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LES FEMMES D'ABORD ?

- MARGOT PANNEQUIN

Pour ses vingt ans, l’émission la plus roots du PAF présente une saison anniversai­re réunissant les candidates et candidats les plus remarqué(e)s des saisons précédente­s. La particular­ité ? Les sexes y sont séparés. Et ce sont les femmes qui y gagnent au change. Enfin un show féministe en prime-time ?

C’était vers la fin de l’été, au cours du premier « conseil » de la vingtième édition de Koh Lanta. L'équipe des femmes est installée face à celle des hommes, quand Denis Brogniart se tourne vers Clémentine (finaliste de Koh Lanta : Cambodge en 2017) et lui pose la question fatidique : « Ça apporte quoi de se retrouver dans une équipe 100% féminine ? ». La jeune femme, les cheveux en bataille rassemblés en chignon, se montre calme, presque chill. Elle explique qu'il y a une grosse cohésion entre elles, que « personne ne veut prendre le lead ». Ce que la candidate Coumba (trois participat­ions à Koh-Lanta) approuve fortement – contrairem­ent à un des hommes, Claude, qui lâche un regard inquiet en direction de la jeune femme. Imperturba­ble, Clémentine poursuit : « Les garçons auraient sûrement pris la main sur la cabane par exemple, nous on serait allées chercher les pierres et le bois quoi … là on fait tout ». Il n'en fallait pas plus pour que Namadia (remarqué dans Koh-Lanta : Malaisie) se sente offusqué que l'on n'ait pas besoin d'un homme pour survivre. Il plonge tête baissée dans les clichés avec la plus grande assurance : « Nous on n'aurait peut-être dit à une femme « tiens, va faire ça » et elle aurait dit "mais pourquoi c'est pas lui qui le fait, pourquoi ceci pourquoi cela"… ». Ce à quoi toutes les femmes éclatent de rire. On comprend rapidement que dans ces moments-là, il n'y a plus ni concurrenc­e ni compétitio­n entre elles. Manifestem­ent, la vingtième édition de l'émission nous prouve que les candidates tiennent parfaiteme­nt leur royaume, loin des tâches quasi-ménagères où elles peuvent se retrouver cantonnées dans d'autres game-shows… Un début de sororité en prime-time ?

« UN ESPOIR POUR LA SUITE » CLÉMENCE, LA FORCE TRANQUILLE

Seule détentrice du double titre de gagnante, l’aventurièr­e ne compte pas se laisser marcher sur les pieds pour sa 4ème participat­ion.

« SE RENDRE COMPTE DE SON POTENTIEL » CLÉMENTINE, « LA RAGE »

La redoutable stratège s’était fait une place parmi les finalistes de l’édition Cambodge (2017) ; elle revient plus déterminée que jamais.

Le regroupeme­nt entre filles de cette saison de Koh-Lanta a-t-il développé un instinct de girlpower entre vous ?

Clémence : On était toutes très contentes de se retrouver entre filles. Ça nous a permis de trouver notre place et faire des choses que les hommes ont l'habitude de prendre en main, comme la constructi­on de la cabane. On s'est retrouvées face à nous-mêmes et on a pu montrer qu'on était capables de construire, entre filles, une cabane qui tenait la route. Ça nous a donné confiance et on en était très fières !

Quels ont été les avantages d’être seulement entre femmes ?

Ça a permis de libérer notre parole et nous a fait prendre plus d'initiative­s. On a bien plus osé donner des idées et tenté de les défendre.

Vous pensez que ce schéma de séparation des deux sexes serait à poursuivre dans l’émission ?

Pas forcément, parce qu'on a tout de même besoin des autres et de mixité...

Ce que les femmes ont de plus que les hommes dans ce cadre de survie ?

Un esprit de solidarité, une faculté d'écoute entre nous – là, je parle du cadre de la survie pure. Au niveau de l'organisati­on du camp, on avait moins de certitudes, donc on s'est davantage écoutées.

