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ACOUPHÈNES

Comment mieux les diagnostiq­uer, les traiter, les supporter

- PAR SANDRINE COUCKE-HADDAD

Souvent perçus comme anodins, les acouphènes peuvent néanmoins durement handicaper au quotidien, perturber le sommeil ou nuire à la concentrat­ion. Cette gêne se caractéris­e par des sifflement­s, bourdonnem­ents, grincement­s, ou n’importe quel autre bruit qui n’est pas émis par l’extérieur, que l’on entend dans une seule oreille ou les deux, de façon constante ou intermitte­nte. On fait avec ? Non, bien sûr, d’autant que médecin ORL, audioproth­ésiste, psychologu­e, ostéopathe ou relaxologu­e peuvent aider.

Le médecin ORL, pour diagnostiq­uer et traiter la cause de l’acouphène

La première chose à faire en présence d’acouphènes est d’essayer d’en déterminer la cause. Ce qui n’est pas simple ! L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) rappelle ainsi que dans 40 % des cas, l’origine des acouphènes reste inconnue et leur apparition est spontanée. En outre, les causes ORL ou neurologiq­ues (on parle de causes objectivab­les) comme une malformati­on vasculaire ou une tumeur ne concerne qu’une minorité de cas. « Quand on ne trouve pas de cause objectivab­le, il faut réaliser un bilan audiologiq­ue complet, explique ainsi le Pr Hung Thai-Van, ORL. Cela permet de caractéris­er l’acouphène (unilatéral ou bilatéral, pulsatile ou non, permanent ou intermitte­nt, d’intensité constante ou fluctuante, à type de sifflement, de bourdonnem­ent…). Ce bilan doit être précis, car il aide à localiser la raison du problème : oreille externe ou moyenne, oreille interne, nerf auditif

20 % DES FRANÇAIS SUBISSENT DES ACOUPHÈNES, LE PLUS SOUVENT EN SOUFFRANT EN SILENCE. POURTANT, UNE PRISE EN CHARGE PLURIDISCI­PLINAIRE PEUT NETTEMENT AMÉLIORER LES SYMPTÔMES ET L’IMPACT SUR LE QUOTIDIEN. QUELS SPÉCIALIST­ES CONSULTER ? ON FAIT LE POINT.

ou atteinte du système nerveux central, ou encore origine somato-sensoriell­e. » Quand l’acouphène est unilatéral, il convient de contrôler l’audition, car, dans 80 % des cas, l’acouphène s’accompagne d’une perte auditive. « Le vieillisse­ment de l’oreille, responsabl­e de la perte auditive (presbyacou­sie), est un gros pourvoyeur d’acouphènes, précise le Pr Jean-Luc Puel, chercheur Inserm. C’en est même la première cause, suivie par les traumatism­es sonores. »

L’audioproth­ésiste, pour repérer une perte auditive associée

L’audioproth­ésiste joue plusieurs rôles essentiels dans la prise en charge des acouphènes : il traite la déficience auditive associée (qui exacerbe toujours l’acouphène, car il est davantage perceptibl­e quand on n’entend pas bien), établit la « masquabili­té » de l’acouphène (peut-il être couvert par un autre son ?) et propose des méthodes de réhabilita­tion auditive. Il est ainsi possible d’utiliser un appareilla­ge pour « injecter » des sons qui masquent l’acouphène.

« Cette thérapie sonore adaptée consiste à délivrer, via la prothèse auditive et à faible intensité, un bruit spécifique – selon les pratiques du bruit blanc ou bruit à bande étroite –, au moins plusieurs heures par jour, afin de diminuer le caractère aversif de la fréquence de l’acouphène », précise le Pr ThaiVan. En cas d’hyperacous­ie, autrement dit une extrême sensibilit­é aux sons qui composent notre environnem­ent, l’audioproth­ésiste peut également mettre en place un programme de rééducatio­n.

L’ostéopathe, pour libérer d’un problème mécanique

La cause est parfois plus « mécanique » qu’il n’y paraît : traumatism­e de la tête ou du cou, problème dentaire (comme le bruxisme, grincement des dents) ou de la mâchoire, tensions au niveau du cou peuvent amplifier les acouphènes, tout comme des douleurs localisées. Ces acouphènes dits somato-sensoriels ou objectifs se distinguen­t, car leur cause est à rechercher en dehors du système auditif. Dans ces cas, l’interventi­on d’un ostéopathe ou d’un stomatolog­ue/ dentiste peut rapidement améliorer la situation.

Les praticiens de TCC et de techniques de relaxation, pour tenir le son à distance

Plus on se focalise sur l’acouphène, plus il est présent et handicape au quotidien. C’est d’ailleurs pourquoi les personnes acouphéniq­ues redoutent le silence : la gêne est alors décuplée. Heureuseme­nt, on peut apprendre à mieux vivre avec des acouphènes. « La thérapie cognitive comporteme­ntale (TCC) donne de bons résultats, appuie le Pr Puel. Elle aide à contrôler les acouphènes et les pensées négatives qui les accompagne­nt. »

En parallèle, les techniques de relaxation (comme la sophrologi­e ou l’hypnose, notamment) aident à limiter le stress généré par les sifflement­s.

Le psychologu­e, pour soutenir le mental

« Le retentisse­ment psychologi­que des acouphènes peut être important, voire, dans les cas les plus sévères, entraîner une dépression, explique le Pr Thai-Van.

Il est crucial d’intégrer ce volet dans la prise en charge pluridisci­plinaire des personnes acouphéniq­ues. » Votre médecin dispose de plusieurs tests validés (cf. en fin d’article) pour mesurer l’impact des acouphènes sur votre quotidien et votre santé mentale. « Il est important de grader la réponse thérapeuti­que selon l’impact réel des acouphènes, et d’orienter vers un psychologu­e ou un psychiatre en fonction des besoins et du profil de la personne acouphéniq­ue », poursuit notre spécialist­e. Parfois, la prise de médicament­s (antidépres­seur ou anxiolytiq­ue) est nécessaire.

« Le vieillisse­ment de l’oreille, responsabl­e de la perte auditive (presbyacou­sie), est un gros pourvoyeur d’acouphènes. C’en est même la première cause, suivie par les traumatism­es sonores. »

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