Marc- Olivier Fogiel
Marc-Olivier Fogiel
Directeur général de BFMTV depuis moins d’un an, Marc-Olivier Fogiel dresse un bilan de la façon dont la chaîne a dû se réinventer pour gérer la situation sanitaire.
Quelle est la règle qui a présidé à l’essentiel de vos décisions durant cette crise ?
Continuer à informer, sans faire prendre de risque aux équipes. Dans ces moments critiques, la mission d’information est plus que jamais nécessaire, comme le confirment nos audiences historiques. Nous avons remodélisé la rédaction pour produire vingt heures de direct sur vingt-quatre, avec des mesures sanitaires drastiques. L’objectif étant de tenir sur la durée, sans dégrader l’antenne.
Comment hiérarchiser l’information ? Est- ce possible de traiter d’autres sujets ?
Le monde entier est confiné et l’antenne doit être le reflet du monde. Mais les questions que pose le Covid-19 sont multiples : économiques, sociales, sanitaires, etc. En revanche, ce que j’ai voulu éviter, ce sont les débats autour du virus.
C’est-à-dire ?
Nous avons pris le contre- pied des gens qui, comme je l’ai vu ailleurs, donnent leurs avis sans y connaître grand-chose. Nous, on donne de l’information. C’est beaucoup plus dur à produire, mais c’est ce qui nous a rapprochés de nos téléspectateurs.
En interviewant le professeur Didier Raoult en exclusivité, Apolline de Malherbe n’alimente-t-elle pas le débat ?
C’est différent. Didier Raoult est un des acteurs majeurs de la crise. Le rôle d’un journaliste est d’aller au plus près des protagonistes de l’actualité et de leur poser toutes les questions.
BFMTV est souvent citée comme la caricature des chaînes info. Comment vivez-vous cette critique ?
Pour la première fois pendant une crise, BFMTV n’est plus stigmatisée mais, au contraire, valorisée. À l’instar du 20 h de TF1, qui était l’édition de référence dans ses grandes années, elle a cumulé toutes les attaques sur les chaînes d’information. Certaines étaient justifiées, mais aujourd’hui, nous ne sommes plus sous le feu des critiques. Notre service d’information et de proximité avec les téléspectateurs est clairement souligné. Nous nous employons à ne pas nous complaire dans le spectaculaire pour revenir aux questionnements que pose l’actualité.
Vous étiez ami avec Christophe. Avez-vous été en contact avant sa disparition ?
Non, quand j’ai appris qu’il était hospitalisé, il était déjà en réanimation. Je ne connaissais pas sa famille, mon lien avec lui était uniquement personnel, avec des tête-à-tête formidables, dont on ne savait jamais quand ils allaient se terminer.
Comment avez-vous expliqué la crise à vos filles de 9 et 7 ans ?
Mon rôle de papa journaliste consiste à vulgariser l’information pour les préserver, sans pour autant les couper de la réalité. Si, au départ, elles étaient un peu inquiètes, je suis heureux car elles ont compris en quoi mon métier a un sens.