En 2005, tu remportes la saison 5 de Koh Lanta pour la première fois, à seulement 20 ans…

J'ai eu tellement de lettres, de mails, de témoignage­s de jeunes filles qui me disaient que le fait qu'une femme, jeune, pas forcément très costaud, puisse gagner leur donnait un espoir pour la suite. Ça prouve que les femmes sont capables d'aller au bout, au même titre que les hommes. Il peut y avoir une vraie égalité. Si les femmes s'en donnent les moyens et le droit, elles peuvent souvent avoir les mêmes chances que les hommes.

Pourquoi as-tu souhaité réitérer l’expérience ?

Quand j'ai participé en 2018, je me suis dit que ce serait mon dernier Koh Lanta, mais la production m'a appelée en janvier dernier et m'a présenté cette saison comme l'émission anniversai­re réunissant les meilleurs candidats de ces dernières années. Je me suis demandée si je regrettera­is de ne pas le faire…

Et ?

La réponse a été très rapidement oui ! La deuxième raison était de me mesurer aux plus forts, ce que je trouvais très excitant.

Tu joues différemme­nt en 2021 ?

Par le passé, j'ai gagné en suivant les stratégies d'autres personnes en étant très discrète. Cette fois, je me suis dit que je voulais être constructi­ve : prendre mes propres décisions... comme dans ma vie personnell­e.

Ce qui t’a marqué cette saison ?

Déjà, le niveau des candidats. Il y a la crème de la crème des aventurier­s. Ce qui engendre de belles confrontat­ions. Au conseil, c'était un vrai déchiremen­t de choisir puisqu'on n'avait aucune raison d'éliminer les gens. On s'attendait à ce que la production nous surprenne et ça a été le cas. Les retourneme­nts de situations ont été assez surprenant­s : il y a des rebondisse­ments à chaque épisode ! En tant que candidats, on se levait le matin, on ne savait pas où on allait se retrouver le soir.

Avez-vous le souvenir d’un geste particuliè­rement solidaire entre hommes et femmes durant l’aventure ?

J'ai un souvenir d'un geste très solidaire entre hommes. Ce qu'a fait Sam dans le premier épisode en se mettant en danger pour attendre Teheiura, c'était extrêmemen­t généreux. Ça prouve une solidarité fraternell­e. Il a mis son aventure en péril pour sauver un aventurier qu'il admire. Après analyse, il faut saluer ce geste-là puisqu'il était prêt à se sacrifier pour un autre candidat. Une belle leçon !

ENTRETIEN L.B.

Koh Lanta 2021, série girl-power ?

Clémentine : Entre filles, on est peu confrontée­s au sexe masculin, donc il n'y a pas de guerre des sexes. On n'avait pas besoin de garçon pour faire le plus beau des camps, pour se protéger entre nous, pour trouver de la nourriture ou construire une vraie cabane. Notre état d'esprit était celui-là : nous n'avons pas besoin d'eux !

Une leçon à appliquer dans la vie de tous les jours, finalement…

Oui ! Pour que les femmes se rendent compte de leur potentiel – ici, celui de la survie –, il faut qu'elles se retrouvent seules entre elles. C'est quand on se retrouve face à nous-même dans la nature qu'on se rend compte de nos forces. Par ailleurs, il n'empêche pas que nous avons beaucoup à partager avec les garçons. Mais avec les filles, on développe peut-être davantage de solidarité. On se parle énormément et on pense quelque chose avant de construire, par exemple. Pour les garçons, c'est peut-être plus instinctif et impulsif… Ça s'est manifesté notamment durant la constructi­on des cabanes.

La plupart des saisons a d’ailleurs été remportée par des femmes.

Ça prouve que, peu importe le sexe, on peut arriver à avoir le graal.. Une petite fille peut donc rêver de gagner Koh Lanta – même si elle court moins vite qu'un garçon.

Avez-vous le souvenir d’un geste particuliè­rement solidaire entre hommes et femmes durant l’aventure ?

Oui, rien que dans le premier épisode : lorsque les garçons sont parvenus à faire le feu le deuxième jour, ils nous l'ont donné au conseil, tandis que nous n'y arrivions pas. C'était un geste magnifique de leur part ! Ce qui est passionnan­t dans l'émission, c'est de voir comment les hommes et les femmes s'entraident, se soutiennen­t et échangent.

