SUR LES TRACES DES ROMAINS
Dans la région d’Abano, charmante ville italienne située à une cinquantaine de kilomètres de Venise, la boue thermale s’est inscrite dans l’histoire dès l’Antiquité, quand les Romains, maîtres absolus dans la santé thermale, utilisaient déjà cette matière grasse, puissante et chargée de minéraux. La légende raconte que ce sont les soldats, revenant de campagnes en Gaule, qui auraient les premiers appréciés les bénéfices thérapeutiques de cette boue, savant mélange de limon local – directement prélevé dans les collines euganéennes du secteur –, d’une eau thermale particulièrement riche en brome, en sodium et en iode (on parle d’eau hyper thermale) – qui a cheminé dans les roches calcaires à près de 2 000 mètres sous terre pendant plusieurs décennies – et de matières organiques. Depuis, la réputation d’Abano et de ses boues n’a pas failli. La ville se targue aujourd’hui d’être le plus grand centre de thermalisme européen et la région accueille un centre de recherche thermale (Centre d’études thermales Pietro), à la pointe des travaux scientifiques qui peuvent être menés sur les bienfaits santé des boues thérapeutiques. L’université de Padoue, pittoresque cité qui s’élève à une encablure d’Abano, travaille aussi sur les atouts de ces boues uniques, protégées par un brevet depuis 2013.
Spécificité régionale
Ici, l’argile provient d’un parc régional (propriété de la région vénitienne) dont la particularité est qu’il est jalonné de petits lacs qui contiennent des sources thermales actives, il lui faut
20 à 30 ans pour qu’elle s’enrichisse des sels minéraux et oligoéléments et 2 à 3 mois pour qu’ensuite elle produise des algues, le troisième composant de la boue thermale d’Abano. « C’est une argile très fine qui se comporte comme une éponge, détaille le Dr Grassetto.
Il est rare d’avoir accès à une boue si fine. De plus, elle mature à ciel ouvert toute l’année – on la maintient à une température de 40 à 45 °C –, ce qui lui donne ses spécificités. »
La boue est aussi au centre de l’offre de soin des centres thermaux, nombreux en Vénétie. Le GB Thermae Hotel propose ainsi une cure dédiée (Fango Santé Plus) et travaille ses boues de manière à en tirer des bénéfices supplémentaires.
« Nous proposons ici des boues avec différents temps de maturation, explique ainsi Chiara Borile, manager du groupe. C’est très intéressant, car le processus naturel de maturation d’une boue entraîne la formation d’algues en surface. Ces algues thermophiles sont particulièrement riches en cyanobactéries (diatomées, en particulier), qui ont un pouvoir antioxydant, mais aussi anti-inflammatoire plus élevé que la cortisone, et sans aucun effet secondaire indésirable ! » Combinée aux soins thermaux (les enveloppements de boue sont systématiquement suivis de bains), ces boues (parfois enrichies de 30 % supplémentaires en algues – donc plus grasses – qui permettent ainsi des cataplasmes plus épais) sont utilisées ici pour des thérapeutiques variées, aussi bien santé (douleurs articulaires, sinusite…) que mieux-être (forme générale).