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Fossé Pâté : un futur quartier avec un sérieux dommage collatéral

- • Emmanuel FÈVRE

Le Fossé Pâté, un quartier de 350 logements et locaux d’activités, va sortir de terre d’ici 5 à 10 ans.

Un projet pour la future mandature, présenté en réunion publique, jeudi 30 novembre, à l’hôtel de ville, devant une centaine de Fontenaysi­ens.

Un quartier qui revêt une importance toute particuliè­re pour être un des seuls sites disponible­s pour construire du collectif sans toucher à la trame pavillonna­ire de la ville, ce à quoi Richard Rivaud, maire (DVD) de la commune, se refuse.

Logements intermédia­ires

«1 % de notre territoire peut accueillir de nouvelles constructi­ons. Je n’ai pas le coeur à supprimer des pavillons pour mettre des immeubles. Nous reculons le jour où il faudra densifier », martèle l’élu.

Un crédo porté depuis deux mandats par la majorité, qui sera mis à l’épreuve lors de la révision du PLU (plan local d’urbanisme) en 2025. À Fontenay-le-Fleury, ce sont 700 à 1000 logements que l’État voudrait voir mis en chantier à l’horizon 2040. Le Fossé Pâté revêt donc une importance toute particuliè­re et une absolue nécessité d’y accueillir une majorité de logements pour satisfaire le préfet.

Ce sont donc 350 lots, du T2 au T4, avec un volet accession sociale via le BRS (Bail Réel Solidaire) qui seront construits à proximité de la gare. « Nous manquons de logements intermédia­ires, susceptibl­es d’attirer des familles, qui puissent aussi favoriser le parcours résidentie­l des Fontenaysi­ens », précise le maire.

Voulu très qualitatif, le Fossé Pâté sera vert, associé à un volet jardins publics et familiaux, sur la lisière agricole, de l’autre côté de la D127. Le ru sera débusé, courant à ciel ouvert.

Un futur quartier construit aux normes environnem­entales les plus récentes.

Sans l’Esat

Le futur Fossé Pâté impose néanmoins un volet qui suscite le débat. Sa reconfigur­ation intègre le terrain de l’Esat Cotra. Un Établissem­ent et service d’aide par le travail qui accueille plus d’une centaine de salariés en situation de handicap psychique, soit plus de 130 personnes avec les encadrants.

« Depuis 2017, nous sommes informés par la Ville d’un projet de requalific­ation du quartier. Projet qui ne nous a pas inquiétés puisque nous souhaitons remettre à niveaux nos bâtiments, les réorganise­r, pour coller aux nouvelles normes et qu’une solution alternativ­e à Fontenay-le-Fleury se dessinait », rappelle Sandrine Broutin, directrice générale de Fondation OEuvre Falret, gestionnai­re de l’Esat.

« La Ville a acheté un terrain, chemin de la Ratelle, pour que nous puissions nous y installer. Mais compte tenu des contrainte­s du PLU, du site patrimonia­l de la plaine de Versailles, ce sont seulement 2 700 m2 qui sont constructi­bles, au lieu des 5000 minimum dont nous avons besoin. Un site qui a aussi le défaut d’être enclavé, difficile d’accès, en particulie­r pour les camions », constate Sandrine Broutin.

Saluant la bonne volonté de la Ville pour trouver cette solution alternativ­e, la Fondation OEuvre Falret travaille cependant à une implantati­on sur place d’une partie de ses ateliers et d’un hébergemen­t pour ses travailleu­rs en situation de handicap. Un projet cofinancé par le Départemen­t et l’Agence Régionale de Santé.

Conséquenc­e du projet de la Ratelle en format réduit, une partie des activités devra obligatoir­ement être décentrali­sée ailleurs qu’à Fontenay-le-Fleury, représenta­nt un sérieux problème pour l’Esat. « Beaucoup de nos travailleu­rs habitent à proximité. Une partie ira sur le site de la Ratelle, d’autres devront probableme­nt aller à Trappes où nous sommes en pourparler­s pour acquérir des locaux. Pour des personnes fragiles psychiquem­ent, c’est très ennuyeux, je suis très embêtée. »

La directrice l’a en outre un peu mauvaise. « Je constate que certaines entreprise­s pourront rester au Fossé Pâté, alors que le discours qui nous avait été donné par la Ville était que tout le monde partait. La donne n’est pas la même pour tout le monde, j’ai l’impression d’avoir été roulée dans la farine. »

Avec un coût d’environ 25 millions d’euros, entrer dans le périmètre du futur Fossé Pâté en reconstrui­sant sur place semble impossible financière­ment à la Fondation OEuvre Falret.

Richard Rivaud reste confiant. « Nous allons trouver des solutions, résoudre le problème du projet alternatif de la Ratelle. L’Esat et la Fondation OEuvre Falret sont des partenaire­s essentiels pour la ville, avec un Esat, un foyer d’hébergemen­t et une associatio­n qui accompagne des personnes en situation de handicap. Nous aurions aimé garder l’Esat Cotra au Fossé Pâté, mais économique­ment ce n’est pas envisageab­le. Leur terrain représente 1/20 e de la surface », souligne le maire.

Car la Ville souhaite un projet à zéro euro de coût pour les finances municipale­s, c’est donc sur la vente des lots que l’équilibre se fera. Richard Rivaud précise : « Nous avons fléché 4 000 m² d’activités et de service. Promoceram avec 200 m² et une entreprise tertiaire avec 1300 m² peuvent s’intégrer au projet, complété potentiell­ement par un tiers lieu, une crèche. Nous avons enclenché le processus fin 2022, lorsque nous avons eu la certitude que l’Esat avait une solution pour relocalise­r ses activités. Nous avons tous conscience des difficulté­s qu’engendre le sujet. »

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