The Good Life

DIX CHOSES À ÉVITER AU MUSÉE

- PAR FRANÇOIS SIMON

Il est vrai que lorsqu’on vous croise au musée vous êtes méconnaiss­able : respectueu­x, poli, sage comme une image, prenant la pose… Cependant, quelques rappels à l’adresse des étourdis n’est pas superflu.

01.

Avoir les doigts baladeurs. Il faut admettre que, parfois, la tentation est grande de poser l’index sur un glacis pour sentir la matière, entrer dans le tactile. Mais bon, il est interdit de toucher les oeuvres d’art. Comme, du reste, de leur donner à manger ou à boire.

02.

Parler tout haut. Ça, c’est réservé aux guides, dont on peut grappiller gratis quelques pensées profondes. Mais pour le reste, motus. À la limite, quelques murmures laissant paraître votre émotion et votre confusion donneront à votre figure d’enfant sage quelques ouvertures qualitativ­es.

03.

Rester stoïque. Ne parlons pas des oeuvres d’art, mais du public. Faut‑il le rappeler, le musée (comme la galerie, la plage, le train, la laverie…) est un lieu parfait pour ceux qui ne souhaitent plus rester célibatair­e. Les personnes présentes sont parfois dans un tel lâcher‑prise qu’il serait dommage de ne pas essayer de vérifier les failles cognitives de quelques déambulant(e)s.

04.

Apporter son casse-croûte. Ah ! ça, non ! Dehors illico! Et puis quoi, encore ?

05.

Téléphoner. C’est tellement accablant que rares sont les personnes qui trompetten­t «excuse‑moi, mais je suis au musée ». Consternan­t.

06.

Tout voir. Arrêter d’être l’enfant modèle. Nous ne sommes plus à l’époque des vinyles où il fallait se farcir une face entière de morceaux. Essayer d’aller dans un musée et ne se consacrer qu’à un tableau ou deux. Mais vraiment. Et puis ainsi repartir le coeur léger, la tête pleine d’étoiles.

07.

Oublier sa carte bleue. Ce serait vraiment dommage, car, bien souvent, les musées abritent des boutiques au sourcing bien perché, avec éditions vintage, séries originales, soldes d’anciennes expos, cravates, foulards et céramiques d’artistes.

08.

Ne pas réserver. Se cogner la queue fait partie d’un manque de savoir‑vivre, le saviez‑vous? Épargnez‑vous cette mise en abyme, l’amplificat­ion de la communauté – les réservatio­ns ne sont pas faites pour les chiens –, ou alors rejoignez le «club» en allant sur l’applicatio­n japonaise開­店前から並ぶ人– kaiten mae kara narabu hito, « les gens qui attendent avant l’ouverture».

09.

Avoir un creux. Cela se soigne toujours. De plus en plus, les musées sont équipés de restaurant­s. Au demeurant, ces tables s’avèrent régulièrem­ent médiocres, comme pour mieux souligner l’excellence, la suprématie de l’art et de l’esprit. Navrant, n’est‑il pas ?

10.

Venir tous ensemble. Certes, c’est devenu la mode de faire la queue, comme un rituel urbain. Mais on peut préférer être seul dans une salle aux premières heures ou jouer les ultimes minutes avec les gardiens faisant la voiture‑balai.

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