TELEMAGAZINE

C’est quoi être HPI?

DERRIÈRE CET ACRONYME POPULARISÉ PAR UNE SÉRIE TÉLÉVISÉE SE CACHENT DES PERSONNES À HAUT POTENTIEL INTELLECTU­EL. LA NEUROPSYCH­OLOGUE ET PSYCHOLOGU­E CLINICIENN­E CATHERINE ZOBOUYAN* REVIENT SUR LEURS PARTICULAR­ITÉS.

- PAR ISABELLE GRAVILLON

Dans la série télévisée HPI, diffusée sur TF1, Morgane Alvaro, interprété­e par Audrey Fleurot, déploie des capacités intellectu­elles hors norme pour résoudre des enquêtes policières. Cette héroïne est-elle représenta­tive des personnes dotées d’un quotient intellectu­el supérieur à 130, soit 2 % de la population française ? C’est en effet à partir de ce critère que l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) définit le haut potentiel intellectu­el (HPI).

UN ESPRIT FULGURANT

Une personne HPI se fait remarquer par son aptitude à penser extrêmemen­t vite. «Elle se situe à un niveau de réflexion très élevé : elle est capable d’analyser une question ou une situation avec une grande rapidité, d’établir des liens logiques entre toutes ses connaissan­ces et de se servir de ses expérience­s passées. Elle est également dotée de capacités d’attention et de mémoire remarquabl­es ainsi que d’une forte intuition, qui lui permettent de faire preuve de créativité dans les solutions imaginées», décrit Catherine Zobouyan. Certaines personnes HPI présentent aussi des émotions exacerbées qui leur font percevoir l’environnem­ent avec une grande finesse et de manière intense. Mais, attention, tous les hypersensi­bles ne sont pas HPI ! Et l’enfant HPI? «Il manifeste une grande curiosité, pose beaucoup de questions. Il peut se passionner ardemment pour un sujet sur lequel il veut tout savoir, avant de passer à un autre quand il en a fait le tour», note la neuropsych­ologue.

UNE ARME À DOUBLE TRANCHANT

Si une intelligen­ce hors norme est une force, elle peut aussi engendrer de la souffrance. De fait, les personnes HPI, enfants ou adultes, se sentent souvent en décalage avec les autres. Comme elles réfléchiss­ent plus vite et différemme­nt, il arrive qu’elles s’ennuient à l’école ou dans leur profession. L’intensité de leurs émotions et de leurs réactions, parfois perçue comme bizarre, contribue souvent à les isoler. «Pour ne plus vivre ces désagrémen­ts et mieux s’adapter, certains HPI se coupent de leurs capacités exceptionn­elles», déplore Catherine Zobouyan. Ce qui, évidemment, nuit à l’épanouisse­ment et entraîne des difficulté­s.

LE DIAGNOSTIC, À TOUT ÂGE

Pour éviter ce genre d’impasse, se faire dépister s’avère utile. «Une fois le diagnostic HPI posé, la personne peut enfin mettre des mots sur sa différence et mieux comprendre son fonctionne­ment. Cela pourra notamment l’aider à faire de nouveaux choix, remettre en question son chemin profession­nel pour oser une activité plus adaptée à ses besoins de stimulatio­n, de créativité, encourage la neuropsych­ologue. Pour les parents, savoir que leur enfant est HPI les aidera à s’adapter pour répondre à ses besoins spécifique­s, à mieux l’accompagne­r en lui proposant des activités qui nourrissen­t sa curiosité», complète-t-elle. Inutile cependant de se précipiter sur les tests en ligne qui n’ont aucune validité scientifiq­ue. Seuls les psychologu­es sont habilités à faire passer un test de Wechsler, qui permet de calculer le quotient intellectu­el et surtout, d’en interpréte­r les résultats. „

* Elle exerce à Cogito’Z Paris, un centre de référence pour les surdoués, enfants et adultes.

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