« DANS CINQ ANS, LE NFT REPRÉSENTERA 80 % DE L’ART MONDIAL. »

LE PIONNIER THIERRY EHRMANN, CRÉATEUR DE LA MÉGA-SCULPTURE CYBERPUNK LA DEMEURE DU CHAOS, EST AUSSI LE FONDATEUR D’ARTPRICE, INDICE SUR LE MARCHÉ DE L’ART. IL NOUS DÉCRYPTE LA RÉVOLUTION NFT.

Vous faites la comparaison entre le NFT et l’invention de l’imprimerie, qu’entendez-vous par là ?

Thierry Ehrmann : C’est un nouveau paradigme où l’artiste se retrouve au coeur du marché. Jusque-là, il fonctionnait avec un marchand situé entre le père et le proxénète : « Je te paye ton atelier, t’as de quoi pieuter, tu me fais des

séries… ». Aujourd’hui l’artiste comprend qu’il peut le faire lui-même. De la même manière, autrefois, c’était l’Académie qui dictait ce qu’on mettait dans le salon des beaux-arts, puis les marchands, les curateurs etc. ont pris le relais. Mais les NFT font péter cette barrière, l’artiste retrouve une dimension car le marché sélectionne lui-même les artistes.

Le NFT rend l’art plus accessible ?

Robert Combas me disait à propos des ses oeuvres, « aujourd’hui, les minots entre 20 et 30 ans ne peuvent pas les acheter, mais c’est à eux

que j’ai envie de les vendre ». Ça va permettre à une jeune génération d’accéder pour beaucoup moins cher à des grands artistes. Je ne vois pas pourquoi on ne collectionnerait pas de l’art avantmême d’acheter sa maison ou son canapé Ikéa. Le NFT va s’imposer quoi qu’il arrive selon vous ?

Il faut vivre avec son temps. Dans cinq ans, le NFT représentera 80 % de l’art mondial, au lieu d’avoir quelques millions de collectionneurs, on va avoir en avoir plus d’un milliard. Le marché de l’art comprend qu’il doit arrêter de prendre les gens qui achètent des NFTs pour des cons, au risque de passer pour des gros cons bientôt. Mais ils vont finir par se rapprocher, comme deux pierres qu’on met dans une machine à laver, qui deviennent toutes rondes.