Jean-claude, chasseur de silex

Féru de paléontologie, Jean-claude Klinger collecte depuis 40 ans des vestiges du passé dans les forêts et les champs. Rencontre avec ce cueilleur de silex pas comme les autres à La Boissière-ecole.

Comme d’autres s’en vont à la chasse aux champignons, le passe-temps favori de Jeanclaude Klinger est d’aller à la cueillette des traces du passé. Morceaux de silex, nucleus ou lames denticulés, pointes ou racloirs : c’est ce que cherche inlassablement Jean-claude Klinger afin de narrer la vie des hommes de la préhistoire sur notre territoire.

« Ils étaient là ! » s’exclame Jean-claude, un fragment de lame et des éclats de silex dans le creux de sa main. Il les a trouvés à quelques mètres de chez lui, à La Boissière-ecole, dans un champ, après un labour. Ce sont ces moments qu’il attend avec impatience. Quand les céréaliers retournent la terre, et sans s’en rendre compte, qu’ils font remonter de minuscules vestiges du paléolithique ou du mésolithique.

Après une pluie, c’est le moment idéal pour inspecter les terres. L’oeil averti de Jeanclaude Klinger repère, ce qui semble anodin, presque rien pour le quidam.

A La Boissière, chaque année, depuis 5 ans, il parvient, régulièrement à ramasser des fragments intéressants, qu’il va analyser ensuite dans sa maison en bois, au centre équestre tenu par sa fille Barbara.

« Partout où l’homme séjournait, il abandonnait ou perdait des armes et des outils en silex ou en roche dure, en os, corne, bois. Ces objets, mélangés aux cendres, aux restes d’ossements d’animaux consommés sont des

gisements préhistoriques », explique le passionné qui sait que nos ancêtres ont vécu à La Boissière.

Son rêve est de trouver des foyers d’habitats. Une aventure qu’il a vécue dans sa région natale qui lui est chère, l’alsace. « Deux sites principaux du néolithique qui concentrent des vestiges datant de 6 000 avant J-C jusqu’aux premiers

âges de pierre », se souvient avec fierté l’alsacien. Sa plus belle trouvaille est aussi un pendentif de la préhistoire. Après avoir fait les belles heures de l’archéologie dans l’est, il met son talent au service du centre archéologique de la région mantaise.

Les fragments de l’âge de pierre ou de fer iront rejoindre le conservatoire de l’association yvelinoise. Dans son petit musée à La Boissière, il détaille avec beaucoup de pédagogie ses dernières trouvailles classées selon les époques. Cortex dans une main et percuteur dans l’autre, Jean-claude mime le geste de nos ancêtres cherchant à fabriquer leurs premiers outils pour couper le gibier. « Ce morceau est un éclat sorti de la main de l’homme. Nous voyons les négatifs de l’enlèvement », précise Jean-claude.

D’une vitrine à l’autre, on imagine le travail de l’homo erectus à travers des couteaux et racloirs, puis les pointes et les pièces plus fines de l’homme du Néandertal. Les aiguilles et les harpons de l’homo sapiens sapiens, notre Cro-magnon atteste d’un « cerveau qui a beaucoup évolué. Le silex est poli, affiné

pour poser des manches. » Il faut dire que Jean-claude n’a eu de cesse de vulgariser ses connaissances du petit monde que forment les fans de la préhistoire, notamment auprès des écoliers dans sa région natale. Son travail de fourmi lui a permis de faire partie du monde des préhistoriens. « J’ai même pu visiter la grotte de Lascaux, la vraie », confie ému le retraité. C’est d’ailleurs dans le Périgord, que la vocation de Jean-claude est née dans les années 70.

Le géomètre de formation et peintre depuis toujours avait alors envie de plonger dans l’art pariétal : « C’est la peinture qui m’a conduit à l’archéologie. Dès lors, j’avais le désir de savoir comment vivaient ses artistes de Lascaux », avoue Jean-claude dans son musée entouré de ses tableaux. « 1 500 environ que j’ai exposés en France, en Allemagne, en Suisse et au Luxembourg », raconte Jean-claude Klinger montrant ses oeuvres gestuelles ou géométriques. Non loin de là, trônent des dents de mammouth de sa collection personnelle. Passion de la peinture et de la préhistoire ne cessent de se mêler dans l’univers de Jean-claude Klinger, à La Boissière-ecole.

Des restes d’armes et d’outils près de chez nous La vocation en visitant Lascaux

Jean-claude Klinger regroupe ses trouvailles avant de les trier dans son « petit musée » dans l’ouest des Yvelines.

Jean-claude présente un nucléus et un racloir retrouvés dans un champ.