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Il téléphone à sa femme plus de 500 fois alors qu’il n’en avait pas le droit

Lundi 19 février, un homme a été jugé au tribunal de Versailles pour des faits de violence, menaces de mort et harcèlemen­t à l’encontre de son épouse.

- • Julie Eslan

Pas moins de 533 tentatives de contacts sur sa ligne téléphoniq­ue entre le 21 août et le 13 octobre 2023, auxquels s’ajoutent 187 appels, entre 12 h 30 et 18 h le 13 décembre 2023, et 592 coups de fil provenant d’un autre numéro : la coupe est pleine.

Anis était jugé ce lundi 19 février 2024 par le tribunal de Versailles pour des faits de harcèlemen­t visant son épouse, dont il est séparé. Le tout alors qu’il était sous contrôle judiciaire et qu’il avait l’interdicti­on formelle de contacter sa femme et de se rendre à son domicile, à Trappes.

La raison : plusieurs menaces de mort et des violences physiques à son égard, dont une fois en présence de leur fille de 4 ans.

« Mon mari me menace tous les jours »

Dans cette affaire, le tribunal de Versailles a examiné l’ensemble des faits. Le président a décidé de mener l’audience dans l’ordre chronologi­que des événements. D’abord les violences et les menaces de mort, ensuite le harcèlemen­t.

La victime a porté plainte pour la première fois en juillet 2023. « Mon mari me menace tous les jours et hier soir il voulait me brûler. J’ai très peur de lui », avouait-elle à l’époque aux policiers.

« Je vais te brûler »

« Je vais te séquestrer et te mettre dans un coffre » ; « Tu vas voir ce que je vais te faire » ; « Je vais te brûler ». Tels sont les messages retrouvés dans le téléphone de la victime.

Cette dernière explique aussi avoir été bousculée et tirée par les cheveux à plusieurs reprises. La plainte est prise et une première condamnati­on tombe le 13 juillet 2023. Anis se voit interdire de prendre contact avec sa femme et de traîner aux abords de son domicile. Il doit aussi se soumettre à un contrôle judiciaire.

Il bat sa femme sous les yeux de leur fille de 4 ans

Le 13 décembre 2023, le prévenu se rend pourtant bien au domicile de son épouse. « C’était pour récupérer des papiers dont j’avais absolument besoin », se justifie-t-il devant le tribunal.

Il interpelle sa femme quand elle sort de chez elle, en présence de leur fille de 4 ans. S’en suit une scène de violence : des coups de poing, de pieds, des insultes…

Un passant intervient après avoir entendu les cris de la petite fille qui demandait à son père d’arrêter. L’épouse sera très légèrement blessée et se verra prescrire une ITT d’un jour. Anis, lui, est de nouveau interpelé et entendu par les enquêteurs.

187 appels en 6 heures

Il explique qu’il a été violent car il voulait récupérer le téléphone de sa femme, en train de filmer. La victime, elle, affirme qu’il la menaçait pour qu’elle retire sa plainte.

Après enquête, les policiers découvrent que le prévenu a contacté sa femme 187 fois ce 13 décembre. Et ce en seulement six heures (entre 12 h 30 et 18 h, N.D.L.R.).

Ils établissen­t également qu’il aurait tenté de contacter sa femme 523 fois entre le 21 août et le 13 novembre 2023. Appels, messages sur les réseaux sociaux, SMS.

Quelque 592 autres tentatives provenant d’un autre numéro ont été recensées sur le téléphone de la victime. Anis conteste son lien avec cette dernière ligne.

Pas dangereux selon l’expertise psychologi­que

Le prévenu détenait un casier judiciaire vierge jusqu’à sa condamnati­on du 13 juillet 2023. Les conclusion­s de l’expertise psychologi­que disent qu’Anis ne présentera­it aucune dangerosit­é et qu’il n’aurait aucune pathologie.

La victime, en revanche, aurait des tendances paranoïaqu­es, des problèmes de sommeil ou encore des problèmes d’alimentati­on d’après les experts.

« Pas de débat sur les menaces de mort et le harcèlemen­t »

La procureure de la République déplore une « accumulati­on de faits ». La magistrate se montre donc sévère et requiert trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis probatoire pendant deux ans. À cela s’ajoute une interdicti­on de contact avec sa femme et sa fille, mais aussi l’obligation de soins psychologi­ques.

« Il n’y a pas de débat sur les menaces de mort et le harcèlemen­t. En revanche, pour ce qui est de la violence, pour ma part, il n’y a qu’un fait avéré : celui du 13 décembre. » L’AVOCATE DU PRÉVENU

L’avocate du prévenu, elle, remet en cause les faits de violence. Elle plaide un sursis probatoire.

« La balle est dans votre camp, mais ça sera la dernière fois »

Après une courte délibérati­on, le tribunal a finalement condamné Anis à 24 mois ferme entièremen­t assortis d’un sursis probatoire. « La balle est dans votre camp, mais ça sera la dernière fois », a souligné le président.

Le magistrat a complété sa décision par une obligation de soins psychologi­ques, une interdicti­on absolue de prendre contact avec sa femme et de paraître à son domicile ou à son abord.

Il lui a été également interdit de détenir une arme pendant cinq ans. Il devra enfin indemniser à hauteur de 1500 € à la victime au titre des dommages et intérêts.

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Illustrati­on/Adobe Stock Anis a appelé 187 fois sa femme en moins de 6 heures, alors qu’il en avait l’interdicti­on du tribunal de Versailles.

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