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Intoxication au monoxyde de carbone : «Sa mort doit permettre de sauver des vies»
Céline se fait la voix de ses enfants. Un an après la mort de leur père, elle a décidé de se lancer dans ce combat : rendre obligatoires les détecteurs de monoxyde de carbone.
Il est mort une semaine avant le Noël de l’année 2022. Cette nuit du 18 décembre l’a emporté dans son sommeil, utilisant cette main sans couleur ni odeur. Ce gaz que les scientifiques nomment CO, le monoxyde de carbone, s’est répandu sournoisement dans la maison de campagne. Il aurait eu 40 ans le 17 avril dernier. Il laisse derrière lui deux garçons de 9 et 12 ans. Et la mère de ses enfants.
Lorsque le malheur a frappé, tous les trois n’étaient pas là. «La raison est simple. Nous étions divorcés. Lui refaisait sa vie. Pour autant, nous nous entendions parfaitement, notamment pour les choix de vie de nos enfants. »
Les enfants. Ce sont eux qui, depuis un an, poussent Céline à raconter cette histoire. Celle d’une famille brisée, celle d’un drame qui aurait pu être évité grâce à un simple petit boîtier. «C’est pour eux que je me lance dans ce combat, celui d’être écouté par ceux qui portent et votent nos lois. Comme pour le détecteur de fumée, je veux que le détecteur de monoxyde de carbone soit rendu obligatoire dans toutes les habitations », résume cette fonctionnaire de l’administration publique, basée dans les Yvelines.
« Est-ce que je dois faire chialer les gens pour être entendue ? »
Une simple défaillance de la chaudière, une révision annuelle mal faite ou oubliée, une cheminée mal entretenue avec une mauvaise combustion… Tout cela peut conduire à l’intoxication au monoxyde de carbone. Céline le sait.
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« Aujourd’hui, leur père n’est plus là. Ils l’ont enterré entre Noël et le jour de l’an. Moi, je dois les remonter moralement tous les jours comme eux m’aident à tenir. Car je dois tout gérer… Et je n’ai aucune famille dans le coin », poursuit-elle.
« Je porte la voix de mes enfants »
Pourquoi Céline a-t-elle attendu une année pour en parler ? Les mains posées sur la table devant elle, elle le confesse avec ce regard animé de détermination. «Je n’avais pas trop le temps… Maintenant, je l’ai pris. Ce sont mes enfants qui le veulent. Ils sont encore jeunes et c’est à moi de porter leur voix commune. Eux, ils pensent à leur père. Et ils pensent aussi que si on ne rend pas le détecteur obligatoire, d’autres gens vont en souffrir. Rapidement après la mort de leur père, ils m’ont dit qu’ils ne comprenaient pas pourquoi ce n’était pas obligatoire, comme c’est le cas dans beaucoup de pays européens. »
À un an de la tragique date anniversaire, elle aimerait parler à un député, quitte à aller à l’Assemblée nationale.
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On ne réalise vraiment la dangerosité du monoxyde que lorsque le malheur est arrivé. Est-ce qu’il faut que je fasse chialer les gens pour que nos élus prennent à bras le corps cela ? S’il le faut, pour mes enfants, je vais le faire.
sa nouvelle maison au bénéfice d’une pompe à chaleur.
« Je venais d’acheter, ayant déménagé après tout cela. J’ai alors découvert que la chaudière n’avait pas été entretenue depuis 10 ans. Vous imaginez ? Dix ans ! C’est comme cela que naissent les drames. »
«Dix ans… D’ailleurs, s’il faut que ça me prenne 10 ans pour y arriver et bien je suis prête à mener le combat. Et si je n’y arrive pas, mes enfants prendront le relai à leur majorité. Je pose juste cette question : quel élu veut bien me recevoir ? »
Céline se dit prête à marcher dans les pas de ceux qui ont ferraillé très longtemps pour enfin y arriver. En mars 2015, les détecteurs de fumée sont ainsi devenus obligatoires dans tous les foyers français. Cette loi est le fruit d’un long combat mené par une habitante des Yvelines, Josiane Bosycot. Un combat qui a duré 13 ans, après la mort de sa fille Julia. La jeune femme de 17 ans est décédée dans un
Je veux simplement lui expliquer qu’il peut sauver des vies. Si on ne rend pas les choses obligatoires, les gens s’en fichent. C’est d’autant plus consternant qu’un détecteur ne coûte pas grand-chose. C’est une mort que l’on peut éviter facilement, pas comme un accident de la route causé par un autre. »
incendie. Des simples bougies oubliées qui ont embrasé tout un pavillon.
Pour mener à bien sa croisade, Josiane Bosycot avait obtenu l’aide du député-maire de Chambourcy, Pierre Morange.