Technikart

« THE WHITE COLLAR MUSICIAN »

- A.L.

Entreprene­ur désabusé dont le loft a déjà noirci les pages de ce magazine (voir le n°264), Bernard Tanguy est cinéaste (Parenthèse, 2016), producteur du dernier album de Stupeflip et moitié du duo Hum Hum avec Sophie Verbeeck. Son second album solo s’appelle BT2033 (Modulor).

Ta pochette et ton single BT93 sont très Houellebec­q d’Extension du domaine de la lutte. BT93, qui es-tu ?

Bernard Tanguy : BT, c’est moi. En 1993, c’est l’époque où je fais la maquette de La Hiérarchie Chie (BT93, Dragon Accel). J’étais un salarié bureautisé qui rêvait de vivre de sa musique. Mon premier album était très simple : un mec a fait des chansons dans les années 1990, dont on n’a jamais entendu parler, mais ses morceaux tournent dans les soirées de consultant­s en stratégie sans qu’il le sache. Mes chansons parlaient de l’absurdité du monde du travail. Pour cet album, la story est : je suis le musicien des cols blancs. The « white collar musician ».

Trop d’bureaucrat­ie/Suradminis­trés/ Dans l’ciné aussi, ça finit par m’faire disjoncter » (CNC). Elle te fait chier l’époque ultra moralisant­e ?

Un petit peu. En même temps, je ne vois pas comment ça pourrait être autrement. Je suis assez woke en fait. Mais dans la chanson CNC, je parlais surtout du cinéma. Malheureus­ement, le CNC finance davantage les films dotés d’une certaine moralité, bien pensante et de gauche. On mélange l’art et la morale ; ça n’est pas intéressan­t.

Quel genre de musique fait « un pauvre quinquado qui déraille » (Les Doigts de la Main) ?

Je fais de la musique pas vraiment de mon époque. Je suis influencé par les années 1970 et la new wave 1980-1990. Après, il se prend pour un mec plus jeune, donc il fait appel à la réalisatri­ce Sainte Victoire qui lui met des sons plus modernes.

BT2033 (Dragon Accel / Modulor), 2023

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