par le sujet mais je savais que ce serait une expérience douloureuse, de nombreuses personnes avant moi ont connu des moments pénibles avec Shane. À l’arrivée, quand notre ami commun Johnny Depp s’est impliqué dans le projet, je me suis dit que ça pourrait aboutir. Ça a été difficile, mais souvent les films les plus difficiles à monter sont les meilleurs, car ils exigent beaucoup de vous, beaucoup de travail, de rigueur. Mais vous savez, il a commencé par refuser les interviews, sa réponse, c’était "Fuck off" et il m’a dit de me démerder seul (rires). Non, ça n’a rien eu de facile, mais ça valait le coup. Il était hors de question de le dépeindre comme un héros, de le canoniser, ou de le "diaboliser". Je voulais montrer les nombreuses versions de Shane : le Bon, la Brute et le Truand (rires). Je n’ai aucun jugement sur ses addictions à la drogue ou à l’alcool et toutes ces conneries. C’est son problème, ses choix, il est comme il est ! Shane a visionné le film à Dublin. Il s’est beaucoup marré, il est parfois resté silencieux, puis il a terminé en larmes. Je ne sais pas ce que cela signifie, s’il déteste le film, nous n’en avons pas parlé. Mais je n’attends pas obligatoirement que les gens que je filme aiment le produit fini. C’est une expérience plutôt traumatisante que de voir un documentaire sur soi.