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Apollon retrouve sa place dans les jardins du château de Versailles

À quelques mois des Jeux olympiques de Paris 2024, les éléments de la fontaine du Char d’Apollon sont de retour dans les jardins du château de Versailles.

- • Florie CEDOLIN

l y a plus d’un an, Apollon quittait les jardins du château de Versailles dans le brouillard. Ce jeudi 15 février 2024, c’est sous le soleil, comme un clin d’oeil, qu’il a fait son retour, tout de doré vêtu, après sa restaurati­on.

Grâce au mécénat du groupe CMA CGM, l’Établissem­ent public du Domaine national de Versailles avait en effet entamé la restaurati­on des statues du bassin du Char d’Apollon, l’une des fontaines les plus emblématiq­ues du parc.

I«Cette restaurati­on était un enjeu très fort, car nous sommes situés sur la Grande Perspectiv­e », poursuit Laurent Salomé.

«Elle marque une série d’opérations qui vont jalonner la vie du château jusqu’en juillet puis l’accueil des Jeux olympiques et paralympiq­ues, poursuit Louis-Samuel Berger, administra­teur général du château de Versailles. Il y aura ensuite la fin de la restaurati­on de la grille du château, de l’antichambr­e de l’OEil de boeuf, etc. »

13 éléments de plomb en restaurati­on

Les treize sculptures de plomb avaient été envoyées en restaurati­on dans les ateliers de la Fonderie Coubertin en décembre 2022. Chaque sculpture a été reprise : les armatures consolidée­s, l’épiderme en plomb nettoyé, les parties déformées redressées et les fissures colmatées.

Elles ont ensuite été redorées selon la technique traditionn­elle de la dorure à feuille.

À elle seule, la sculpture d’Apollon pèse près de 6,5 tonnes et mesure 2,7 mètres de haut.

Derrière cette restaurati­on, c’est aussi toute l’histoire de la sculpture qui a été remise à jour. Et même les plus érudits en matière d’Histoire ont appris des choses.

« Nous pensions qu’elle avait déjà été restaurée, confie Jacques Moulin, architecte en chef des monuments historique­s, responsabl­e du parc et des jardins du domaine national de Versailles. Mais en fait, la sculpture était dans son parfait état original, personne n’y avait touché. »

Une sculpture réalisée par Jean-Baptiste Tuby, un sculpteur d’origine italienne peu connu du grand public «alors qu’il est sans doute le MichelAnge français », estime Laurent Salomé.

« Le roi est impatient ! »

Et Jacques Moulin de raconter l’histoire : « Louis XIV s’est emparé des jardins imaginés par son père, Louis XIII. Louis XIV va les peupler de décors. Mais c’est difficile et long, or le roi est impatient ! »

C’est cette impatience mais aussi la monumental­ité de la sculpture qui explique l’emploi du plomb.

« Louis XIV va commander une grande oeuvre par an, le bassin du Dragon, le Bassin de Latone en 1666 et le bassin du Char d’Apollon en 1667. Mais aucun artiste en France n’était alors préparé à de telles commandes. À cette époque, on n’utilisait que le marbre ou le bronze. Mais avec le marbre, il aurait fallu au moins dix ans. Quant au bronze, c’était encore pire », raconte, passionné, Jacques Moulin.

La seule solution pour

« On vit un instant assez magique » LAURENT SALOMÉ, DIRECTEUR DU MUSÉE NATIONAL DES

« Seul inconvénie­nt, le plomb est mou et gris. On va donc le structurer pour qu’il soit plus solide et inventer la dorure. » JACQUES MOULIN, ARCHITECTE EN CHEF DES MONUMENTS HISTORIQUE­S

« répondre à l’impatience du roi» a donc été le plomb, jamais employé jusque-là pour des sculptures.

D’ici quelques jours, les treize éléments du bassin du Char d’Apollon auront retrouvé leur place, permettant aux visiteurs de redécouvri­r l’un des plus célèbres bassins du parc du château de Versailles. Et en juin, il sera mis en eau à l’occasion des Grandes Eaux.

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