L'ÉVÉNEMENT DIWAN
Elle a remporté le dernier Lion d’or à la Mostra de Venise avec son deuxième film, le magistral L’Événement. Elle a également fait ses débuts dans ce magazine... Retour sur une carrière impeccable.
Ce n’est pas courant de voir une ancienne stagiaire de la
rubrique « livres » décrocher un Lion d’Or à Venise. Et en même temps, on ne tombe pas des nues. Quand elle est entrée à Technikart, il y a une vingtaine d'années, Audrey nous a fait découvrir le Mathis, bar du 8e dans lequel se cachaient les people (et où elle connaissait plus ou moins tout le monde). Alors qu'elle écrivait pour ce magazine, elle faisait en parallèle un stage chez Com8, la marque de streetwear de JoeyStarr. Quand on la croisait à Glamour, à l'heure du déjeuner elle rédigeait un roman et pendant ses congés, elle travaillait comme scénariste pour la série de Canal +, Mafiosa. Ensuite, elle a participé au lancement français du freemium The Stylist tout en coécrivant les films de son compagnon de l'époque Cédric Jimenez Aux Yeux de tous ou La French… Audrey est toujours en retard, Audrey ne fait que passer parce qu'elle a un rendez-vous après, et un autre encore après… Il y a toujours eu quelque chose d'énergique et d'oxymorique chez cette jeune femme des beaux quartier qu'on a connu inscrite à la section des jeunes socialistes du 9e parce qu'il n'y en avait pas dans son 16e natal. Une suite de contradictions dont elle était bien décidée à se sortir en allant de l'avant. Et puis d'ailleurs, à quoi bon raconter des apéros au Flore avec Lolita Pille, et des soirées avec
Melvil Poupaud au Baron circa 2004. Ce n'est pas pour son carnet d'adresses qu'on fait son portrait aujourd'hui mais pour son film, le deuxième qu'elle réalise après Mais vous êtes fous (2019) – une histoire d'addiction et de famille, staring Pio Marmaï et Céline Sallette.
DÉMARCHE RÉFLÉCHIE
L'Événement est un long-métrage dur et explicite qui raconte un avortement clandestin dans la France des années 1960. Un film cash et trash au suspens pas du tout vintage. Il colle au pas de son héroïne : Anamaria Vartolomei, vue dans My Little Princesse ou L'échange des Princesses où il était déjà fortement question de domination masculine. « L'idée, c'était de ne pas faire un film de reconstitution, nous explique-t-elle à quelques semaines de sa sortie en salles. Si tu racontes cette histoire au passé, tu éloignes le sujet. Je voulais prendre cette histoire à bras le corps, la traverser, la vivre. Tous mes choix étaient orientés vers cette expérience-là. » Le discours est bien rodé, la démarche réfléchie : « La caméra de Laurent Tangy colle au personnage. Ce n'est jamais le décor qu'elle valorise, mais la manière qu'a le corps d'Anamaria de se mouvoir dans le cadre. Au début, il est un peu plus large, et plus elle marche vers l'inconnu,