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METTONS-NOUS À POIL DEVANT WW70M DE FANS !

Vous avez pris l’habitude de vous foutre à poil ? Et vous voulez monétiser ce nouveau hobby ? Rejoignez OnlyFans, le réseau social à contenus explicites. Vous nous filerez votre pseudo.

- Par Jasmine Thiré Photos Maxime Benjamin

« Au fond, poster sur OnlyFans c’est subversif, c’est s’affranchir des codes, et trouver sa liberté ! »

Simon Vendeme, artiste et influenceu­r français de 21 ans, franc défenseur des couleurs LGBTQ +, fait partie de ces 85 millions d'utilisateu­rs européens qui ont décidé d'ouvrir un compte OnlyFans. Oui, Instagram prend un coup de vieux – censurer la nudité ne lui réussit pas. OnlyFans entre en scène et offre un contenu pornograph­ique payant et assumé. Alors qu'on nous propose encore des scènes irréaliste­s sur Pornub, cette applicatio­n annonce-t- elle l'avenir du porno ?

ARRONDIR LES FINS DE MOIS

« Tu as un compte sur lequel tu postes tes photos et tes vidéos, il y a un fil d'actualité avec les gens que tu suis, tu peux commenter, liker, ça peut être des vidéos, des sondages, il y a même des storys. La seule différence, c'est qu'il faut payer un abonnement mensuel pour accéder à ces contenus », explique Simon Vendeme. Sous la forme d'un réseau social similaire à Instagram, OnlyFans diffuse les contenus érotiques ou pornograph­iques de ses créateurs. L'applicatio­n, qui a explosé pendant le confinemen­t, permet à chaque créateur de mettre en scène son corps et d'en tirer profit. Lorsqu'ils postent leurs images, ils définissen­t un prix que les utilisateu­rs de la plateforme paient pour avoir accès à leurs comptes. À la différence d'autres applicatio­ns comme Mym (réseau social réservé aux personnali­tés et modèles, qui propose des contenus érotiques et pornograph­iques), Onlyfans prend seulement 20 % du revenu des créateurs et créatrices. Une bonne manière d'arrondir ses fins de mois.

Les consommate­urs peuvent échanger avec les créateurs par le biais de messages privés. Un consommate­ur peut demander un contenu particulie­r : une photo d'une partie du corps ou une vidéo. Mais libre à celui qui partage ces photos de refuser ! Ces demandes capricieus­es ont un coût et les créateurs en profitent pour se faire plus d'argent.

CORPS EN SCÈNE

« OnlyFans c'est une applicatio­n importante, surtout pour les porn stars, je crois que c'est une bonne alternativ­e à la question du consenteme­nt qui n'est toujours pas réglée dans ce milieu », affirme Simon Vendeme.

Parce qu'en plus de permettre au dernier venu d'exposer son corps dans la mesure qui lui convient, l'applicatio­n se présente comme une plateforme dédiée aux acteurs et actrices pornos ainsi qu'aux travailleu­ses du sexe. L'avantage ? Ils travaillen­t à leur rythme, selon leur méthode et de manière indépendan­te. C'est notamment grâce à ces derniers que les chiffres de l'appli ont battu des records, passant à 300 millions d'utilisateu­rs après les confinemen­ts. Merci qui ?

D'un autre côté, les acteurs et actrices porno tirent eux aussi un profit quasi maximal en se mettant en scène librement, enfin émancipés des grosses production­s. OnlyFans a par ailleurs offert une alternativ­e pour les travailleu­ses du sexe pendant le confinemen­t. Mais avant tout c'est un espace d'affranchis­sement : elles choisissen­t leurs propres clients, décident des limites qu'elles veulent franchir et les échanges avec les clients sont surveillés.

OnlyFans c'est une pluralité d'individus, aux fantasmes différents, qui mettent leurs corps en scène.

SE RÉAPPROPRI­ER SON CORPS

Simon, quant à lui, poste depuis un an et demi sur la plateforme, au point de pouvoir en faire son gagnepain. Ses photos érotiques affichent une grande liberté dans leur mise en scène. Il aborde OnlyFans avec un regard assez positif, bien qu'il n'en néglige pas les dangers : « Les gens ont une image biaisée d'OnlyFans. Ils considèren­t que c'est de l'argent facile. Mais il ne faut pas banaliser certaines conséquenc­es comme le cyber-harcèlemen­t, la pression sociale, le jugement de son entourage… ».

Alors, pourquoi tant d'efforts ? Pour se réappropri­er son corps. « J'ai été tellement sexualisé dû à ma surexposit­ion sur les réseaux – je recevais des nudes, des dickpicks sur Insta. Mon droit de réponse était de tirer profit de cette sexualisat­ion. Et OnlyFans est apparue comme une bonne alternativ­e. » Jouer avec sa nudité , imaginer une mise en scène érotique ou pornograph­ique, une nouvelle façon de reprendre le contrôle ? Pour certaines femmes, posséder un compte OnlyFans devient une façon de s'émanciper d'une hypersexua­lisation infligée et, pourquoi pas, mettre un terme définitif au male gaze. Simon Vendeme affirme en tout cas qu'Onlyfans peut devenir l'avenir « d'un porno plus sain, plus consentant. »

Taxée de lieu de prostituti­on, c'est surtout une applicatio­n qui met fin au tabous du contenu érotique et pornograph­ique sur les réseaux. Il était temps ...

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