« UN MARIAGE ENTRE LA MODE ET LE SPORT »
Jamel Khadir, vice-président de Palladium, et Adrien Touati, directeur design, comptent fêter les 75 ans de la marque culte comme il se doit. Rencontre.
Palladium a été créée en France en 1947. Quel est le secret de sa longévité ? Adrien
Touati : S'adapter sans perdre de vue son ADN d'origine. Si on prend notre produit iconique, la Pampa, il y a trois choses qui se démarquent : le côté durable de la chaussure, son confort et l'aspect protection. Des valeurs intemporelles.
Jamel Khadir : Notre objectif n'est pas de suivre la tendance mais de ne jamais oublier que nous sommes une marque orientée vers l'exploration et l'outdoor. Aujourd'hui, nous ne sommes plus vus comme de simples chaussures de randonnée, même si nous pouvons être utilisés comme tel, toujours avec style. Palladium, c'est un mariage entre la mode et le sport, entre l'urbain et l'outdoor.
Adrien, vous avez été designer de sneakers pour Dolce & Gabbana avant d’arriver à la tête du pôle design chez Palladium. Qu’avez-vous appris dans le milieu du luxe ?
Adrien : Cela m'a permis d'observer cet univers-là, avec ses méthodes et son approche créative. C'est assez stimulant, et j'essaie d'apporter cette même créativité à Palladium.
Vous étiez aux premières loges quand le luxe s'est intéressé très sérieusement au streetwear.
Adrien : Oui ! Les sneakers sont arrivées en force dans le luxe, le phénomène a explosé à partir de ces années-là. Même les marques de streetwear se sont mises à collaborer avec les grandes maisons et ça a démocratisé le luxe.
Jamel : C'est l'outdoor qui est venu conquérir la mode. Et Palladium s'en est grandement inspiré.
Comment l'image de marque évolue-t-elle ?
Adrien : On a beaucoup travaillé sur l'organisation de la collection. Quelque temps après mon arrivée, en 2014, la stratégie a été de construire la marque autour de notre produit phare, la Pampa. Son look est iconique, avec son nez en caoutchouc, son crantage prononcé, et nous voulions être capables de nous adapter aux tendances sans perdre l'ADN de la marque. À côté de ça, on voulait retrouver l'état d'esprit originel de la marque : construire une chaussure plus fonctionnelle. La première Pampa a été dessinée pour l'armée française, il y a 75 ans, et c'était un produit qui devait être multi-terrains, souple, séchable rapidement, durable, résistant...
Et aujourd’hui ?
Jamel : On a rassemblé les collections en trois catégories : « L'héritage », c'est le produit authentique et historique créé à la fin des années 1940, en toile et avec des matières authentiques. Pour moderniser les silhouettes et innover, on a créé la catégorie « Métro », pour laquelle on s'inspire de ce qui se fait dans la sphère mode, en ajoutant notre ADN pour moderniser notre look iconique. Enfin, avec « Utility », on produit une chaussure plus fonctionnelle pour permettre aux personnes d'avoir un usage un peu plus actif. C'est revenir à la fonction originelle de Palladium avec des matières, des exécutions et des procédés de fabrication plus contemporains.
Comment arrive-t-on à moderniser une marque tout en préservant son identité historique ?
Adrien : La mode est un renouvellement perpétuel. Une belle pièce traverse le temps sans aucune ride. Le vrai challenge est de proposer des produits intemporels en les améliorant avec les matières, les processus et les couleurs.
La suite ?
Adrien : Bien fêter nos 75 ans et continuer de rendre notre marque pertinente pour les consommatrices et consommateurs plus jeunes.
Le look iconique de la Pampa a eu une influence certaine sur les modèles de street-luxe qu'on a pu voir chez Celine ou Chanel. Vous êtes des pionniers ?
Jamel : Ah ah ! Quand on voit des modèles inspirés de la Pampa chez les acteurs du luxe ou même de la fast-fashion, on se dit que la marque a de l'avenir. Vivement les 75 prochaines années.