ZONE INTERDITE Au chevet de l’innocence brisée
À travers un documentairechoc, l’émission de M6 s’attache à dépeindre tous les visages de la maltraitance infantile et à passer en revue tous les moyens de la combattre.
En 2013, la petite Fiona décédait des suites des sévices infligés par sa mère Cécile Bourgeon et le compagnon de celle-ci, Berkane Makhlouf. Traumatisme national, la mort de la fillette sonnait également comme un écho à beaucoup d’autres drames du même genre : selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), plusieurs centaines de mineurs succombent chaque année dans l’Hexagone à cause des coups de leurs parents ou de leurs coupables négligences. Le système de protection de notre société est-il défaillant ? Pourra- t- on un jour réussir à prévenir efficacement ce type de tragédies ? Zone Interdite, sous la houlette de son animatrice Ophélie Meunier, a en tous cas décidé de lever le voile sur les diverses institutions censées offrir aux plus jeunes un bouclier contre les mauvais traitements auxquels ils peuvent être confrontés. Ce documentaire de Sabrina Van Tasse nous offre d’abord le rare privilège d’entrer dans un Centre départemental de l’enfance ( CDE), celui de la Moselle, où sont accueillis les enfants qui onf fait l’objet d’une demande de placement. Ils restent dans ce lieu quelques temps, selon la gravité de leur situation, avant de rejoindre une autre structure ou de regagner leur domicile sous l’oeil très vigilant des services sociaux. Dans cette enceinte où les psychologues, les infirmiers et les éducateurs tentent de pallier au mieux leur manque de repères familiaux et de panser leurs carences affectives, certains n’ont que trois semaines – et ont été victimes du syndrome du bébé secoué –, d’autres ont été retirés à leurs mamans dès la maternité car celles-ci étaient incapables de répondre à leurs besoins les plus élémentaires. La mission à remplir y est sans répit : en pleine nuit, l’équipe de garde ouvre ainsi sa porte à trois soeurs qui étaient fréquemment enfermées dans leur chambre par leur beau-père de la fin d’aprèsmidi jusqu’au matin et étaient frappées avec des chaussures. « Elles ne sont pas dupes, elles savent qu’elles ne retourneront pas à la maison demain », explique Denis Poisson, le directeur de l’établissement. Le film nous emmène ensuite au coeur d’un foyer où beaucoup des adolescents que l’on rencontre sont souvent présents depuis une décennie, voire plus. Pour Yoann, qui va le quitter à ses 18 ans, l’avenir ressemble à un saut vers l’inconnu… Enfin, parce que le sort des victimes relève aussi de l’institution pénale, M6 donne la parole à Arlette Soury, juge des enfants à Metz, qui témoigne de la complexité d’évaluer ce qui est bon ou pas pour eux, entre l’éloignement nécessaire d’avec des proches violents et la nécessité de maintenir malgré tout un lien familial.