3 questions à…
Gian Luca Perris Parfumeur et CEO.
Nommé à la tête de Santa Maria Novella en 2020, le parfumeur Gian Luca Perris a fait ses armes chez Perris Monte Carlo. Fondateur, parfumeur et directeur artistique de cette marque familiale, il y a peaufiné l’esprit à la fois sensible et entrepreneur qu’il met aujourd’hui au service de l’institution florentine.
Quelle est la mission qui vous a été confiée à votre arrivée ?
Le principal enjeu était de préserver le catalogue existant, tout en poussant au plus haut la qualité des créations. Voilà ce qui nous a occupés pendant ces trois premières années ! Certes, les produits de départ étaient très beaux, mais en 800 ans d’histoire, leurs formules avaient connu des évolutions qui allaient vers davantage de chimie, notamment pour assurer leur bonne conservation. Nous avons voulu revenir vers plus de naturel, et avons pris le temps qu’il fallait pour mener ce travail de précision sur les compositions.
Les quatre eaux de parfum que vous venez de lancer s’inspirent d’éléments naturels, traités de façon plutôt figurative. Est-ce le style de parfumerie que vous souhaitez proposer désormais ?
Non, il y aura aussi des compositions abstraites. Ce qui compte, c’est d’écrire des histoires cohérentes avec nos racines. Le parfum Melograno, qui est l’un de nos best‑sellers, est une interprétation de la grenade, un fruit porte‑bonheur, symbole de fertilité et emblème de Florence, mais dont il n’existe aucun extrait naturel. Il s’agit donc d’une senteur imaginaire. Mon approche personnelle a été d’offrir des constructions modernes à des fleurs et des fruits qui ont un lien fort avec notre univers. Nous avons aujourd’hui des essences nouvelle génération qui nous rapprochent de la nature, comme le magnolia obtenu par extraction au CO2 que j’ai utilisé, remarquablement fidèle à la fleur et issu d’un procédé green. Il faut être novateur et garder l’esprit qui nous a menés jusqu’ici.
Après huit siècles de bouche-à-oreille, la marque communique désormais sur ses activités. Comment parvenez-vous à transmettre votre histoire, ancienne et très italienne, à des marchés aussi variés ?
En réalité, c’est la partie la plus facile ! Nous avons une histoire tellement unique et belle qu’elle touche tout le monde, jusqu’en Corée du Sud, au Japon ou en Australie. Mais avant cela, nous avons dû remettre à plat nos 800 ans d’histoire, afin d’être précis dans notre communication. Et ça, c’était un travail colossal.