TELEMAGAZINE

La folie Bigflo & Oil

Avec leur tube Dommage, Florian et Olivio Ordonez, les deux frangins rappeurs toulousain­s, ont conquis tous les publics en 2017 avec leur formidable talent d’écriture. Cette année, ils sont sur les routes pour une grande tournée, à la rencontre de leurs f

- PAR FRÉDÉRIC JARREAU

Big flouze… et au lit ! Voilà ce à quoi se résumerait en ce moment la vie de nos deux garçons, affirment certaines mauvaises langues adeptes des jeux de mots. On est en fait sûrement très loin de la réalité. D’abord parce qu’ils vont devoir encore patienter avant de toucher la totalité des droits d’auteurs qui leur revient – il y a toujours un petit délai… Ensuite, on les imagine mal – bien accompagné­s ou non – au fond d’une alcôve, sur un transat ou un hamac… L’ampleur de leur tournée ne leur en laisse vraiment pas le temps (voir notre encadré). La scène est leur domaine, et depuis toujours. « Notre père, d’origine argentine, est chanteur de salsa, et dès l’âge de 10 ans on était sur scène avec lui, on jouait des maracas, on a donc l’habitude d’être en public », explique Florian, très enthousias­te à l’idée de poursuivre toujours et encore cette sacrée tournée. À l’écouter, on n’est pas loin de penser que la « vraie vie » qu’ils évoquent dans leur dernier album est réellement la leur. « Dans nos titres, on parle de ce que l’on vit à Toulouse, avec nos potes, analyse Olivio. Et rien n’a changé, même si maintenant on chante devant 5 000 personnes ! » Et ce sont plus de 300 000 acheteurs qui se sont rués sur cet opus depuis sa sortie l’été dernier. « C’est un soulagemen­t et la preuve que pour le premier, ce n’était pas un coup de chance, ça permet d’être confiant dans l’avenir. » Ce « premier », intitulé La cour des grands, avait atteint l’honorable seuil des 100 000 copies. « Dans celui-là, on ne parlait pas vraiment de nous. On nous l’a reproché. C’était par pudeur. Maintenant on se livre davantage. » Les deux frangins semblent donc installés pour longtemps dans le paysage musical français. Surtout depuis que le public leur a décerné en février la Victoire de la chanson francophon­e de l’année pour Dommage. Un tube en forme de jolie comptine des temps modernes, où l’existence apparaît comme une succession d’occasions manquées faute d’avoir osé tenter sa chance. Louis, Yasmine, Diego et Pauline, les personnage­s de la chanson, nous sont devenus intimes car sur certains points ils sont proches de ce que nous pouvons parfois être. Vous en connaissez forcément le refrain : « Ah il aurait dû y aller, il aurait dû le faire / Crois moi / On a tous dit : “Ah c’est dommage, ah c’est dommage, c’est p’t’être la dernière fois !” » Un titre qui, prenons-en le pari, fera partie des incontourn­ables de la décennie qui s’achève. Avec Florian et Olivio, il ne faut pas chercher la performanc­e vocale… car il n’y en a aucune ! Mais on trouve chez eux un naturel qui compense toute éventuelle lacune. « On se définit comme des rappeurs, mais pas que. On n’a pas envie d’être dans une cage, ni de suivre le code d’honneur du “livre saint” du rap. On n’est obligé de rien » estime Olivio. Tous les deux ont même conscience de presque créer un genre musical à part entière. « Dans le rap, il faut de tout pour faire un monde ; mais on ne prend pas le temps de parler de la vraie vie des gens. Tous les deux, on n’a pas voulu se créer un

“ON SE DÉFINIT COMME DES RAPPEURS, MAIS PAS QUE. ON N’A PAS ENVIE D’ÊTRE DANS UNE CAGE ” OLIVIO

personnage comme tous ces rappeurs qui ne parlent que de meufs et de bagnoles à longueur de temps ! » Ce qui fait aussi leur originalit­é assumée, c’est le public auquel ils s’adressent, de 7 à 77 ans, dans un français plutôt correct ! « Nous on aime s’adresser aux plus jeunes. Certains dénigrent ce public. Nous, nous l’avons toujours respecté. Au collège, nous aussi, on était fans de plein de gens ! », rappelle Olivio. Cette sagesse et ce respect proclamé de l’auditeur les différenci­ent de leurs confrères. Ce qui induit aussi contre eux bon nombre de critiques et de moqueries. Orelsan refuse ainsi de travailler avec eux. Le contact est en revanche très bien passé avec Mc Solaar, avec qui un projet commun est en cours… « Certains nous reprochent de faire une musique trop lisse, bon enfant, pleine de bons sentiments. On le prend comme un compliment, explique Florian. Nous avons une responsabi­lité, plus qu’un rocker ou un chanteur de variétés. Quand des jeunes nous écoutent, s’identifien­t, on se doit de faire un minimum gaffe ! » Dans la chanson La vraie vie, le message est clair et à l’opposé de ce que ce milieu encore très machiste du rap véhicule le plus souvent : « Les filles, vous n’êtes pas qu’une paire de seins et un cul / Arrêtez de danser sur une musique qui vous insulte ! » En fait, Bigflo & Oli, ce sont deux braves gars avec qui on a envie d’être ami en juste retour du bonheur qu’ils procurent. « Pourquoi on se lève le matin ? Pour essayer d’être positif, ouvert d’esprit, de donner de l’amour aux gens qu’on aime… » précisent-ils. Pas de nouvelles pour l’instant sur un possible, éventuel, hypothétiq­ue futur nouvel album. La maison de disques s’impatiente car aucune échéance n’est, hélas !, officielle­ment fixée. « Ah c’est dommage, ah c’est dommage… c’est p’t’ être la dernière fois » qu’on les entendait… Cela dit, restons optimistes et savourons leur tournée !

 ??  ?? Bigflo (Florian) est né le 22 janvier 1993, Oli (Olivio) le 19 avril 1996. Ils ont grandi et vivent toujours à Toulouse. Leur père est argentin et leur mère d’origine algérienne. Oli joue de la trompette, Flo du piano et de la batterie. Ils ont mis en...
Bigflo (Florian) est né le 22 janvier 1993, Oli (Olivio) le 19 avril 1996. Ils ont grandi et vivent toujours à Toulouse. Leur père est argentin et leur mère d’origine algérienne. Oli joue de la trompette, Flo du piano et de la batterie. Ils ont mis en...

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