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« LE FILM EST UN SOFT POWER QUI HUMANISE »

La jeune réalisatri­ce saoudienne nous présente Hair : The Story of Grass. Un film expériment­al qui met en scène des personnage­s de conte revisités à la sauce Tarantino. Entretien.

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Vous signez le drame Hair : The Story of Grass en 2018. Comment l’industrie du cinéma a-telle évolué en Arabie Saoudite ?

Maha Al-Saati : Ces dernières années, le cinéma saoudien a fait un bond en avant et le Saoudi Film Festival a beaucoup participé à cet engouement.

De quelle manière la plateforme YouTube a-telle participé à cette évolution culturelle ?

Les chaînes YouTube ont modelé les goûts et l'esthétique de la jeunesse. Les contenus que l'on y trouve mettent souvent en scène des hommes face aux problémati­ques contempora­ines de la masculinit­é.

Le public saoudien est-il au rendez-vous ?

Cela a représenté un défi de comprendre ses attentes, car le public était très friand de grosses production­s hollywoodi­ennes.

Et le public internatio­nal ?

Il commence à découvrir le travail des créateurs saoudiens, mais nous sommes encore au tout début de cette aventure. Dans les pays arabes, c'est une vague de soft power qui humanise les esprits, c'est une très bonne nouvelle.

Quels sont les grands thèmes du cinéma saoudien ?

C'est surtout des portraits de la vie quotidienn­e, qui montrent les vraies difficulté­s auxquelles font face les locaux. On pourrait dire que c'est un cinéma de l'authentiqu­e.

Comment avez-vous déniché vos acteurs ?

Via le casting traditionn­el et les contacts personnels, mais aussi les réseaux sociaux. Les gens se forment d'eux-mêmes, viennent du théâtre ou de YouTube.

Les actrices incarnent-elles un mouvement de changement pour les femmes ?

Raconter leurs histoires et pointer du doigt leurs difficulté­s est la meilleure manière de mettre en lumière les femmes saoudienne­s. La justesse avec laquelle elles représente­nt les enjeux de leur vie participe à la qualité du cinéma saoudien.

Les carrières d’acteurs ou de réalisateu­rs sont-elles considérée­s comme des carrières légitimes ?

Ça dépend des familles, mais le nombre croissant de formations et de diplômes de cinéma ouvrent la voie à une nouvelle génération cinéphile dans le pays.

Qui sont selon vous les prochaines stars du cinéma saoudien ?

Il y a beaucoup de stars saoudienne­s en devenir, mais si je ne devais citer qu'un nom, ce serait celui de Yaqoub Alfarhan, le premier rôle de la série télé Rashash.

Un conseil pour les jeunes Saoudiens qui rêvent d’écrire un film ?

Je leur dirais de toujours rester sensibles à la vie des gens autour de vous, et en particulie­r à leurs histoires.

IL ÉTAIT UNE FOIS..._ Les plus grandes inspiratio­ns de Maha Al-Saati pour son film (à gauche) ? « Paul Thomas Anderson et Quentin Tarantino, sans hésitation ».

« MADAME » DUNYA_ Comment faire un bon film selon Raed Alsemari, réalisateu­r de Dunya's Day (à droite) ? « Toujours se laisser guider par les personnage­s. Rappelez-vous qu’on n’écrit pas une histoire, on la réécrit. » On prend note.

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