ORELSAN, NOUVELLE STAR DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL ?
Ça ne rigole plus : à 39 ans, le rappeur aux cheveux blancs est devenu une idole de l’intelligentsia – régulièrement invité sur France Inter, il y est reçu comme un prophète. Il est vrai que son dernier album, La Fête est finie, avait été certifié diamant (500 000 ventes), et que 850 000 badauds s’étaient rendus à la tournée qui avait suivi. Le documentaire que son frère a réalisé sur lui, Montre jamais ça personne, est un des cartons de l’année. Pour son retour, il a choisi un titre à la Régis Debray : Civilisation. Le Monde a salué ce disque qui « égrène des solutions pour
mieux vivre ». On ignorait qu’Orelsan était désormais le Fabrice Midal du hip-hop. Les brebis perdues en quête de berger vont être déçues par Civilisation. Orelsan y déroule en boucle ses marottes habituelles – étude narcissique de sa médiocrité, etc. Il analyse maladroitement les tensions sociales actuelles (« Manifeste », « L’Odeur de l’essence »), prodigue des conseils avisés (« Baise le monde »), se souvient, régressif, de ses années pâte à modeler (« La Quête »). Ça ne vole pas haut. Avec cela, une production et des mélodies poussives. Le meilleur moment, dommage, c’est quand Pharrell Williams chante sur « Dernier verre ». Orelsan a encore des leçons à prendre. Civilisation (3ème Bureau).