3 QUESTIONS À…
Pr Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie du CHU Henri-Mondor (AP-HP), à Créteil (Val-de-Marne).
À quoi correspond l’écoanxiété ?
Les personnes rapportent des symptômes et des mécanismes psychologiques du champ des troubles anxieux généralisés (TAG), liés à leur inquiétude face aux menaces, actuelles ou futures, auxquelles la
Terre est confrontée : attaques de panique, angoisse, insomnies, pensées obsessionnelles, anorexie, hyperphagie, peur, tristesse, colère… Si l’on ne peut comparer strictement l’écoanxiété à un psychotraumatisme classique, il existe beaucoup d’aspects communs, en particulier la crainte permanente de la catastrophe pouvant survenir, telle une épée de Damoclès. On peut ainsi parler de syndrome de stress prétraumatique, par anticipation de la catastrophe, associé à des mécanismes de déstructuration puis de reconstruction de soi.
N’est-il pas normal d’être inquiet face au dérèglement climatique ?
En effet, prendre en compte la détérioration du climat et de l’environnement n’a rien d’anormal. Le contraire serait plutôt suspect.
Ce qui peut faire parler d’écoanxiété pathologique, c’est la souffrance éprouvée, le fait d’être débordé par cette peur, de ruminer ses inquiétudes sans pouvoir les contrôler, de ressentir une tension nerveuse fréquemment dans la journée, d’avoir des troubles du sommeil et une grande difficulté, voire un refus complet, de se projeter dans l’avenir, symptôme habituel dans la dépression.
Comment aller mieux ?
Prendre soin de soi pour commencer. Se rapprocher de la nature est essentiel pour respirer et se déconnecter. Ensuite, se faire accompagner si besoin (médecin traitant, psychiatre, psychothérapeute). Enfin, vient la phase d’acceptation du contexte et de reconstruction. Sachant que l’angoisse peut paralyser, c’est par l’action et l’élaboration d’objectifs (en rejoignant par exemple un collectif, une association…) que l’on peut s’extraire de cette phase douloureuse, car cela permet de se sentir moins impuissant.