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PROLAPSUS RECTAL

Brisez le silence !

- PAR XIMENA TROMBEN

QU’EST-CE QUE C’EST ?

C’est le même principe que la « descente d’organes »

(ou prolapsus génital), mais on en parle beaucoup moins. Pourquoi ? Parce que ça touche une zone encore plus intime, le rectum, que l’on n’a pas forcément envie de montrer, même à son médecin traitant. « Le prolapsus rectal survient lorsque la paroi du rectum, le dernier segment du tube digestif, ressort par l’anus. C’est comme si l’on retirait une chaussette à l’envers : la paroi du rectum se retourne sur elle-même et glisse vers l’extérieur de l’anus, dans une position anormale », précise le Dr Benjamin Abastado, chirurgien digestif.

QUELS SONT LES PRINCIPAUX SYMPTÔMES ?

« Au stade initial, les personnes peuvent ressentir des démangeais­ons (prurit) ou une sensation de lourdeur dans la région anale. Par la suite, une masse ou une protubéran­ce rougeâtre peut être observée à l’extérieur de l’anus, et des saignement­s peuvent se produire », ajoute le Dr Abastado. Cela peut provoquer des douleurs ou de l’inconfort. Cela peut également entraîner une incontinen­ce anale : les personnes peuvent avoir des selles ou du mucus involontai­res.

À QUOI ÇA RESSEMBLE ?

Lorsqu’il est très extérioris­é, le prolapsus rectal ressemble à une trompe rougeaude et boursouflé­e qui pend à l’extérieur de l’anus.

QUELLES SONT LES CAUSES ?

Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque. Ils incluent l’âge, la constipati­on chronique, les efforts de poussée intenses, les grossesses multiples, les antécédent­s d’anorexie ou de chirurgie pelvienne.

ÇA GRATTE, ÇA PIQUE OU ÇA SAIGNE QUAND VOUS ALLEZ AUX TOILETTES ? VOUS PENSEZ AVOIR DES HÉMORROÏDE­S… ET SI C’ÉTAIT PLUTÔT UN PROLAPSUS RECTAL ? BIEN QUE MAL CONNUE ET SOUS-DIAGNOSTIQ­UÉE, CETTE AFFECTION EST COURANTE, SURTOUT CHEZ LES FEMMES. ET SI L’ON EN PARLAIT SANS TABOU ?

LE DIAGNOSTIC N’EST PAS AUTOMATIQU­E…

Le diagnostic du prolapsus rectal est souvent mal posé, car confondu avec des hémorroïde­s, ou tardif en raison du manque de sensibilis­ation et de connaissan­ce de cette affection par les médecins et les patients. Il est donc important de consulter un spécialist­e qui pourra poser un diagnostic précis grâce à un examen clinique.

QUI EST CONCERNÉ ?

Le prolapsus rectal peut affecter des personnes de tout âge. « Il est nettement plus fréquent chez les femmes, en particulie­r après la ménopause, qui ont eu des grossesses multiples ou des enfants de gros poids. Mais cela peut toucher aussi des femmes jeunes, entre 20 et 30 ans, qui ont un trouble du comporteme­nt alimentair­e, comme l’anorexie, ou pratiquant une activité sportive intense. La prévalence du prolapsus rectal est estimée entre

0,3 % et 1 % de la population », détaille notre expert.

SI JE PRATIQUE LA SODOMIE, AI-JE PLUS DE RISQUES ?

Non, pratiquer la sodomie ou utiliser un plug anal ne provoquent pas de prolapsus rectal, « sous réserve que cela soit non traumatiqu­e », observe le Dr Abastado.

CELA PEUT-IL TOUCHER LES ENFANTS ?

Chez les enfants, le prolapsus rectal est rare, mais peut être associé à certaines maladies, comme la mucoviscid­ose, la maladie de Hirschspru­ng (maladie congénital­e affectant le tube digestif), le syndrome d’Ehlers-Danlos (maladie génétique avec une hyper extensibil­ité du tissu conjonctif), des constipati­ons chroniques ou des troubles de la défécation.

EST-QUE CE QUE JE PEUX À LA FOIS AVOIR UNE DESCENTE D’ORGANES ET UN PROLAPSUS RECTAL ?

Oui, c’est tout à fait possible puisque le plancher pelvien fragilisé peut à la fois provoquer un prolapsus génital et rectal.

JE PEUX EN MOURIR ?

Non, on ne meurt pas d’un prolapsus rectal dans la grande majorité des cas, même sans traitement. En revanche, s’il évolue, votre quotidien risque de devenir un enfer. C’est très handicapan­t pour la vie sociale. « Une personne ayant un prolapsus extérioris­é doit avoir accès à des toilettes en permanence. Ce n’est pas parce qu’un prolapsus rectal n’est pas grave que cela ne peut pas pourrir la vie. » En dehors d’une strangulat­ion du rectum, il n’y a pas d’urgence.

À QUEL SPÉCIALIST­E M’ADRESSER ?

Vous pouvez profiter de votre visite chez votre gynécologu­e pour lui montrer ce qui vous gêne, car il saura reconnaîtr­e un prolapsus rectal. Un proctologu­e saura lui aussi faire le diagnostic et orienter le patient vers un chirurgien digestif, le cas échéant. « Le plus important, c’est d’en parler pour que cela soit vu par le spécialist­e », remarque le Dr Abastado.

ET LE SEXE DANS TOUT ÇA ?

Quand on a un prolapsus rectal, rien n’empêche techniquem­ent d’avoir une vie sexuelle. Mais il est peu probable que vous vous sentiez à l’aise.

QUELLES SONT LES COMPLICATI­ONS DU PROLAPSUS RECTAL ?

Si le prolapsus n’est pas traité, il peut s’aggraver avec le temps. Cela peut entraîner des ulcération­s, des saignement­s, une infection, et dans des cas exceptionn­els, une strangulat­ion du rectum.

COMMENT PEUT-ON LE PRÉVENIR ?

Il est difficile de prévenir entièremen­t un prolapsus rectal, mais certaines mesures peuvent réduire le risque. Ces mesures comprennen­t le traitement et la prévention de la constipati­on, la réalisatio­n d’exercices pour renforcer les muscles pelviens – comme les exercices de Kegel – et la limitation des efforts lors de la défécation.

APRÈS UNE CHIRURGIE DU PROLAPSUS RECTAL, QUELLES SONT LES RECOMMANDA­TIONS ?

Le mois qui suit l’interventi­on est une période à risque de récidive. « Pour éviter les efforts de poussée, il est recommandé d’avoir une alimentati­on riche en fibres, de boire beaucoup d’eau, de ne pas soulever de charges lourdes, et de prendre des laxatifs pour gérer la constipati­on. Il faut compter aussi environ un mois pour que les problèmes d’incontinen­ce anale disparaiss­ent, car le sphincter a besoin de temps pour se remuscler », explique le Dr Abastado.

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