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Accusé de nouvelles maltraitan­ces, l’éleveur de chiens va encore être jugé

- • F. D.

Le dos de Jackpote est presque une plaie géante. Sous les poils que le vétérinair­e a rasés, de nombreuses blessures, des ecchymoses… La peau de ce border collie ressemble à un champ de bataille.

Le 1er mars prochain, celui qui est pointé du doigt par le maître de Jackpote sera jugé par le tribunal correction­nel de Versailles. Guillaume H., 42 ans, est renvoyé pour « sévices graves ou acte de cruauté envers un animal domestique, apprivoisé ou captif par son propriétai­re ou gardien.» Des faits qui se seraient produits courant mai 2023, dans le petit village de Vieille-Egliseen-Yvelines, près de Rambouille­t.

Le prévenu est également renvoyé pour détention d’animal malgré une interdicti­on judiciaire et l’exercice d’une profession commercial­e ou industriel­le.

Pour le premier volet, le propriétai­re d’un border collie a déposé plainte en juin dernier. En récupérant Jackpote à la pension canine, il s’inquiète de le voir boiter. En le brossant, il constate les blessures. Il file à la clinique la plus proche. Le vétérinair­e est catégoriqu­e : « Ces plaies n’ont pas été causées par les morsures d’autres chiens, en s’amusant ni même en se battant. »

Il accuse les ronces

Entendu, l’homme a faroucheme­nt nié les violences contre Jackpote.

Déjà condamné en novembre

Bancales… Ce mot a déjà été entendu à propos de cet éleveur. Le 25 octobre dernier, il a comparu devant cette même juridictio­n pour mauvais traitement et sévices graves ayant entraîné la mort. Là, il s’agissait d’un berger allemand, mort en avril 2021. Il était couvert de bleus, souffrait de fractures et était devenu rachitique, comme le rapportait alors Le Parisien. En six mois, il était passé de 45 à 20 kg. Deux autres chiens étaient concernés.

Dans le dossier, l’enquête avait aussi évoqué des brûlures avec des produits chimiques. Ou encore des crocs abimés. Le gérant s’était défendu en disant «qu’il avait l’habitude de manger des pierres et ses gamelles en inox. »

Le tribunal lui avait interdit d’exercer sa profession

À l’audience, il avait reconnu des accidents, une négligence.

Et il avait interrogé sur « l’intérêt de maltraiter des chiens représenta­nt pour lui une source de revenus. »

Le 28 novembre, le tribunal avait rendu sa décision, prononçant une interdicti­on de détenir un animal ou d’exercer une profession liée aux animaux.

Cette décision, l’éleveur d’american staff et de bouledogue­s français ne semble pas y avoir prêté beaucoup cas. Lors de son arrestatio­n, le 1er février, des animaux étaient présents sur sa propriété.

❝ « Il a soutenu qu’il s’agissait de blessures faites en passant dans les ronces. Au regard de leur importance et de leur gravité, cela semble impensable. Ses explicatio­ns sont plus que bancales. » UNE SOURCE PROCHE DU DOSSIER.

« Je veux juste dire que je n’étais pas au courant de la décision de novembre. Je n’ai pas reçu de significat­ion. Alors je me suis dit que j’étais tranquille, au moins jusqu’au 6 février

pour mon rendez-vous avec le juge d’applicatio­n des peines. » GUILLAUME H., LE PRÉVENU.

« Des actes de torture »

Face à la situation, le parquet de Versailles a donc montré les muscles, renvoyant l’homme en comparutio­n immédiate.

Vendredi 2 février 2024, le président du tribunal n’hésite pas à parler de « lacération­s assimilées à des actes de torture. »

En face, comme anesthésié dans sa veste en jean et son pull vert à grosses mailles, l’éleveur se contente de demander un délai pour préparer sa défense ; ce qui lui laisse le bénéfice de la présomptio­n d’innocence.

«Au moindre faux pas, c’est la prison»

Aux mots chuchotés par le prévenu, la procureure de la République répond en donnant de la voix. « En attendant le procès, je réclame son incarcérat­ion. Et ce, afin d’éviter tout renouvelle­ment de l’infraction. Et contre un homme qui ne respecte pas les interdicti­ons. »

Le tribunal décide de le laisser libre, sous contrôle judiciaire. « Je vais être très clair avec vous, Monsieur. Nous vous interdison­s formelleme­nt toute activité en relation directe ou indirecte avec les animaux. Il faudra aussi pointer une fois par semaine à la gendarmeri­e. Au moindre faux pas, c’est la prison. »

Presque livide, le quadragéna­ire opine du chef. Il murmure tout de même : «Je vais m’y tenir. Vous avez ma parole. Et il n’y avait pas besoin de penser à la prison pour que je sois là au procès. »

Trois associatio­ns ont fait savoir leur intention d’être sur le banc des parties civiles : la société protectric­e des animaux, 30 millions d’amis et l’associatio­n des animaux maltraités.

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