TELEMAGAZINE

“Je suis en colère contre la vie !”

Dans Thé ou café depuis plus de vingt ans, elle tire de ses invités les confidence­s les plus intimes. Dans son nouveau livre À la vie à la mort*( encadré), elle va audelà… en évoquant avec certains la douleur du deuil et leur vision de l’issue fatale. Cat

- PAR FRÉDÉRIC JARREAU

Comment avez- vous fait le choix des célébrités que vous questionne­z ?

En choisissan­t un tel sujet, il fallait que je sois assurée que dans la conversati­on il y allait se passer quelque chose. J’ai choisi des personnes avec lesquelles je me sens bien. En prenant soin de varier les âges… de Gaël Faye, un auteur de 36 ans, à René de Obaldia qui a presque 100 ans. J’ai choisi autant de femmes que d’hommes.

Cela n’a-t-il pas été difficile de les faire parler de la mort ?

Au contraire, et ça m’a d’ailleurs étonnée et même touchée ! J’avais l’impression qu’ils avaient besoin d’en parler ! Certains bien sûr ont refusé, mais ceux qui ont accepté l’ont fait avec simplicité et force. Comme Michel Onfray quand il raconte le jour de la mort de sa compagne, ou Line Renaud quand elle détaille comment elle a habillé Loulou Gasté…

Pourquoi traiter ce thème qui ne vous ressemble tellement pas ?

Si vous m’aviez dit il y a quelques années que j’écrirais un jour un livre là- dessus, je vous aurais probableme­nt ri au nez ! Mais on prend un peu d’âge, on voit des gens autour de nous qui partent. On subit des épreuves : mes parents sont morts à trois mois d’intervalle­s, et on se pose des questions sur le sens de la vie. Je suis d’ailleurs en colère contre la vie. On naît, on grandit, on devient amoureux, on croit que l’avenir est à nous, et puis finalement elle ne nous épargne pas. Je prouve avec ce livre que les célébrités ne font pas exception.

Quelles confidence­s vous ont-elles le plus marquée ?

Jean- Louis Trintignan­t, qui se sent coupable de la mort de Marie, alors qu’on connaît celui qui doit se sentir coupable… Car ce 3 août 2003, il devait la retrouver à Vilnius mais il n’y est pas allé… Et Pierre Arditi à qui sa mère avait dit, enfant, que « mourir c’est dormir sans rêver » : depuis il a peur de partir pendant son sommeil et donc il dort très peu.

Quel est votre rapport à la mort ?

J’aimerais bien croire… ce serait plus facile. Mais je suis agnostique. Je crois qu’on laisse une énergie, qu’on se recycle peut-être, mais je ne crois pas à l’au-delà.

Thé ou café ne semble pas prêt de disparaîtr­e… Comment expliquer cette longévité ?

C’est le privilège du service public que de ne pas avoir trop de pression. J’ai toujours eu la confiance de ma direction, et j’en ai vu passer plusieurs… On renouvelle l’émission le plus possible. Et puis il n’y a plus d’émission intimiste. Les « Barnums » avec un animateur et des chroniqueu­rs en plateau, c’est bien. Mais je suis sûre qu’on va revenir à quelque chose de plus posé. Il n’y a qu’à voir le succès des livres sur le développem­ent personnel…

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