LES RINGARDS DE L'I.A.
Vous avez l'impression d'être au sommet de la hype en faisant appel à Midjourney pour vos créas ? Eh bien, comment vous dire...
Rien de plus éprouvant qu'un communicant cherchant à en impressionner un autre… Un mannequin noir au scaple doré vêtu d'une tenue symétrique fauve et futuriste, regardant vers l'horizon comme tout droit sorti d'un film de Peyton Reed (Ant Man et la Guêpe). C'est comme cela que CB News veut réinventer le luxe et imaginer son avenir proche. Une grande couverture de magazine qui reprend les codes esthétiques vus et revus du luxe et de la haute couture actuelle : or, minimalisme et influence futuriste ou sci-fi. En bref, rien de nouveau, si ce n'est ce détail : cette couverture a été créée par une intelligence artificielle. Face à l'I.A. et ses outils, il y a deux types d'utilisateurs : ceux qui l'utilisent comme un complément permettant de réaliser certaines tâches plus simplement, et ceux qui se contentent de quelques mots-clés pour laisser les algorithmes prendre des décisions créatives à leur place et qui balancent ces campagnes de pubs partout, devant nos yeux pas ébahis du tout. Utiliser une I.A. juste pour surfer sur la vague et gagner du temps, ce n'est pas un choix artistique, mais le choix de la facilité. Ce n'est pas la première fois que Ogilvy Paris, les « créateurs » de la page de couverture en question, utilisent l'I.A. pour une création. Ils l'avaient déjà faits avec Nestlé et la mythique Laitière de Vermeer, qu'ils ont détournée via l'outil Outpainting de DALL-E, qui permet de générer ce qui est hors du champ d'une photo. Le titre de la campagne ? « C’est si bon de prendre le temps ». Cela fait un peu sourire lorsqu'on apprend que la génération d'images par I.A. prend seulement quelques secondes.
FAST-ART EFFICACE
Le risque de ce marketing made in I.A. ? La rapidité risquerait de prendre le dessus sur la liberté et les processus artistiques et créatifs. Les créateurs des I.A. et les annonceurs pourraient s'associer pour choisir les tendances de l'art indirectement, ce qui bouleverserait complètement l'industrie. Les annonceurs doivent être bien conscients des limites de cette approche et des ces conséquences : générer du fast-art efficace, mais très pauvre artistiquement. C'est aux designers d'influencer les algorithmes et pas l'inverse !