CECI EST UNE OEUVRE D'ART *
Il est trois heures du mat', en pleine semaine : vous avez de la chance, vous dormez paisiblement. Moi, j'en ai pour une bonne heure, minimum, avant de me rendormir. Merci, Arlo. (Ne l'accablons pas trop. Il a six mois, et n'a pas encore saisi le concept de « faire sa nuit ». On a beau avoir suivi les consignes du docteur Naouri, il réclame systématiquement une nouvelle dose de bibi' deux ou trois heures après avoir été couché une première fois). Bref, ma nuit est cramée, autant rallumer Netflix et me replonger dans Le Journal d 'Andy Warhol, l'éclairante série docu sur le pape pop-art de Pittsburgh. Je n'avais pas accroché avec le premier épisode, allons-y pour le deuxième, consacré à son magazine Interview. Ça tombe bien. Même si le titre reste une référence pour nous autres ouvriers de la filière presse écrite, nous le connaissons mal.
On y découvre ses combines et coups de génie pour renflouer les caisses du mag' (peu a changé depuis ces lointaines années 1970-1980), mais aussi le regard désabusé qu'il porte sur la commercialisation de son travail. « Le business-art est l 'étape qui succède à l 'art, explique-t-il à un moment, de sa voix monotone et assurée. J 'ai commencé comme artiste publicitaire, et je veux finir comme business-artiste. Être bon en affaires est le plus fascinant des arts ». Il y a bien évidemment une part de provoc' dans ce que dit ce pionnier ayant émergé en plein règne hippie. Mais au-delà de celle-ci, Warhol invente, avec quarante ans d'avance, l'artiste de 2022, celui qui se retrouve en prise directe avec son public et la gestion de son image.
Au moment où nous bouclons ce magazine, nos émissaires partis à Venise pour la Biennale nous le confirment. Ils y ont tous découvert une sorte de grand happening à ciel ouvert où, certes, les marques de luxe donnaient le la, mais où les artistes, eux, se montraient tout aussi entreprenants. Une sorte de mariage réussi entre le créatif et le commercial que les artistes, les marques (et aussi, tout magazine un brin ambitieux) se doivent désormais de réussir.
*Bonne lecture de cette oeuvre unique que vous venez d'acquérir pour six euros,
PS : Vous trouverez avec ce Technikart notre supplément « Live au Bon Marché Rive Gauche ! »