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La colère gronde dans les villages
Vendredi soir, près de 200 personnes ont assisté à une réunion d’information concernant la possible installation d’une aire de grand passage pour les gens du voyage à Saint-martin-de-bréthencourt.
Décidément s’il est bien un sujet qui attire les foules, c’est bien celui de l’accueil des gens du voyage. Vendredi, 170 personnes se sont retrouvées à la salle polyvalente de SainteMesme pour dire non au projet d’aménagement d’une aire de grand passage à Saint-martinde-bréthencourt. Un sujet qui n’est pas nouveau, car, comme l’a rappelé la conseillère départementale Christine Boutin, c’était l’enjeu de sa toute première réunion en sous-préfecture de Rambouillet en 1983.
Trouver une autre solution
Le site, sur la D168, coincé entre le pont TGV et le pont de l’autoroute A10, devrait accueillir temporairement (un mois maximum), le rassemblement des grands groupes ne pouvant dépasser 150 à 200 caravanes. Si pour l’heure, le préfet n’a pas officiellement pris sa décision, Anne Cabrit, conseillère régionale et maire d’orsonville, estime qu’il s’agit désormais d’un
« secret de polichinelle » .
« Si le préfet s’entête, des actions vont être menées » , prévient le maire de Saint-martin-de-bréthencourt Jacky Drappier qui redoute l’installation de cette aire, dans une zone qu’il juge « dangereuse » . « Comment un village de 650 habitants peut-il accueillir mille gens du voyage ? Ce sera ingérable pour moi » , avoue Jacky Drappier.
Ce dernier a reçu, vendredi soir, le soutien de très nombreux élus : les maires des communes voisines, ceux de Rambouillet Marc Robert et de Poigny Thierry Convert (également menacés un temps par cette aire), la conseillère régionale Anne Cabrit, Christine Boutin et son colistier Georges Bénizé, Gilles Schmidt élu de Rambouillet, Serge Quérard vice-président de l’interco chargé des gens du voyage. Des membres du monde agricole comme Christophe Hillairet président de la Chambre d’agriculture et Christophe Robin, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs étaient également présents.
Dans l’assemblée, beaucoup de personnes ont avoué ne pas comprendre la loi Besson - qui oblige les départements à installer deux aires de grand passage - et demandé son abrogation. « Nous sommes des hommes
et des femmes responsables, nous devons respecter l’état de droit, c’est donc à nous de trouver une solution » ,a
enjoint Christine Boutin. « Nous avons fait cette réunion pour vous informer mais il faut respecter la loi » , a ajouté Anne Cabrit qui a évoqué les friches industrielles comme possible solution pour implanter ces aires.
« L’état se focalise sur notre arrondissement de Rambouillet pour installer cette deuxième aire. Mais chacun a sa définition du Sud qui normalement dans le cadre de cette loi commence à Versailles. Effectivement, l’état a du mal à imaginer une aire à Versailles, au pied du château. Et après tout pourquoi pas ? » , a déclaré le maire de Rambouillet. « Nos territoires ruraux n’ont pas vocation à être le support des infrastructures que l’on ne veut pas en ville. Nous
avons déjà dû nous battre contre un projet de centre d’enfouissement des déchets. Ce n’est pas parce que nous avons une plus faible densité de population que nous
devons tout accepter » , a renchéri Christophe Hillairet.
Si les élus peinent depuis tant d’années à trouver un site pour accueillir les grandes migrations des gens du voyage, ils sont d’accord sur sa nécessité. Tous ont, en effet, dû faire face un jour ou l’autre à une arrivée de massive de caravanes sur un terrain agricole ou un stade. « Chaque année, 400 hectares soit trois fermes et demi sont improductives en Ile-de-france à cause de ces occupations intempestives » , a indiqué le
président de la Chambre d’agri
culture. « Près de chez moi, une commune a dû payer 40 000 euros pour remettre en état les équipements collectifs après l’occupation d’un stade » , a ajouté le maire de
Poigny-la-forêt. « Sonchamp a accueilli quatre fois 250 caravanes une année, a révélé
Serge Quérard. Et les forces de l’ordre ne nous aident pas, elles nous répondent : « Vous n’avez pas d’aire de grand passage. On ne peut rien faire ». Il faut appliquer la loi sinon nous aurons des campements sauvages. »
Une association contre l’aire
« Il est important que nous
soyons tous ensemble » ,a conclu Christine Boutin. L’élue a encouragé les habitants à adhérer à l’association contre l’aire de grand passage Sud-yvelines (Acasy), en cours de formation. Dès son officialisation, une annonce paraîtra à la mairie de Saint-martin-de-brétencourt.
Mais déjà d’autres veulent aller plus loin. Christophe Robin des JA a annoncé que son organisation avait prévu d’organiser une manifestation « aux abords
du terrain ou ailleurs » contre ce projet. Le député Jean-frédéric Poisson, arrivé en cours de réunion, a annoncé qu’il y participerait.