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« MON ALBUM A INFLUENCÉ MON VIN »

Pour son second album solo, Là où les Saules ne pleurent pas, le leader des BB Brunes s’est offert une cuvée du même nom. On déguste avec lui.

- Par Margot Pannequin (avec Serge Adam) Photos Mathieu Anglada

Comment est né ce projet des Apprentis Vignerons ? Adrien Gallo : J'ai des copains qui ont un bar à vin et je m'intéresse à l'oenologie. J'avais un petit complexe, j'avais très envie de pouvoir utiliser des termes, de savoir ce que je bois et comment ça a été fait. Et je suis passionné par les métiers d'artisanats. Je sais que mon père a fait du melon à Cavaillon du jour au lendemain. Il avait une ferme, il a été paysan et c'est un métier que j'admire.

Ton père aimait bien le vin lui aussi ?

Oui, le bon bordeaux. C'est lui rendre un peu hommage cette aventure, il aurait été fier que je fasse ça. Et c'était une manière d'apprendre de nouvelles choses, de sortir un peu de mon milieu.

C’est un peu lui qui t’a transmis cette passion ?

C'est vrai qu'au dîner familial il y avait toujours une bouteille de rouge associée à un très bon plat. Jeunes, on avait juste le droit de tremper les lèvres. J'ai découvert un peu plus vieux le plaisir de boire du bon vin.

Qu’est-ce que tu penses de ta rencontre avec le vigneron Bastien Pestourie de La Bastane ?

Bastien était hyper enjoué. C'est un amoureux du raisin, de la terre. Il m'expliquait tous les cycles de la viticultur­e, il y avait un côté un peu mystique, un lien avec la nature et je trouvais ça assez beau : prendre une poignée de terre et découvrir ce qu'il y a dedans. On voyait des fossiles de coquillage­s et d'huîtres quand la mer passait ici, il y a des centaines et des centaines d'années. Il y a quelque chose de spirituel.

Est-ce que 2021 a été un bon millésime pour Adrien Gallo ?

Avec la sortie de mon album solo, c'est forcément une belle année pour moi. Et j'ai la chance d'avoir pu l'enregistre­r dans une période pas facile. J'espère qu'il pourra faire du bien aux gens, on a besoin d'un peu de tendresse et de douceur.

Penses-tu pouvoir défier les autres avec les connaissan­ces que tu as acquises ?

Carrément ! Je peux un peu plus me la péter et dire « ce vin est tannique, etc. ». C'est pas du tout une compétitio­n mais j'ai l'impression d'être un peu plus érudit… juste un tout petit peu plus.

Pour en revenir à ta collaborat­ion, sur quel vin vous êtesvous dirigés ?

On avait envie de quelque chose de pas trop fort, un vin plus que l'on boit avant les dîners. Un vin d'apéritif ! De fait, il est assez fluide, assez léger pour un rouge. J'en suis hyper fier.

Trouves-tu que ce vin laisse bien transparaî­tre sa personnali­té ?

Oui, nous avons choisi le design de l'étiquette que j'ai fait avec le graphiste de mon album, la forme de la bouteille… On a vraiment pu s'éclater de A à Z sur cette bouteille.

En quoi ce projet va influencer ton avenir ?

Peut-être qu'un jour j'ouvrirai un fond et j'aurais un château, mais c'est beaucoup de travail. J'ai encore envie de faire pas mal de chansons. Après, partir à la campagne et changer totalement de vie, j'y pense régulièrem­ent et peut-être qu'un jour ça arrivera.

Léo Ferré, Francis Cabrel ou Gérard Depardieu se sont lancés dedans, alors pourquoi pas toi ?

Pour le moment, je reste chanteur, le vin c'était pour l'expérience. Je suis à fond sur la sortie de mon album. Même si c'est vrai qu'il y a quelque chose d'artistique dans l'élaboratio­n d'une cuvée. C'est quelque chose de sensoriel. Comme créer une chanson ou dessiner un tableau.

Le nom de la cuvée correspond au nom de ton prochain album, lequel a influencé l’autre ?

C'est l'album qui a influencé la cuvée, c'est un projet qui date depuis beaucoup plus longtemps, je l'ai écrit au moins sur cinq ou six ans. C'est plus un petit clin d'oeil à l'album.

Tu t’es entouré d’un orchestre pour ton album, pourquoi ce choix ?

J'avais vraiment envie d'un truc artisanal, joué par de vrais instrument­istes. Je voulais des violons, ça a un côté imparfait mais charmant, c'était hyper important pour moi. Et pas vraiment d'ordinateur­s : on était dix dans la même pièce à jouer en même temps en live. J'en avais besoin pour créer un peu de charme.

Sur ton clip « Chut », c’est Julia Johansen qui est à la batterie en plus de chanter. Cette jeune mannequin a-t-elle donc plusieurs casquettes ?

Elle est batteuse, en réalité pas sur cet album, mais dans un groupe que j'aime beaucoup qui s'appelle Oracle Sisters, en plus d'être mannequin. C'est une super chanteuse et musicienne, elle joue de la guitare aussi.

Tu avais déjà eu l’occasion de travailler avec ?

Non, je l'ai connue par des amis communs, qui composent le groupe Papooz. Je l'ai entendue chanter après un de leurs concerts, et j'ai adoré sa voix. Je lui ai demandé de venir chanter sur la démo de « Chut ». Et au final on l'a gardé à l'enregistre­ment.

Ta soeur aussi participe à l’album ?

Oui, elle est actrice en temps normal. Là, elle chante sur « L'un aime l'autre et l'autre un autre ». Elle a aussi plusieurs casquettes du coup.

Tu disais dans une interview que l’important pour toi était de te réinventer. Comment l’as-tu fait pour cet album ?

C'est plus par rapport à mes influences qui sont très chansons françaises : Nino Ferrer, Georges Moustaki, Barbara ou Georges Brassens. Ils sont intemporel­s. J'avais en tête tout ce registre, qu'écoutait beaucoup mon père aussi.

Tu n’avais rien sorti depuis 2014. Comment appréhende­s-tu ce grand retour en solo ?

Je suis hyper content de pouvoir sortir cet album qui me tient à coeur depuis longtemps. J'ai l'impression d'être en accord avec ce que j'ai envie de proposer aux gens. Il s'est passé énormément de choses ces dix dernières années, c'est un peu le résultat de tout ça. Il y a eu à la fois une rupture extrêmemen­t douloureus­e (j'en parle dans une de mes chansons), mais aussi la rencontre de la mère de mes enfants. D'ailleurs mes deux enfants chantent, on les entend sur la première chanson de l'album.

Si ton album devait être un vin, lequel serait-ce ?

Je pense que ce serait un vin orange qui est plus du Portugal. C'est un vin particulie­r que je trouve extrêmemen­t bon. Il est assez frais, estival, plutôt fruité. Parce que j'ose espérer que l'album est un peu lumineux et est assez atypique aussi.

« L'ÉLABORATIO­N D'UNE CUVÉE, C'EST QUELQUE CHOSE DE SENSORIEL. »

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LE DOMAINE DES ROCKEURS_ Adrien en pleines vendanges de son futur nectare.

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