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HOUSES MUSIC

Il fait autant parler par ses achats de maisons de luxe que par sa musique mêlant pop, soul et house : The Weeknd mérite-t-il que l’on prenne une chambre dans son nouvel album ?

- LOUIS-HENRI DE LA ROCHEFOUCA­ULD

C’est le Cadet Rousselle du R’n’B. En août dernier, on apprenait que The Weeknd venait de s’acheter une nouvelle villa à Bel Air. Pas précisémen­t une bicoque. Si elle ne jouit pas du cachet de l’ancien, cher aux agents immobilier­s à chaussures pointues, la propriété rococo acquise pour 70 millions de dollars comporte un court de tennis, un hammam, un spa, deux piscines (une à l’extérieur, une à l’intérieur), neuf chambres, des salons plus grands que celui (mythique) de Paul Morand, une salle de cinéma, un studio d’enregistre­ment et autres aménagemen­ts de standing… The Weeknd, qui ne s’embête pas, était déjà propriétai­re d’un joli penthouse à Beverly Hills, acheté 25 millions de dollars. L’homme aux trois maisons a en revanche revendu récemment sa baraque de Hidden Hills à Madonna (who else ?) pour la modique somme de 20 millions de dollars – malin, The Weeknd a quand même réussi à faire une petite plus-value sur cette minuscule opération. Se construire un patrimoine équivalent à celui de Xavier Niel (qui a mis 17 millions d’euros pour une résidence secondaire au Cap Ferret), c’est agréable quand il faut se détendre. Mais est-ce que ça apporte quelque chose quand il s’agit de se retrousser les manches pour composer des chansons qui dépotent ?

SON FUNKY

Vivre dans des quartiers chers permet de côtoyer des gens prestigieu­x, à Los Angeles comme à Marnes-la-Coquette. C’est ainsi par des relations de voisinage que The Weeknd a rencontré Jim Carrey, qui assure les interludes sur le disque.

On y croise aussi Quincy Jones. On sent que les albums du Michael Jackson grande époque habitent l’inconscien­t du nouveau riche de Bel Air : il est obsédé par l’idée de créer un son funky qui innove tout en restant dans le champ de la pop. Pour enregistre­r son Thriller à lui, il a largement ouvert son studio – l’avantage d’avoir des pièces infinies, c’est que ça permet d’accueillir de nombreux invités. Sauf les Français Daft Punk, Gesaffelst­ein et Stéphane Plaza, qui sont restés à la porte de Dawn FM. Y sont présents Tyler, The Creator et Lil Wayne, mais aussi Max Martin et Calvin Harris. Plus inattendu a priori, Daniel Lopatin alias Oneohtrix Point Never – rappelons qu’ils ont déjà collaboré. Il apporte une touche expériment­ale aux seize pièces composant Dawn FM. Que penser, en fin de compte, de ce vaste manoir arrangé avec un certain goût ? Sans surprise, les morceaux les plus mélancoliq­ues sont les meilleurs (« Out of Time », « Here We Go… Again », « I Heard You’re Married »). Malgré Oneohtrix Point Never, ça ne part jamais dans le bizarroïde pour laborantin­s sur la paille. Il y a même des moments carrément FM (l’entêtant « Less Than Zero », rien à voir avec Bret Easton Ellis). Dans l’ensemble, on dirait un Felix da Housecat grand public, avec une oreille dans la house à l’ancienne, et un oeil tourné vers la variété de l’avenir. Tout cela doit rendre très bien sur les enceintes hors de prix que l’on imagine chez The Weeknd. Mais ça doit faire une drôle d’impression quand on est sans-abri.

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DAWN FM (XO/UNIVERSAL)
THE WEEKND DAWN FM (XO/UNIVERSAL)

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