L’IA au pouvoir

L’intelligence artificielle est-elle vraiment intelligente ? À l’heure où ChatGPT et Google Bard dominent l’actualité, portés par de fabuleux espoirs et d’infinies prémonitions dystopiques, le Centre de culture contemporaine de Barcelone (CCCB) se penche sur la minuscule frontière qui sépare encore l’humain de la machine. Soixante-treize ans après le test d’Alan Turing, un imitation game qui tentait de cerner la capacité d’un ordinateur à se faire passer pour un humain, nous voilà bien embarrassés. Notre désir de comprendre le cerveau aux xixe et xxe siècles, puis, à partir des années 40, de pouvoir l’imiter, arrive aujourd’hui à la croisée des chemins : faut-il ou non poursuivre notre quête de savoir, quitte à causer notre propre perte ? Pour tenter de répondre, l’exposition scrute la manière dont l’IA module notre environnement en accomplissant des tâches toujours plus performantes, qui finissent par devancer nos besoins… à moins qu’elles ne les créent. La notion même de naturel s’en trouve aussi modifiée, sans parler des nombreuses questions éthiques posées par l’arrivée des deepfakes, ces programmes de synthèse multimédia capables de générer du contenu plus vrai que nature. Dans les salles d’exposition, des artistes de renom collaborent avec des designers, des chercheurs et des créatifs dont les propositions flirtent parfois avec la philosophie. Es Devlin, Massive Attack, Universal Everything, Eduard Escoffet et Maria Arnal confrontent ainsi leurs travaux avec les recherches du Barcelona Centro Nacional de Supercomputación (CNS), et le département de musique et technologie de l’université Pompeu Fabra de Barcelone. Parmi les développements à surveiller de près, les entités capables d’analyser, de gérer et d’imiter nos modes de communication paraissent être les plus lourdes de conséquences. On semble encore loin du bot qui rédige une critique d’art ou un compte-rendu d’exposition sensés. Mais pour combien de temps ?

Artificial Intelligence, CCCB, du 18 octobre au 17 mars. cccb.org