Jean Paul Gaultier
France 2 donne carte blanche au génial créateur qui réinvente actuellement le genre de la « revue » aux Folies Bergère. Le couturier star offre un spectacle musical flamboyant qui célèbre plusieurs décennies de succès international. Rencontre.
Quel est l’esprit de votre spectacle ? Cette revue se veut une fête pleine de fantaisie et de légèreté. Tout débute chez ma grand-mère, je regardais la télévision et j’y ai vu à 9 ans une revue des Folies Bergère. Plus tard, j’ai vu Falbalas de Jacques Becker avec Micheline Presle. Deux découvertes fondatrices. Au début du siècle dernier, dans les revues, on parlait de l’actualité... et puis c’est devenu de plus en plus déshabillé pour aboutir à ce qu’ont fait Mistinguett, Joséphine Baker et d’autres. Ensuite, le cinéma a pris plus d’importance, les concerts aussi... et la revue est passée de mode ! Là je montre mon trajet, mon enfance, mes premières collections, j’ai un peu mélangé les époques, j’évoque évidemment mes muses, des femmes fortes comme Edwige et Farida.
Comment s’est fait la connexion avec B. Demi-Mondaine ?
Je cherchais des filles fortes donc. Et je regarde The Voice, j’adore cette émission. Je viens d’un milieu populaire, ma grand-mère regardait Le jeu de la chance, le premier télé-crochet de l’histoire de la télé ! Il m’est même arrivé de refuser un rendez- vous de travail pour regarder l’émission (rires)... Et chez Béatrice, j’ai été bluffé par tout : le choix des chansons, ses cheveux, son allure. C’était l’élément rock qui me manquait ! Et dans mes créations, l’influence rock est réelle, comme l’influence punk. J’aimais Londres, c’était le paradis, la liberté. Edwige était notre « french punk », le premier mannequin qui était tatouée, sur la cuisse, dans le bas du dos, à la cheville. Tout le monde l’admirait, surtout les filles. Elle était fascinante !
À quoi ressemble la « bande originale » du spectacle ?
Des chansons très différentes, des choix personnels des années 80 et 90. Et des titres inédits. On a travaillé avec Catherine Ringer, une complice de longue date. Et avec Nile Rodgers de Chic : je l’ai rencontré dans les années 80, j’étais un grand fan de Spacer qu’il avait produit, j’adorais son travail avec Diana Ross, David Bowie !
Quel effet ça fait de se trouver aux Folies Bergère, le paradis des revues parisiennes ?
C’est fabuleux. Pour le spectacle, on utilise la scène, mais aussi le hall que l’on investit dès l’entrée. Avec Tonie Marshall et Éric Suply, on a beaucoup travaillé la mise en scène. Marion Motin signe les chorégraphies. Nous utilisons aussi beaucoup la vidéo et il y a quelques surprises. On propose notamment au public d’assister à des défilés mais aussi de découvrir les backstages... On ne veut pas être dans la caricature, on s’approche de la réalité.
Quel message faut- il trouver à ce spectacle ?
J’ai envie de dire : vive les différences ! Pourvu qu’on puisse réaliser ses rêves : j’ai eu cette chance. Ce n’est pas du tout un bilan pour moi, j’ai enfin réalisé mon rêve d’enfant !