LA MAIN DE DIEU PAOLO SORRENTINO (NETFLIX, À PARTIR DU 15 DECEMBRE)
Il y avait dans La Grande Bellezza, le chefd’oeuvre de Paolo Sorrentino, plusieurs plans sublimes où le héros revivait des fragments de son adolescence, notamment un baiser sous la lune. Dans La Main de Dieu, tourné pour Netflix, Sorrentino revient sur sa propre jeunesse, à Naples, dans les années 1980. Pour cela, il se dépouille de tous ses artifices, de sa mise en scène opératique, et filme à l’émotion ses parents excentriques et amoureux, les filles, ou comment Maradona va lui sauver la vie…
Pour cette oeuvre qui touche au coeur, Sorrentino retrouve l’immense Toni Servillo, son acteur fétiche, et cisèle un roman d’apprentissage, à la fois léger et drôle, bourré de personnages hauts en couleur, comme San Gennaro et le petit moine, une baronne excentrique, une tante sexy ou le fantôme de Fellini. Au bout d’une heure, Sorrentino te cueille et change de registre. Il se met à nu avec le deuil qui l’a frappé, et dévoile son goût pour le cinéma qui va se révéler comme une échappatoire à une réalité devenue désormais insupportable, inventant d’autres vies que la sienne. Comme le héros de La Grande Bellezza, Sorrentino se réconcilie avec son passé et avec luimême. C’est grandiose, envoûtant, mélancolique, une odyssée proustienne vers le paradis.