« UN TOC DE L'ART CONTEMPORAIN »
Itzhak Goldberg,
historien de l’art ( Lieux communs, l’art du cliché, éditions du CNRS), nous a parlé du lien entre art contemporain et marketing, entre deux vaporettos à la Biennale de Venise.
Quand on achète une OEuvre d’art, qu'achetons-nous ? Itzhak Goldberg :
Aujourd'hui, on constate une évolution du marché de l'art vers quelque chose de moins précieux et de plus populaire. Je nomme cette tendance celle du « lieu commun » : une oeuvre d’art devient lieu commun quand la distance entre celle-ci et une affiche publicitaire est particulièrement ténue.
Pour vous, les pros du « bizz-art » sont de formidables publicitaires.
Tout à fait. Quand je dis, « lieu commun », je fais référence à l'efficacité immédiate du message de l'artiste.
Vous êtes particulièrement critique du kitsch associé à ces OEuvres.
Oui, car le kitsch est une façon d’accentuer un sentiment, de le pousser à l’extrême, le transformant ainsi en lieu commun.
Mais justement, ce renversement permet de toucher un public beaucoup plus large...
Oui, c'est le principe : c’est la possibilité que toute personne s’y reconnaisse, parce que ça fait partie d’un discours commun. Mais dans l’art contemporain, cette quête de popularité est devenue un style. C’est presque un toc de vouloir jouer contre l’originalité. Dans ce cas, quelque chose de banal, de stéréotypé, devient presque une valeur en soi
c'est warholien, non ?
Tout à fait. On a tendance à ne voir que le côté négatif des lieux communs, mais ils permettent aussi à la société de trouver des terrains d'entente. Y compris entre les artistes et le marché...