MORVAN LE MITTERRANDIEN ?
1981 : le photographe le plus casse-cou de Paris, Yan Morvan, tire le portrait de tous les marlous de l'Assemblée nationale. 40 ans plus tard, il en fait un très beau livre.
Pourquoi 1981 ?
Cette année-là, j’avais été mis à pied par le directeur de l’agence Sipa. Il m’avait dit, avec son accent turc, que je faisais « de la merde » (jusque-là, j’étais en Irlande du Nord pour couvrir les émeutes). Pour me punir, je devais aller tous les jours à l’Assemblée nationale et aux conseils des ministres. Pendant un an, j’ai travaillé sur la politique française au quotidien. Ça a commencé le 10 mai et ça s’est terminé le 5 juin 1982. Je suis parti à Beyrouth en 1982 pour suivre l’offensive israélienne sur le Liban. Ce qui fait que j’ai couvert à peu près un année de la politique française, une année d’ailleurs exceptionnelle.
Ces hommes politiques, quand on les regarde sur vos photos, on a presque l’impression de voir les figurants du film Le Parrain…
C’est sûrement dû au costume et à la coiffure, mais ils faisaient quand même plus peur qu’aujourd’hui, très Clan des Siciliens. Il y avait un côté un peu mafieux, ce qui était le cas d’ailleurs. Alors qu’aujourd’hui c’est vrai qu’ils font un peu bricolo, on n'y croit pas trop !
Tu te souviens de ta première photo réussie ?
Quand j’ai commencé à être photographe, en 1974, j’habitais rue de la Folie Méricourt, sous les toits, avec des rats et pas de boulot. Un matin, je me lève, et soudainement je vois un type sur le toit d’en face prêt à se jeter dans le vide. Je prends mon appareil et je fais une photo où le pompier passe le téléphone fixe à cet homme qui se trouve à deux centimètres du vide. Elle fera la Une de Libé, ma première vente !
1981, Edisens éditions, 256 p., 35 €