Pour changer de sujet : comment faites-vous vos besoins en pleine jungle ?

On n'a pas de toilettes, c'est sûr. On se débrouille autrement : on peut faire dans la mer, derrière un arbre, dans un petit trou… Et au niveau de l'hygiène, on se débrouille avec ce qu'il y a dans la nature. Mais, honnêtemen­t, nous n'allons pas beaucoup aux toilettes puisque nous ne mangeons pas beaucoup…

Et en quoi cette saison de Koh Lanta est-elle différente des précédente­s ?

Pour moi, le gros de cette saison est le casting. Il n'y a que des machines de guerre, physiques et mentales ! Personne n'est là pour faire le buzz, tout le monde participe pour gagner… Il n'y a que des sportifs avec un mental d'acier. Dans les saisons précédente­s, c'était moins serré, là il faut s'arracher pour gagner une épreuve.

ENTRETIEN L.B.

Koh Lanta 2021, série girl-power ?

Karima : Déjà, on a toutes un profil un peu atypique. Quand on est arrivées sur le camp, on savait qu'il fallait ne pas se laisser mourir donc tout s'est enchaîné rapidement. Chaque fille savait ce qu'elle devait faire, on était en groupe, personne n'était à l'écart. Personne ne donnait ses ordres, ça s'est organisé de façon naturelle.

Quels ont été les avantages de faire équipe entre femmes ?

Je suis une femme et j'ai un métier d'homme

(dans l'armée française, ndlr), donc je suis plus pour la mixité. J'avais neuf aventurièr­es devant moi, mais que je sois face à des hommes ou des femmes, mon état d'esprit aurait été le même. Je ne voyais pas le côté

« féminine, girl power et compagnie ». J'étais avec des femmes avec qui je faisais tout pour survivre et c'est tout.

Tu penses que ce schéma de séparation des deux sexes serait à poursuivre dans l’émission ?

Pour moi, que ce soit avec des femmes ou des hommes, c'est kif kif. J'aurai la même mentalité et je serai moi-même dans tous les cas.

Tu as envie d’être un exemple pour les jeunes filles qui te regardent ?

On est toujours un exemple pour quelqu'un quand on fait de la télé. Tant mieux si elles se disent qu'une femme peut réussir face à un homme dans une épreuve physique.

On te parle de cette édition quand on te croise dans la rue ?

Ah oui ! Par exemple, c'était la rentrée d'école de ma petite l'autre jour, et en partant la chercher, j'entends : « C'est Karima de Koh-Lanta ! » Super (rires).

Les gens me reconnaiss­ent, mais ils sont assez gentils et bienveilla­nts. Après, sur les réseaux sociaux, c'est autre chose !

Verdict ?

On ne peut pas plaire à tout le monde. De toute façon, il faut être fidèle à soi-même et droit dans ses bottes. On a tous des caractères différents, on est ce qu'on est, et il faut assumer.

Tu étais contente qu’on te propose cette édition spéciale ?

Quand on nous l'a proposée, on s'est toutes dit : il va y avoir du level ! C'est mon côté « challengeu­se » qui m'a poussée à dire oui.

Ce que tu retires de cette aventure ?

Je me dis aujourd'hui qu'aucun aventurier ne peut être à l'aise dans tous les domaines. Il y en a qui vont avoir des difficulté­s par rapport à la nutrition, d'autres au manque de sommeil…

Et toi ?

Avoir à vivre en communauté avec des gens qui n'ont pas les mêmes valeurs que moi. Voilà !

Ce que tu changerais si tu pouvais refaire cette saison ?

Pas grand chose : j'ai été moi-même, je ne changerai pas !

ENTRETIEN M.P.

« TOUT POUR SURVIVRE ! » KARIMA, LA PLUS WARRIOR

Cette militaire de carrière, connue pour sa franchise tout-terrain, a été sortie lors du premier conseil. Mais attend sa deuxième chance sur l’île des bannis...

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LES BADASS DÉBARQUENT_ Clémence, Clémentine et Karima, en direct de l'île Taha'a (Polynésie française).
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