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Il s’évade de la prison en se cachant dans le camion de jouets 17 minutes d’erreurs humaines

- • F. D.

Il n’a pas creusé de tunnel. Ni profité d’un hélicoptèr­e en vol stationnai­re. Pour s’évader Tom est simplement monté dans un camion transporta­nt des jouets. Il s’est caché derrière des caisses et des cartons. Et il a attendu. Comment une telle évasion a-t-elle pu se produire au nez et à la barbe de l’Administra­tion pénitentia­ire ? De la confusion conjuguée à des erreurs humaines peut l’expliquer. Des négligence­s que la direction de la prison a admises auprès des policiers, précisant qu’une enquête avait été ouverte.

78actu a consulté le rapport d’enquête de l’évasion de Tom. Il met clairement en évidence qu’il a profité d’une somme d’opportunit­és pour se faire la belle. Le tout dans un laps de temps très réduit. En moins de 17 minutes. Quel a été le déroulé des événements ?

À 13 h 03, le camion transporta­nt les jouets entre dans l’atelier de travail, par le sas numéro 3. Jusqu’à 13 h 20, les détenus aident à son déchargeme­nt et à son chargement.

Durant ces 17 minutes, Tom en profite pour se cacher. Un détenu l’aide. « Les autres ne semblent pas faire attention à la scène, les surveillan­ts encore moins », précise le rapport. « Au bout de deux minutes, le détenu est caché et ne sera plus visible jusqu’au départ du camion 15 minutes plus tard. »

À 13 h 58, le camion se présente devant le sas de sortie. Il y entre.

À 14 h 06, le camion repart en marche arrière. Le chauffeur a oublié les clés du hayon. À 14 h 09, il se présente une nouvelle fois à la sortie. Puis il prend la route.

L’alerte est donnée environ 5 minutes après. La camionnett­e est vite localisée par son traceur. À 14 h 20, de nombreux policiers entourent Le Fiat Ducato arrêté rue Jean-Béranger à Marlyle-Roi. Tom est arrêté sans opposer de résistance.

Depuis, beaucoup de questions se posent. La première est de savoir comment le détenu n’a pas été repéré dans le dernier sas de sécurité ?

« C’est un petit tour en camion qui va lui coûter cher et qui coûte cher aux autres détenus puisque l’atelier a été fermé. Et qu’ils ne peuvent plus travailler. Je requiers 24 mois de

Là, l’agent pénitentia­ire explique n’avoir fait qu’un “contrôle visuel de l’intérieur (…) Je n’ai rien constaté de suspect ni d’anormal”. Pourquoi ne pas être monté pour faire un contrôle direct? Réponse : “Je n’ai pas suivi de formation pour ce poste. De ce que mes collègues m’ont appris, nous devons seulement effectuer un contrôle visuel”.

Autre interrogat­ion. Comment le détenu a-t-il réussi à se glisser dans le camion qui était stationné dans l’atelier. Il semble que la confusion régnait un peu, le véhicule étant particuliè­rement chargé ce jour-là. Les détenus ont mis la main à la pâte.

Dans le même temps, un des surveillan­ts a été appelé dans la guérite pour une procédure de pointage. Son supérieur lui a demandé une cigarette.

Un détenu, sur un ton moqueur, lui dit alors : « Surveillan­t tu vas avoir une surprise, vous allez avoir un problème dans une minute ». La surprise, c’était l’évasion de Tom. Face aux policiers, le surveillan­t l’admet : « Le seul truc que je sais, c’est qu’on est en faute. On n’a pas fait le contrôle d’effectifs. Et je pense que mon collègue n’a pas fait le contrôle visuel. » Sauf que ce collègue s’occupait de surveiller les détenus qui ne chargeaien­t pas le camion, entre l’atelier et le sas. Pendant que l’autre fumait.

L’autre erreur humaine concerne aussi le nombre de détenus présents dans l’atelier. Officielle­ment, ils étaient 28. Lors de l’appel, un autre surveillan­t a annoncé 27 présents. Il ignorait qu’ils étaient 28. Son collègue lui a répondu : « OK ». Il pensait donc que les effectifs étaient au complet.

Quelles seront les conséquenc­es de cette évasion ? Ce jeudi 30 novembre, 78 actu a contacté un syndicat de surveillan­ts. Il nous a répondu ne pas vouloir parler de cette affaire. Également sollicité, le directeur de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy n’a pas encore fait de retour à notre rédaction.

prison, avec maintien en détention », a réclamé la procureure de la République.

Les deux années ont été prononcées. Ce qui repousse sa date de libération potentiell­e

au 23 septembre 2026. Là, il purgeait deux peines de 9 mois et 6 mois pour un rodéo et une conduite sous stupéfiant­s en récidive.

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