L'AMOUR AVEC UN GRAND…
B comme Bones and all.
En cet automne vécu en t-shirts rétro', pantalons en lin et avec la sourde crainte d'une Troisième Guerre mondiale, nous découvrons le nouveau film de Luca Guadagnino. Une histoire d'amour totale, cannibale, entre deux teenagers, incarnés par nos cover-stars Taylor Russell et Timothée Chalamet, perdus dans des paysages dévastés évoquant ceux de l'Amérique 80's. Une histoire passionnelle, vécue avec son lot de contrariétés, certes – mais coupée de l'hyper-connectivité qui caractérise nos années 20's. En découvrant ce film d'une intensité rare, on en vient presque à préférer, pour son propre couple, une rupture sanguinolente à celle causée par la banale tentation du swipe. J'ai bien dit presque…
Quant à notre team cinéma, plus stoïque que le reste de la rédaction, elle note que ce film scelle l'histoire d'amour professionnelle unissant, depuis le séminal Call me by your name en 2019, Timothée Chalamet, l'acteur le plus excitant de sa génération, et Guadagnino, le réal' le plus férocement singulier à émerger ces dernières années.
C comme Coup de foudre.
Depuis notre bunker de Paris-Centre, on en consomme, des confs de presse. En liens zoom, en différé, et même en live. Mais une image venue du festival de Venise au mois de septembre nous l'a confirmé : Chalamet n'est pas qu'une belle tête supérieurement douée pour le jeu d'acteur. On l'a d'abord remarqué, debout à l'arrière d'un élégant Riva speedant sur les canaux de la cité des Doges. En break du tournage du second volet de Dune, il arbore un vieux t-shirt à la gloire du groupe Bauhaus ; on l'aime un peu. Pour la projection du film, le poster-boy de la Gen Z arrive sur le red-carpet habillé d'un magnifique « bare back » rouge sang signé Haider Ackermann. L'attention de la planète est captée illico (Chalamet expliquera à notre journaliste « I would do ANYTHING for the movie ») ; on l'aime beaucoup. Puis arrive la conférence de presse, que nous suivons en streaming. En bon pro, la superstar de 26 ans slalome entre les questions hors-sujet, les recentre sur le film, tout en balançant, entre deux gorgées d'eau minérale, ce constat implacable : « Être jeune aujourd'hui, c'est être intensément jugé. Je ne peux imaginer ce que c'est que de grandir sans l'assaut des réseaux sociaux. C'était donc un soulagement de jouer des personnages aux prises avec un dilemme interne et qui n'avaient pas la possibilité d'aller sur Reddit, Twitter, Instagram, TikTok… L'époque actuelle est difficile à vivre, l'effondrement sociétal n'est pas loin. » Timothée : on t'aime, passionnément.
D comme Déraisonnable.
Resté fidèle aux conseils jadis prodigués par DiCaprio, « pas de films de super-héros, et pas de drogues dures », Chalamet ajoute donc ce Bones and all à une filmo' déjà impeccable. Il s'agit d'une expérience viscérale, que nous retournerons vivre en salles dès le 23 novembre. (Nos excuses, Technikart t'aime au-delà du raisonnable.)
PS : Vous trouverez inclus avec ce numéro un supplément de 32 pages, Art et Vivant.